L'amour par 5 [Multiship]

3. Kacchan

Pdv Katsuki

J'y crois toujours pas, j'ai beau reluquer mon écran et relire ce message, ça continue de sonner comme un truc impossible. 

J'ai espéré tellement longtemps que ce jour arrive, puis pour avancer dans la vie, bah il a bien fallu que je l'oublie, du moins un peu...

Deku était mon meilleur ami, mais surtout, j'en étais tombé fou amoureux durant le collège, et le jour où on s'est engueulés au sujet du lycée, j'avais prévu de me déclarer. 

Le voir si compréhensif envers la décision de mes parents, ça m'a rendu complètement ivre de rage.

J'ai eu l'impression qu'il me poussait à y aller, que d'être séparé de moi n'était pas si grave et même pire, que ça l'arrangeait pour se tirer en Angleterre l'esprit léger. 

Il ne m'avait jamais parlé de ce projet et d'un coup, il me sort "si je suis accepté, moi, je serais à l'étranger". 

Puis ensuite, il a argumenté sur le fait que trois ans dans une vie, ce n'était pas si long, ça m'a complètement fait vriller.

J'ai prié pour qu'il revienne après la remise de diplôme, mais non, il ne passait que quelques jours avec sa mère pour la nouvelle année et repartait. 

Je me doute bien qu'il a eu une opportunité pour continuer ses études là-bas et que notre dispute a aidé à son choix d'y rester.

Je m'en suis voulu une seconde fois, puis j'ai décidé de ne plus y penser. Ce qui m'y a grandement aidé, c'est de rencontrer Eiji il y a 4 ans. 

Ce gars m'est littéralement tombé dessus, parce que cette andouille regardait ailleurs tandis qu'il longeait la piste de danse.

Faut être complètement con pour se balader à quelques centimètres des gens qui se trémoussent avec un verre dans chaque main. 

Je l'ai vu trébucher juste à côté de moi et j'ai voulu le retenir, résultat, je me suis retrouvé par terre, Eiji sur moi, ainsi que le contenu des verres.

Il m'a accompagné aux toilettes, en se confondant en excuses. Moi, à la base, j'étais passablement énervé, mais une fois seuls et en pleine lumière, j'ai vite changé d'humeur. 

Bordel qu'il était beau cet imbécile. Grand avec un corps tout en muscles, des yeux rouges comme les miens, mais un regard doux, des traits virils contrebalancés par un sourire rempli de bienveillance, définitivement canon...

Il m'a achevé en retirant son tee-shirt, pour remplacer le mien qui était trempé. 

J'ai commencé par refuser, sauf qu'il ne m'a pas laissé le choix. Il s'est approché et m'a enlevé mon haut. 

Je l'ai vu loucher sur mes abdos et là, je n'ai juste pas réfléchi. Je l'ai chopé par la nuque et l'ai embrassé, baiser auquel il s'est empressé de répondre.

À ce stade, on ne connaissait même pas encore nos prénoms et franchement, vu de l'extérieur, ça ressemblait fort à une histoire d'un soir. 

C'est vrai qu'à peine une heure après, nous étions chez lui et qu'on n'a pas enfilé des perles, mais le lendemain matin, nous avons fait connaissance et de fil en aiguille, nous nous sommes mis en couple.

Nous sommes comme deux âmes-sœurs qui n'auraient jamais dû se croiser. Lui coach sportif dans une salle de sport du centre-ville et moi mécanicien moto. 

Moi qui préfère m'entretenir à la maison et lui qui ne se sent en sécurité que sur quatre roues.

Je l'aime à en crever, c'est une certitude, ma vie sans lui n'aurait aucun sens. Du coup, j'ai très peur d'avoir encore des sentiments pour Deku et que ça me tiraille. 

Je ne vais pas cesser d'aimer Eiji, je ne l'aimerais pas moins non plus, mais j'aurais quand même l'impression que mon cœur est partagé en deux.

J'aurais dû dire à Deku que je n'étais pas fâché, que y'avait aucun souci entre nous, sans pour autant accepter qu'on se revoit. 

Sauf que, bien évidemment, je n'ai pas réfléchi, j'étais bien trop heureux d'avoir un message de lui, dans lequel il m'a appelé Kacchan.

Il est 10h, je fixe cet écran depuis qu'Eiji est parti travailler il y a deux bonnes heures maintenant. 

Je ne lui ai jamais parlé de Deku, seulement de mon premier amour qui était parti à l'étranger et qui ne reviendra sûrement jamais, dont le surnom s'affiche enfin. 

Ce sobriquet que je lui avais donné pour me foutre de sa gueule et qui est resté parce que ça lui avait juste fait plaisir que je lui trouve un petit nom.

📱Katsuki : Salut Deku

📱Izuku : Bonjour Kacchan

📱Katsuki : Ta voix a vraiment changé, ça fait bizarre

📱Izuku : La tienne aussi, même si tu avais déjà mué à la fin du collège, elle est devenue plus grave

📱Katsuki : Toi par contre, t'avais encore ta voix de gamin, honnêtement, je ne t'aurais pas reconnu si tu avais appelé hier au lieu d'envoyer un message

📱Izuku : J'ai hésité longtemps

📱Katsuki : Y'avait de quoi. Je me suis comporté comme un con et je ne me suis jamais excusé pour ça. D'ailleurs, avant toute chose, désolé Deku

📱Izuku : C'est derrière nous tout ça, t'en fais pas. Dis-moi, comme tu ne travailles pas aujourd'hui, on pourrait se voir ?

📱Katsuki : Ouais, comme t'es dans notre ancien quartier, on peut se retrouver au parc de notre enfance si tu veux

📱Izuku : Bah en fait, j'y suis déjà, j'avais besoin de prendre l'air

📱Katsuki : Alors j'arrive, à tout de suite Deku

Je le sais, que c'est une très mauvaise idée. Rien que ce bout de conversation m'a renvoyé tout ce que je ressentais pour lui à l'époque en pleine gueule, mais c'est plus fort que moi, j'ai envie de le voir. 

Sa voix a énormément changé, même si elle reste douce, alors j'imagine déjà comment il a pu mûrir physiquement et je me dis que je suis définitivement foutu.

Arrivé au parc, même de loin, il est évident que je fonce droit dans le mur. C'est un homme bien bâti aux cheveux longs coiffés en queue de cheval que je vois assis sur le banc à regarder les enfants jouer. 

Je sais que c'est lui, il a teint ses cheveux, a un corps et un visage d'adulte, mais c'est Deku. Lorsqu'il se tourne vers moi et me sourit, il confirme mes craintes, je l'aime toujours...