Sur cette pierre

Partie 3 : Chapitre 7

Au mois de Kaneuh, mois de la conservation et du printemps 632, Athénaïs sentit le danger.

Au mois de Kaneuh, mois de la conservation et du printemps 632, Athénaïs sentit le danger.

Ce qu'elle voyait la rendait perplexe. Tout le monde dans la garrigue était agité, quelque chose... Clochait ? Elle s'avançait prudemment. Elle guettait le moindre signe, le moindre bruit. Elle se retira dans une crevasse, à l'abri des regards, et s'échauffa. Chaque partie du corps fut travaillée, entraînée. Athénaïs était puissante, maintenant, elle le savait, elle avait travaillé trop dur pour ne pas le savoir. Même si Noémie lui avait un peu pardonné son refus de partager les Laneuhsoné, elle n'était jamais revenue s'entraîner avec elle.

Ses Laneuhsoné commençaient pourtant à lui ronger le ventre, elle le sentait, car des crises digestives venaient de plus en plus souvent l'empêcher de bouger. Pour l'instant, seule une crise arrivait, pas plus d'une par semaine. Combien de temps lui restait-il avant de vraiment être malade ?

Athénaïs se dissimula durant une heure, puis elle entendit des moteur se rapprocher. Elle hésita puis jeta un regard curieux. Derrière les rochers, Athénaïs vit des personnes armées, arborant des uniformes étranges. Une coupe d'or était brodée sur leur dos, assez petite, vers l'épaule gauche. Les uniformes étaient bruns, mais plus foncés que les crosses des fusils et autres armes à feu qui abondaient dans les mains de ces gens. Les voitures étaient imposantes, et les appel-lointains n'arrêtaient pas de biper. De qui pouvait-il s'agir ? Pour qui ou quoi étaient venues ces personnes ?

Athénaïs décida de s'éloigner, mais elle était inquiète. Jamais elle n'avait vu de soldat-es de la ville venir dans cette partie du territoire, réservée à l'agriculture. Elle savait qu'il ne pouvait pas s'agir non plus d'une milice d'une autre ville, par leur localisation et leur destination. Ou alors iels avaient contourné la capitale ? Elle alluma son vieil appel-lointain, mais elle n'arriva pas à capter les fréquences utilisées pour saisir les messages.

Elle marchait vite, rampait vite, courait vite. Elle était silencieuse, la terre était devenue son environnement de prédilection. Elle se sentait bien ici, et elle n'aurait voulu partir pour rien au monde. Mais ces gens étaient venu-e-s, il fallait qu'elle comprenne pourquoi et qu'elle veille à ce que tout le monde aille bien.

En presque 5 minutes, elle avait rejoint son petit groupe. Tout le monde avait grandi, un peu. Athénaïs sentait peser sur elle le regard de Sol à chaque fois qu'elle venait leur donner un conseil ou en recevoir un. Mais à la différence de ce père qu'elle aurait tant aimé avoir, elle ne faisait pas de grands discours et de longues phrases pour expliquer le sens profond de chaque élément de sa vie. Au contraire, elle écoutait. Toujours. Sauf aujourd'hui où elle sentait qu'elle devait agir comme du temps de Célestin.

Elle se rua dans le petit campement, et parla fort :

« Il y a des gens ici, et iels ont des armes. On va se planquer en attendant, je sais pas qui sont ces gens ni ce qu'iels veulent ».

Noémie et Rose sortirent de leur tente, encore endormi-e-s. Iels avaient fait la fête, hier soir. Martin et Joshua se rapprochèrent. Ils réparaient une des tentes qui avait été déchirée par le vent. Athénaïs avait réussi à voler à plusieurs reprises du matériel pour le camps, et elle était heureuse de les voir se perfectionner chaque jour, rendant la vie encore plus douce. Mais où était Lola ? Elle avait dit qu'elle souhaitait laver ses vêtements et se baigner. Elle devait être partie pour nager quelque part, mais où ?

Athénaïs fit naître une boule verte assez plane, d'environ 2 mètres de diamètre, et la plaça au sol. Elle monta dessus, au centre, et fit grandir la sphère, pour prendre de la hauteur, comme un ascenseur. Arrivée à environ 4 mètres de haut, quand elle fut au dessus de la cime des quelques arbres qui bordaient le creux du canyon d'ocre rouge, elle se baissa précipitamment.