Chapitre 6 ~ Le vent a changé

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- Il est temps. A annoncé Ptolémé juste après mon dernier exploit.

Je ne sais vraiment pas comment interpréter cette phrase. D'un côté, je devrais être heureuse parce que cela signifie que je suis prête à devenir chevalier. D'un autre, cela signifie que je devrais affronter mon destin de reine maudite. Et c'est ce dernier point qui m'angoisse. Cassiopée a été obligé d'offrir sa fille qu'elle aimait par dessus tout aux dieux qu'elle avait offensé. Quel sacrifice devrais-je accomplir pour devenir chevalier d'Athéna ?

Je lève les yeux et regarde l'armure sacré prisonnière de la glace. Voilà plusieurs mois que Ptolémé redouble d'imagination pour nous faire endurer les pires épreuves. Etre le chevalier de Cassiopée doit être encore pire que ce que je ne l'imaginait. Je regarde en détail l'immense boîte en argent dans laquelle se trouve l'amure. La reine Cassiopée y est finement ciselée. Elle est assise sur son trône, ses poignets enchaînés. Elle a l'air triste et souffrante. Je soupire et demande à voix haute :

- Que dois-je faire ?

Il y a un grand silence. Je fixe l'armure, comme si je m'attendais à une réponse. Je ne sais plus quoi penser de tout ça. J'en viens même à me demander pourquoi je fais tout ça ? C'est vrai, mes parents m'ont abandonné ici quand j'étais encore un nourrisson dans le but de me faire chevalier. Mais pourquoi, moi, aurais-je envie de le devenir ? D'un seul coup, je me rend compte que je me bats sans avoir de but précis. Je ne mérite pas l'armure. Je ne serais pas chevalier.
Des bruits de pas derrière moi me font sursauter. Je me retourne et vois Percy. Ce dernier lève les mains en signe d'apaisement. Il sent que je suis tendue. Je baisse les yeux et souris. Je souris toujours quand il est là. Il ramasse mon masque à mes pieds et le fixe un moment avant de s'asseoir à côté de moi et de me le tendre.

- Tu devrais faire attention avec ce masque. Tu imagine si c'était Jason qui t'aurais trouvé ici ?

Je frissonne devant cette horrible idée. Si Jason voyait mon visage, je ne le supporterais pas. Je secoue la tête pour signifier mon dégoût à Percy puis me pelotonne dans ses bras. Il me donne un baiser sur le front et me sourit affectueusement. Je ferme les yeux et soupire en prenant mon masque. Je le regarde à mon tour. C'est un masque en argent, simple, avec des motifs gravés dessus. Je vois mon reflet dedans. J'y vois une adolescente fatiguée, maigre, pâle et négligée. Je regarde Percy et lui demande :

- Pourquoi veux-tu être chevalier, Percy ?

Il reste silencieux un moment et regarde à son tour l'armure posée sur son trône. Puis, il me caresse les cheveux, et répond :

- Pour servir la déesse que je vénère et protéger ceux qui me sont cher. Et toi ?

- Je ne sais pas. Je crois être la dernière à mériter de devenir chevalier. Je n'ai aucun idéal.

- Et l'amour ? Suggère-t-il en plaisantant.

Je pouffe et le bouscule en répondant :

- L'amour ?! Pffff ! Nan mais c'est quoi cette phrase ? Tu te crois dans un vieux narnard romantique ?

Il rit à son tour et nous partons ensemble dans un long rire qui résonne dans la grotte. Je l'aime tellement. Et dire qu'avant je ne cessait de le haïr. Avant d'être avec lui, je n'étais que colère. Colère envers mes parents, colère envers mon maître, colère envers les autres. Je n'avais qu'un but, les battre tous pour leur prouvé ce que je valais. Mais maintenant, je prends conscience de tout ce que l'ont fait par colère n'a aucune valeur et n'est pas méritant. Cette nuit là, sur le toit du refuge, quand les étoiles ont chanté, j'ai enfin ouvert les yeux.

Nous restons là, enlacés, pendant de longues minutes. On entend le vent s'engouffrer dans la grotte, l'eau qui ruisselle sur les stalactites, le cosmos de l'armure sacré qui crépite dans l'air froid. Je n'ose plus bouger, de peur que le moindre mouvement brise toute la magie de ce moment, que le moindre mot m'entraîne dans une nouvelle spirale de souffrances. C'est Percy qui se lève en premier et qui regarde la sortie de la grotte, l'air grave.

- Il se passe quelque chose d'étrange.

Quoi ? Je me lève à mon tour et me concentre pour essayer de sentir ce qui l'inquiète. Et je comprend enfin. Plus aucuns sons ne parviennent à nos oreilles. Même la nature a cessé ses bruits. C'est étrange et ça ne me dit rien qui vaille. Je remet mon masque et fait signe à Percy de me suivre. Nous sortons ensemble de la grotte en courant. Dehors, une tempête s'est levé et l'orage gronde. Mais je n'arrive pas a distinguer quoi que ce soit de menaçant à l'horizon. Percy, lui, est tendu, il prend les devant et m'entraîne vers le refuge en me tirant par le poignet. Nous bravons le vent qui soulève d'énormes flocons de neige. Je ne sens plus les cristaux de glaces qui m'écorchent la peau. Nous arrivons enfin au niveau du refuge. Là, je voit Jason, Rhéa et Ptolémé encerclé par des soldats armés. Notre maître est en train de discuter avec un homme masqué, vêtu d'une somptueuse tenue de prêtre recouverte d'une énorme cape en peau de bête. Percy semble tout à coup nerveux, il murmure :

- C'est le grand Pope.

Mon cœur rate un battement. Le grand Pope est le grand prête d'Athéna et son représentant sur Terre. Il règne en son nom sur le Sanctuaire d'Athènes où sont formés la plupart des Chevaliers. Mais pourquoi le chef des Chevaliers d'Athéna se rendrait-il sur l'île où il a envoyé Ptolémé en exil ?

Quand mon maître nous voit, il nous fait signe de les rejoindre. Ce que nous faisons. Percy à l'air méfiant, ce qui m'inquiète beaucoup. Sans compter que je sens des vibrations extrêmement étranges émaner du cosmos du Pope. Ces vibrations semblent peser sur moi et me rendent mal à l'aise. Il y a quelque chose de malsain derrière ce masque. Et je veux savoir ce que c'est. Nous rentrons dans le cercle pour nous mettre aux côtés de Rhéa et Jason. J'interroge ces derniers du regard. Pourquoi celui qui a banni nôtre maître est-il ici ?

- ... Et voici deux autres de mes apprentis : Percy Atridès et Navi Logamaki.

- Hé bien hé bien ... Fait le Pope en nous scrutant.

Je n'ai jamais ressentis un tel cosmos. Il est si puissant que Ptolémé à l'air aussi faible qu'un nouveau né à côté de lui. Ses yeux à travers son masque me brûlent tant ils dégagent de la haine et de l'agressivité. Je lance un regard discret à Ptolémé. Ce dernier à l'air extrêmement grave et nous ordonne de rentrer au refuge. Alors que nous tournons les talons, je décide que je ne vais pas en rester là. Quand la lourde porte du bâtiment se referme sur nous, j'ai l'impression que beaucoup de choses vont être différentes.

Et cela ne me dit rien qui vaille.

*

Le soir venu, je mis mon plan en action. Je me suis levée, pris une lampe torche et suis sortit du dortoir.

Maintenant, je suis les voix que j'ai surpris dans le couloir. Ptolémé et le grand Pope discutaient dans une salle à part. Je me poste au niveau de la porte et écoute la conversation, au risque de passer quelques jours au cachot. Mais je veux comprendre. J'entend mon maître demander, l'air grave :

- Maintenant que nous sommes seuls, vôtre grandeur, dites-moi quelle est la véritable raison de vôtre venue.

- J'attends toujours le chevalier de Cassiopée au Sanctuaire, Ptolémé. Et je constate que vous avez encore quatres apprentis. Auriez-vous oublié vôtre allégeance au Sanctuaire ?

- Je l'ai déjà fais comprendre à vos messagers : Cassiopée viendra à vous en temps venu.

- Les choses ont changé Ptolémé. Et le Sanctuaire a besoin de tous ses chevaliers.

- Alors vous allez devoir attendre encore un peu. Je vous rappelle que celui qui porte l'armure d'argent est impuissant si il n'est pas au bout de son entraînement lorsqu'il reçoit la reçoit. Partez.

La voix du Pope pris soudain un ton encore plus maléfique que précédemment. Je m'empresse de regarder par le trou de la serrure ce qui se passe. Le Pope a pris Ptolémé par le col et lui dit avec colère :

- On ne me congédie pas ainsi Ptolémé. Voulez-vous que je vous rappelle ce que vôtre insubordination vous a coûté ?!

Mon maître reste calme, il defie le grand Pope du regard. J'ai l'impression qu'il sait quelque chose à propos de ce personnage. Il reste de marbre et pèse ses mots à chaque mouvement de ses lèvres :

- Dans ce cas, vous resterez bien jusqu'à ce que l'armure choissise son porteur, mon seigneur ?

Je souris en l'entendant prononcer ces derniers mots. Il les a dit avec tant d'audace, c'est illarant. Domage que le Pope est un masque, il doit être en train de grimacer de rage.

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