47. Grace

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« La esperanza es como las fichas del dominó: cuando una cae, acaban cayendo todas. »

Tokyo – La Casa de Papel

(L'espoir c'est comme des dominos, quand l'un tombe, les autres suivent.)



Septembre 2001, Cleveland.

J'ai dix-huit ans à nouveau, du moins j'en ai l'impression. Ma chambre d'adolescente n'a pas changé, les posters de Tom Cruise et de Spice Girls sont encore là. Les murs sont encore habillés d'un mauve pâle qui pique les yeux et les draps en satin rose sont aussi doux que dans mes souvenirs.

Hugh est resté aux rez-de-chaussée pour accueillir mes parents qui viennent d'arriver. J'ai envie de prendre mes parents dans mes bras, ces dernières semaines j'ai bien cru ne jamais les revoir, mais je n'en ai pas la force. J'ai peur que ma mère me rappelle que je suis un échec à ses yeux, ou que mon père ne dise rien face à ses insultes.

Je viens de perdre Mark, c'était le but, je le sais, mais je ne m'en remets toujours pas. Je voulais qu'il paie pour ce qu'il a fait. Qu'il regrette. Jamais je n'ai souhaité qu'il meurt, accompagné de millier d'innocents, sous le coup du hasard. Il m'a appelée avant de mourir. Je le déteste, je déteste qu'il soit mort, et je déteste qu'il m'ait choisie moi pour écouter ses derniers mots. Surtout, je déteste qu'il m'ait délestée de mon combat. Quand j'ai envoyé Susan à l'abattoir, je n'ai pas pensé qu'en tuant Mark, je me tuerais moi-même.

Mon désir de vie normal a disparu dès lors que je l'ai eue.

— Grace ?

Hugh attend mon autorisation avant d'entrer dans la grande pièce. Ma chambre est plus grande que mon appartement New-Yorkais. Il doit la traverser, faisant grincer le vieux parquet au passage, pour rejoindre le lit situé au centre de la pièce. Il s'allonge à côté de moi, mon dos contre son cœur.

— Ils ne m'aiment pas beaucoup, s'amuse-t-il.

Je renifle. C'est ce que je voulais. Hugh n'est pas un prince, ni riche, ni Gerald. « Elle reviendra enceinte, mariée à un délinquant couvert de tatouage, qui n'en a qu'après son argent » A dit ma grand-mère à mes parents pour les convaincre de me laisser épouser Gerald. J'ai écouté ma fierté et me suis rapprochée de celui qui y correspond le plus sans savoir que je finirai par tomber amoureuse.

— Je ne serai pas une bonne mère.

Sa main chaude rejoint mon nombril.

— Bien sûr que si.

Il embrasse ma joue trempée, une fois, deux fois, ...

— Tu les as entendu. Ils veulent élever le bébé.

— Et tu as dit non, ça prouve que tu seras une bonne mère.

Je secoue la tête.

— J'ai dit non parce que je ne veux pas que ça fasse comme avec Helena. Je déteste les voir être de meilleurs parents avec elle qu'avec moi. Non mais tu m'entends, je suis jalouse de mon propre enfant.

— Hey, ma puce, tu seras une bonne mère. Nos parents étaient merdiques, ça ne veut pas dire qu'on sera comme eux, on fera tout l'inverse et on sera de bons parents, les meilleurs que notre fils rêvera d'avoir.

— Ou notre fille.

— Ou notre fille, répète-il.

On toque à la porte.

Because of us [ TOMES 1&2 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant