📍Studio d'enregistrement, KENSEI STUDIO. Paris - France.
Assise par terre, guitare à la main, je m'amuse à composer une chanson. Je m'amuse, non, le mot n'est pas bien choisi. Je me torture l'esprit plutôt. Je crois que je suis dessus depuis six heures du matin et il doit être midi. Le seul début que j'ai, je ne l'aime pas. Je regarde dans le vide, chantonne quelque chose qui m'a l'air pas mal puis me résous à me dire que c'est de la merde. Et ça, depuis six heures du matin. Les garçons sont allés manger mais moi je n'ai pas faim. En tout cas, pas tant que je n'aurai pas trouvé un bon début à cette chanson. Écouter Amy Winehouse ces derniers temps m'a donné envie de m'essayer à un autre style. Quelque chose entre le jazz et le rock. Vous devez trouver ça bizarre mais non. Ce sont deux styles qui se rapprochent beaucoup, si on en connaît l'histoire derrière.
Je veux que la mélodie soit douce mais que la guitare électrique fasse toute la différence. Je n'ai pas envie de parler d'amour, j'ai envie de parler de moi. J'ai envie que ça soit unique mais que tout le monde le comprenne.
In the stillness of the night,
Thoughts raging, fears take flight.
Heart racing like a drum,
Anxiety, here it comes.
Je crois que je tiens quelque chose, mais je suis pas sûre de vouloir utiliser le mot anxiety. Je veux que ça reste subtile. Que le peuple devine de quoi je parle. Pourtant je me complique tant la vie. Je réessaye. Encore, ce même couplet.
- And now here it comes, j'entends.
Je lève la tête pour voir Léon qui entre dans la pièce. Il vient s'asseoir à côté de moi, me tapote le crâne avant de me sourire.
- C'est mieux, de ne pas dire anxiety, il continue. C'est trop brutal. Mets plutôt « and now here it comes. », garde le mystère.
J'aime ce genre de moments. Léon Roméo sait très bien écrire. J'en ai beaucoup appris de lui et je continue à apprendre de lui. La preuve.
- C'est ce que je me disais, je réponds.
- Tu dis quoi de ça, il dit avant de me prendre la guitare entre les mains.
Oh, you're a relentless tide,
Dragging me underneath, no place to hide.
But I'll fight through the storm, I'll find my light,
In the depths of darkness, I'll reclaim my might.
Voilà qu'il se met à chanter un refrain. Vous voyez c'est un génie. Il a entendu cinq secondes de la musique et sait en faire le refrain directement.
- Comment tu trouves, il me demande mais je ne réponds pas. Tu vas bien ?
- Je vais bien, je me décide enfin à faire la conversation. J'avais envie de parler de ça. Parce que je n'en ai jamais parlé et que j'en souffre. On peut rajouter quelque chose comme,
Like a shadow, you linger near,
Whispering doubts into my ear.
But I won't let you steal my peace,
I'll rise above, I'll find release.
- Tu te décides enfin d'écrire sur l'anxiété qu'est-ce qui t'arrives ? Tu as fait une crise ?
- J'en fais toujours. En silence mais j'en fais. Tu sais c'est bizarre l'anxiété quand elle arrive. Je me sens bien, ça peut être même dans des moments où je suis la plus heureuse et là boom, mon cerveau me dit que je ne mérite pas d'être heureuse à cet instant. Qu'il faut que je réfléchisse à tel ou tel moment qui m'a mise plus bas que terre dans ma vie. Mon cœur me serre, il bat à mille à l'heure et je commence à ne plus savoir respirer.
