20. Grace

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PARTIE 2 : lavengeance.

« Regarde-moi dans les yeux, fais-moi l'amour rien qu'avec un regard. »

Pierre de Maere – Regarde moi

20. Grace

Décembre 2000, New-York.

Noël est arrivé deux jours après le départ de Gerald. Nev a voulu rester avec moi mais je l'ai, elle aussi, jetée dans l'avion pour New-York. Il est hors de question qu'elle manque aux autres le jour le plus important de l'année. Surtout si c'est pour être avec une famille en deuil.

La semaine qui a suivi les funérailles a été bien morne. Mon père s'est isolé à chaque occasion qu'il avait, ma mère tentait au mieux de ne pas craquer devant les familles de mes oncles, ma sœur a compris que sa grand-mère ne reviendrait plus et moi je me suis sentie libre. Ça fait du bien de ne pas avoir à faire semblant de sourire.

Ma liberté a fini par m'étouffer. Mes tremblements puis mes nausées m'ont convaincue d'aller consulter un médecin qui m'a conseillé du repos. Alors je suis rentrée.

Les rues de New-York qui grouillent de gens pour le nouvel an, suffisent à me ressourcer. Au lieu d'un demie-heure, le taxi a pris le double pour me conduire de JFK à Manhattan. Je salue le portier de mon immeuble qui récupère mes bagages.

La musique me parvient avant d'atteindre mon étage. La foule s'enflamme dans mon salon pour fêter la fin du siècle. J'aurais dû rentrer avant que la soirée ne commence, mais avec la circulation et mon avion qui a pris du retard à cause de la neige, je dois maintenant jouer des épaules pour atteindre ma chambre avec ma valise.

Je l'atteins enfin. Pas besoin d'ouvrir ma valise, une fois isolée, je souffle. Mes habits de soirée sont dans mon armoire. Ma plus grosse valise – celle que j'ai prise à L.A. – a été rangée, Nev a dû s'en occuper.

Ma petite robe à sequins argentés me fait de l'œil. Dès que je l'ai vue dans une boutique à Las Vegas, j'ai su qu'elle serait parfaite pour aujourd'hui. Elle découvre mes seins et ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination. C'est parfait pour oublier l'écrasante semaine que je viens de passer.

J'enfile des sandales à strass et regroupe mes cheveux dans une demie-queue. Avec l'humidité, mes boucles sont revenues mais je n'ai pas le temps de les lisser ce soir. Dans ma trousse à maquillage, mon rouge à lève carmin n'est plus. Je vérifie dans ma table de chevet avant de me rabattre sur un gloss. J'accentue mon regard bleu avec du fard de la même couleur et me repoudre le visage. Mon bras reste suspendu en l'air. Mon reflet à changé depuis la dernière fois.

— Ravie de te revoir, Grace.

Me dit cette femme dans le miroir. Elle me sourit et s'en va d'un pas déterminé hors de la chambre pour rejoindre les corps déchaînés.

Dans cette tenue, les gens me regardent, font attention à moi et s'écartent quand je passe. Si je suis tant attachée à mon apparence, c'est parce que je sais ce qu'elle me permet. Comme la mer rouge qui se ceinte face à Moise, la foule dansante se divise pour me laisser voir Gerald collé à Nancy. Elle rigole à la blague qu'il lui raconte dans le creux de son oreille. Nevada m'a vue, elle me rejoint avec son copain. Ils m'embrassent, ravis de me revoir. La lumière que ma robe reflète atteint le regard du petit couple, ils arrêtent de rire. Je roule des hanches pour arriver à leur hauteur. Nancy me salue en premier, un immense sourire à ses lèvres carmins.

— Grace ! Ça fait trop plaisir de te revoir.

Elle ne se décolle pas de Gerald qui joint leur mains sur sa taille. Ça fait deux mois que je ne l'aie pas revue. Quand je suis rentrée en coup de vent avant de repartir en Toscane, elle était en vacances à San Antonio, au Texas, dans la maison familiale des Ayckbourn. Ses cheveux sont plus clairs, malgré la faible lumière, j'arrive à distinguer ses mèches blondes qui ont remplacé son brun.

Because of us [ TOMES 1&2 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant