4. Nolan

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Grace, l'alcool, la fumette, la vie... du pareil au même : les drogues nous empoisonnent tous. On ne fait que choisir notre mort. – Gerald

Plus insidieux que l'alcool ou a la drogue, la vengeance m'a condamnée. – Grace

L'alcool brise les alcooliques, les alcooliques brisent leurs proches. – Hugh


Hamptons, Présent.

C'est elle. Son doux visage bandé ne m'empêche pas de la reconnaître. Pour m'en assurer doublement, j'ai listé ses cicatrices et son tatouage à l'infirmière qui m'a confirmé ce que je craignais.

Il n'y a plus de place au doute, pas même la trace d'un espoir. Sa vie ne tient qu'au bip incessant de la machine. Le docteur doit arriver d'une minute à l'autre. Ils m'ont autorisée à rester avec elle, sa main n'a pas quitté la mienne et ça me déchire de penser que ce n'est pas parce qu'elle veut rester mais parce qu'elle n'a pas le choix.

L'obscurité de la pièce s'affaiblit quand Peter entre. Ses épaules sont lourdes, il tente de garder un sourire de façade mais je connais mon ami : il a peur. On a tous peur. Demain, dès l'aube, il ira prévenir sa famille. Seule Nora, ma cousine, est au courant.

Même sur elle, il ne peut pas s'appuyer, elle est déjà le pilier des enfants, trop occupée à ne pas craquer devant eux en promettant que tout ira bien.

L'éparpillement de leur famille aux quatre coins du monde, ne se fait jamais autant sentir que lorsque l'un d'eux est en danger. L'amour qu'il y a entre les fait tenir à distance, mais dès que l'un cède, la tension monte jusqu'à les faire souffrir à l'unisson.

J'aimerais ne pas avoir à les prévenir. Que Peter n'ait pas besoin d'appeler leur famille pour autre chose que des bonnes nouvelles. Mais repousser à l'aube, ce qui ne s'évite pas, c'est ma façon à moi d'espérer qu'il n'y ait rien à craindre. Si elle se réveille au matin, je n'aurais pas à les inquiéter.

— Salut sœurette.

Mon meilleur ami embrasse son front, au seul endroit qui n'a pas été endommagé par les éclats du par brise qui se sont logés sur son visage. J'aimerais être capable de retenir mes larmes, montrer à ma femme que moi aussi je peux être fort, en vain.

Nous échouons tous les deux. La voix tremblante de Peter se charge de doutes qu'on n'ose pas avoir.

— Elle va s'en sortir.

Il me conforte avec ces mots depuis tout à l'heure. Sa main sur mon épaule se serre et se desserre, me ramenant à la vie comme un massage cardiaque. J'en ai bien besoin.

Elle va s'en sortir. L'un de nous deux répète. C'est ainsi qu'on fait quand on craint le contraire. On se dit que tout va bien parce que si on commence à douter, on prend le risque d'avoir raison.

On a encore des projets. La vie ne s'arrête pas tant qu'on n' a pas complété toute la liste, n'est-ce pas ? Elle sera heureuse et je serai heureux d'être avec elle parce que c'est ce que je suis. Cette petite phase à l'hôpital n'est qu'une mauvaise passe, on a tous nos bas, ça ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de hauts.

Réveille-toi, mon amour.

La lumière bleutée revient une fois de plus, dessinant l'ombre d'une docteure qui entre dans la pièce. Madame Mitchell, la mère de Peter et directrice de l'hôpital, s'élance vers son fils pour le prendre dans ses bras.

Je suis content qu'elle soit là pour lui, avec elle, il a le droit de s'effondrer. Certaines personnes ont besoin de quelqu'un, tandis que d'autres se suffisent à leur solitude.

Because of us [ TOMES 1&2 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant