| Par Delà La Barrière | GOJO Satoru X OC

Chapitre 22 : Une paradoxale réflexion

Le vent s'était levé, faisant se bruisser les sapins, tandis que d'épais nuages sombres couvraient la lune, privant ainsi la nuit de sa seule source de lumière. Les bourrasques avaient rafraîchi l'air et l'humidité ambiante laissait présager que la pluie allait bientôt s'abattre sur la montagne. Cela ne semblait pourtant pas déranger Satoru qui errait, seul, à travers la sapinière.

Après avoir vu l'hybride quitter la pièce sans un mot, l'homme s'était déconnecté. Il était resté figé quelques minutes, son cerveau tentant d'assimiler ce qui venait de se dérouler sous ses yeux. Il ne comprenait pas le soudain changement de comportement d'Amy. Il avait cherché à confronter le jumeau mais celui-ci l'avait envoyé paître, lui disant que ce n'était pas à lui de lui répondre et que s'il souhaitait des réponses il devait aller les demander à sa sœur directement.

Ne pouvant laisser les jeunes disparues et Aizawa Yoshinobu à leurs sorts, Satoru avait alors dû se résoudre à attendre l'arrivée de l'équipe de nettoyage qu'avait prévu d'envoyer l'école. Il était resté là, contre un mur et les mains dans les poches, à patienter nerveusement jusqu'au moment où il pourrait enfin partir à la recherche d'Amy. Il s'était rassuré comme il le pouvait en sentant, grâce à son sixième œil, l'énergie de la femme à proximité, signe qu'elle était toujours dans les parages.

C'était donc ainsi qu'il s'était retrouvé là, à déambuler seul, entre les conifères, à la recherche de celle qui continuait de hanter ses pensées. Il avançait dans la pénombre, le bandeau baissé, uniquement guidé par l'énergie d'Amy. Il sentait que chaque pas qu'il faisait le rapprochait inexorablement d'elle. Et tandis que la distance qui les séparait se réduisait il commença à douter. Comment devait-il réagir face à elle ? Devait-il la sermonner ? Ou bien chercher à comprendre pourquoi avait-elle agit ainsi ? Ce n'était pas la première fois qu'elle s'était laissé aller à sa colère. Il l'avait déjà vu à l'œuvre face aux vieux de l'ordre. Mais cette fois les choses étaient différentes, cette fois elle avait failli tuer un humain, enfreignant ainsi la première règle du code des exorcistes.

Il se figea soudainement, les yeux écarquillés d'horreur, alors que l'infime probabilité qu'elle leur soit hostile s'insinue dans son esprit. Si cela venait à être le cas l'ordre exigerait son enfermement, voir pire, son exécution, il le savait. Ces simples perspectives lui nouèrent désagréablement l'estomac. Il s'accouda à un arbre, se sentant pris de nausées alors qu'il s'imaginait déjà devoir lui ôter la vie.

Il resta ainsi contre le tronc du sapin un moment, à tenter de calmer les pensées qui bouillonnaient dans sa tête. Il revoyait Amy donner ses cours avec application et douceur aux apprentis exorcistes, aider avec une certaine bienveillance Yuji à comprendre le monde dans lequel il venait de débarquer, rassurer des jeunes enfants qui avaient été attaqués par des fléaux pendant qu'elle soignait leurs blessures.

La remembrance de ces moments passés avec elle en tête, il la secoua vivement afin de reprendre ses esprits. Amy n'était pas mauvaise, il le savait, elle l'avait démontré plus d'une fois. Il se redressa alors avec une certaine détermination, se refusant à la simple possibilité de devoir d'opposer à elle. Elle avait forcément une explication et elle allait la lui donner.

Mu par cette conviction, il reprit sa route à travers la sapinière assombrie par le ciel couvert. Il marcha encore un moment avant de la trouver enfin. Elle était assise, recroquevillée contre le pied d'un sapin, une main tendue vers le ciel. Toujours sous ses traits démoniaques, elle semblait fixer d'un regard vide sa paume ouverte où deux silhouettes faites d'éléments, dont les formes étaient similaires à celles d'une femme et d'un enfant, dansaient joyeusement.

Il ne savait pas si cela était dû aux bruissements du vent dans les arbres où au fait qu'elle était perdue dans ses pensées mais la demi-démone avait l'air de ne pas avoir remarquer sa présence. Il profita de ce moment pour l'observer silencieusement. Il était subjugué par la beauté de ses figures dont la nature changeait sans cesse, passant de l'eau, au feu, à l'air et à la terre. A la voir ainsi, contempler avec tant de nostalgie les formes danser dans le creux de sa main, un fin sourire étira ses lèvres. Elle n'était pas mauvaise, lui qui en était fortement convaincu en était à présent certain.