Partie 1 : Chapitre 16

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Deux mois passèrent et la fin de l'année approchait à grands pas, car l'oral avait toujours lieu au milieu de l'année, pour laisser le temps aux étudiant-e-s les plus faibles de passer un rattrapage. Athénaïs n'avait toujours pas de vie sociale, puisque Célestin n'était pas venu la voir depuis des mois, et elle avait donc fini tout son projet à deux mois de la fin, réussi la totalité de ses examens, à la stupéfaction de son professeur.

Monsieur Walter, comme elle l'appelait, n'en revenait pas. Il la bénissait dans une langue que ne parlait pas Athénaïs, et elle remarqua qu'il avait la peau rougie, et qu'il devait être plus proche de la pensée Tawa qu'elle ne l'aurait cru. Les cultures s'étaient mélangées, mais on retrouvait des différences au niveau de la langue et de la façon de se tenir encore aujourd'hui, et certaines lignées non pures qui déplaisaient tant aux parents d'Athénaïs avaient des teintes plus particulières, comme Monsieur Walter.

Son professeur décida de mettre ce temps de répit à contribution du laboratoire, et Athénaïs se retrouva à faire des analyses bio-cellulaires et de la physique, pour anticiper le programme de l'année suivante. Par chance, elle aimait bien ces disciplines, et accepta son sort comme elle avait déjà accepté tout le reste de sa vie. Seule comptait sa vie en parallèle, quand elle travaillait ardemment sur ses Laneuhsoné et leurs effets.

Surtout qu'elle voulait absolument récupérer son carnet, et elle s'acharna sur les découvertes qu'elle devait faire et elle y passait des centaines d'heures. Elle avait décidé de se lier d'amitié avec les personnes les plus présentes du laboratoire, un petit groupe de quatre personnes. Le garçon jaloux, Franck, était en réalité pétri de talent. Athénaïs était venu le voir, en prétextant ne pas trouver certains ustensiles. Il l'avait aidé, et tout de suite la bonne entente avait été une évidence. Ensemble, le travail était parfait. Elle apprenait à le connaitre avec toute la difficulté que sa condition lui offrait. Elle ne savait pas parler d'autre chose que ses Laneuhsoné, elle était incapable de tenir une conversation ou de comprendre ce qu'attendait Franck.

Mais Franck était joueur, et beau, et il lui parlait souvent de façon décousue. Cela aurait dû avoir pour effet de la perdre complètement, mais elle arrivait à avoir tout de même une véritable relation avec lui, comme s'il n'attendait qu'une partenaire de jeu, comme avait pu l'être Célestin, même s'il ne l'égalait absolument pas.

Il était assez pauvre. Pour manger, il devait voler, et il lui montra un jour sa technique : s'avancer, prendre un étal, le faire tomber, et profiter que les gens s'amassaient autour pour en dérober 3 ou 4. Athénaïs s'était moquée de lui.

- Tu t'y prends mal. Ta combine est trop voyante. Quand tu veux obtenir quelque chose, souviens-toi que les gens ne le savent pas. J'ai un cousin comme ça. Il est persuadé que je veux sa peau, ou son pouvoir, et dès que je fais semblant de m'élever contre lui, c'est la panique. Mais c'est aussi parce qu'il s'est trompé sur mes intentions que c'est facile.

- T'as réussi à lui voler quoi ?

- Ma maison, ma tranquillité, et ma paix.

- Mais comment tu fais pour voler, alors, madame la reine des voleuses ?

- Je te montre, rit-elle. Le plus difficile, c'est de garder en tête que tu ne sais pas ce que veulent les gens. Si je m'approche avec l'intention de voler, ça va se voir. Mais si je m'approche comme si j'allais en cours...

Athénaïs marcha calmement dans la rue, jusqu'à une petite épicerie. Elle marchait d'un pas clair, doux, et s'approcha subtilement de l'étal, et vola ainsi deux légumes sans arrêter son mouvement. Elle continua de marcher, puis disparut dans une ruelle. Quelques minutes plus tard, elle retrouvait Franck :

- Et voilà ! C'est moins productif que toi, mais ça évite que les gens se rendent compte de ma présence.

- On dirait que tu as fait ça toute ta vie. Toi aussi tu es pauvre ?

Sur cette pierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant