Chapitre 2 : L'urgence de l'essentiel

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Une fois revenue chez elle, Lisa prépara sa valise. Il était hors de question de rester dans cette ville gigantesque alors qu'une épidémie se profilait. Son regard se posa sur sa valise, béante et prête à être remplie. Un mélange d'excitation et d'appréhension l'envahit. L'entreprise pour laquelle elle travaillait collaborait avec United, une ONG dont les intentions, dans ce contexte de crise imminente, lui semblaient opaques. Le traitement des données personnelles encadré par la loi martiale ne figurait pas dans son contrat, et elle refusait de cautionner une telle utilisation.

Sa décision était prise. Partir avant la fermeture des aéroports et retrouver la sécurité du foyer familial. Elle contacta un taxi, malheureusement, elle n'avait pas pris en compte le trafic et se retrouva bloquée dans les embouteillages. « Ce n'est rien Lisa, respire, ton avion est dans trois heures. Tu as le temps », murmura-t-elle afin de se rassurer.

Alors que son esprit divaguait en regardant par la fenêtre, elle fut ramenée à la réalité par le conducteur du taxi.

- C'est quoi ce bordel ! s'exclama-t-il.

Lisa se pencha en avant pour observer à travers le parebrise, de la fumée noire s'échappait au loin, mordant les nuages, la quantité annonçait un terrible accident. Le chauffeur alluma sa radio afin de s'assurer qu'il pourrait toujours passer par là. Toutefois, les nouvelles entendues furent celles que Lisa redoutait tant : l'état d'urgence venait d'être déclaré à l'instant et la loi martiale rentrait également en vigueur. Tous les citoyens devaient regagner leur habitation.

- Que voulez-vous faire ? questionna le conducteur.

- Je vais continuer à pied, j'espère pouvoir atteindre l'aéroport à temps.

- Votre avion ne décollera pas, ne comptez pas là-dessus.

- Ce n'est pas vrai... soupira-t-elle. Vous avez raison. Je dois me rendre dans le Montana. Je n'y arriverai jamais.

- Essayez la gare routière, les bus circuleront peut-être toujours.

Un coup de feu retentit au même moment les faisant sursauter.

- Dépêchez-vous, avant qu'il ne soit trop tard, indiqua l'homme.

- Merci, bon courage, monsieur, répliqua-t-elle en sortant sur la chaussée.

La gare routière se trouvait à environ trente minutes de marche. D'autres personnes semblaient avoir eu pareille idée qu'elle et allaient à l'encontre des consignes du gouvernement en quittant leur logement. On parlait ici d'une maladie particulièrement létale, un prion, le genre de chose qu'on ne peut attraper qu'une fois avant de trépasser.

Son périple s'accompagnait des échos des sirènes des forces de l'ordre. Lisa commençait à tomber dans une angoisse générale, si la gare routière s'avérait close... Ça restait son unique chance de revoir ses parents, elle devait garder espoir. Les pillages étaient de mise, certains profitaient de l'excès de travail de la police pour voler toutes sortes d'objets, qu'ils aient de la valeur ou non. Lisa devait faire preuve d'une vigilance extrême à chaque coin de rue. Être une femme ne l'avait jamais autant dérangé qu'aujourd'hui, elle s'imaginait tout un tas de scénarios abjects.

Son cœur ne cessait de sursauter à chaque cri ou à chaque détonation produite par une arme. Elle maudissait le fait d'appartenir à un pays permettant à quiconque de détenir une arme à feu. Néanmoins, secrètement, elle espérait en posséder une, surtout pour ce qui allait se dérouler. Au détour d'une énième rue angoissante, alors qu'elle venait tout juste de vérifier l'absence d'une présence de groupe malfaisant, une femme lui sauta dessus. Sa bouche dégoulinait d'une substance noirâtre tout droit sortie des pires fosses septiques.

La promesse : Récit de LagardenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant