Benicio
Le corps inconscient d'Athena repose dans mes bras alors que j'entre en trombe dans l'hôpital, l'odeur de désinfectant et de propre pénétrant dans mon nez à l'instant où je franchis les portes. Quelques infirmières m'observent un instant avant que l'une d'elles ne sorte par une porte avec un brancard sur lequel je dépose Athena, son corps plein de plaques et son visage devenant lentement violet et bleu.
Monsieur, vous devez reculer, on a besoin d'espace.
La voix résonne dans mes oreilles et pourtant, je n'arrive pas à exécuter l'ordre. Tout ce que je vois, c'est son visage et la difficulté qu'elle a à respirer, tout ça, à cause de moi. L'une des infirmières m'éloigne doucement, mais mes yeux ne quittent jamais Athena, observant absolument tout ce qu'ils lui font avant qu'ils ne l'emmènent derrière deux portes battantes. Je fais quelques pas pour la suivre, mais le corps d'une jeune femme se dresse devant moi, son regard m'observant attentivement dans l'espoir d'attirer mon attention. Mais mes oreilles continuent de siffler comme si on avait tiré à côté de mes tympans et que j'étais totalement déboussolé.
— ... Monsieur, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Le... C'est le poisson, elle... Merde, elle est allergique au poisson...
La blonde hoche la tête en ajustant sa tenue, et je repose mes yeux sur les portes comme si, par magie, elle allait apparaître derrière.
— On va s'en charger, ne vous inquiétez pas.
Je l'aperçois s'éloigner, et mes poings se serrent à l'idée de ne plus jamais la revoir. Ça voudrait dire que j'ai failli à mon devoir, j'ai raté mon travail... Et je ne rate jamais... Jamais.
— S'il lui arrive quoi que ce soit...
— Ne vous inquiétez pas ! m'interrompt la jeune femme.
Elle disparaît derrière les deux portes exactement comme Athena quelques minutes plus tôt, me laissant seul, planté dans ce couloir pratiquement vide, les bips des machines se mélangeant à toutes mes pensées envahissantes.
Putain, j'ai merdé, c'est ma faute...
« T'as tué ta mère, tu l'as tuée, c'est ta faute. »
Non... Non... Je n'ai rien fait... Ce n'est pas moi, ce n'est pas... Ce n'est pas moi !
Je sens mon pouls s'accélérer en même temps que la panique se mélange à ma colère, et sans réfléchir, je quitte l'hôpital en trombe, démarrant ma caisse bien trop vite, si bien que je vois plusieurs radars me flasher, mais je m'en fiche. Je suis trop aveuglé par le remords et la colère pour penser aux conséquences d'une telle vitesse. J'entends le moteur gronder chaque fois que j'appuie sur l'accélérateur et que le tableau affiche la vitesse démesurée à laquelle je roule, et je sais que si une voiture surgit de nulle part, je n'aurai pas le temps de l'éviter, mais peut—être que c'est exactement ce que je veux...
Je revois son corps sous les coups d'Isaac, les sirènes des ambulances qui résonnent, mes sanglots, des hurlements de rage, ses poings s'abattant sur mes côtes jusqu'à les casser, et ses mots aussi tranchants que des milliers de couteaux qui viennent tous me transpercer.
Ma faute.
Ma faute.
Ma faute.
Toute cette merde, c'est ma faute. Maman, Athena, tout, tout est ma putain de faute. Je les ai toutes les deux mises dans la merde, peut-être à des années d'intervalle, mais je l'ai fait.
Tout ce que je sais faire, c'est détruire, tuer, briser... J'ai été conçu pour blesser, et je ne pourrai jamais y échapper.
Ma voiture se gare devant la baraque de ces deux fils de pute, et je ne perds pas de temps pour récupérer le second flingue dans ma boîte à gants avant de balancer ma veste sur le siège passager. Je descends de la voiture, mon cœur battant dans mes oreilles, mes doigts serrés autour de mes armes, mes pas lourds jusqu'au portail. Je ne perds pas de temps pour tirer dans le boîtier électronique qui m'ouvre les grilles.

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ATHENA
RomantizmAthena Ross, 21 ans, jongle entre ses études de droit et son job de serveuse dans un restaurant chic de New York. Comme beaucoup d'étudiants, elle a besoin d'argent, et ce boulot lui permet de tenir le coup. Mais ce n'est pas un restaurant ordinaire...