Chère tructruc (j'allais dire chère journal, puis je me suis dit qu'on était déjà assez culcul comme ça, sauf que j'avais plus d'inspiration après... mais tkt je te respect...)
Novembre à apporter avec le froid hivernal une lourde période de platitude.
Pour résumer je me fais chier.
C'est vrai que Manfred occupait tellement de place dans mon quotidien! Je passais mon temps à échafauder des plans de toutes sortes pour lui parler, faisais des calculs compliqués pour pouvoir le croiser à chaque sortie de cours, même mes tenues étaient réfléchies pour lui! Alors maintenant que je n'ai plus tout ça, tout me parait vide de sens.
Gros blues.
Donc autant te dire que ce mois n'a pas été le plus fun de l'année. On a beau dire, mais être amoureuse, eh bien ça occupe. Ça donne de la motivation pour se lever le matin, pour aller en cours, parce qu'on se dit que tout est supportable tant qu'on peut croiser son regard au hasard d'un couloir. Ça fait vivre. Et moi, je ne vivais plus.
Jusqu'à hier soir, où un autre hasard, celui d'un soirée, a remis un peu de piment dans mon existence. C'était la soirée d'anniversaire d'une copine, je genre de soirée un peu chic ou l'on se retrouve en talon à danser le rock dans le jardin. J'avais sortie pour l'occasion ma petite robe noire, et surtout les supers talons rouges offerts par ma grand mère pour mes 17 ans.
Je me sentais jolie, je me sentais forte, bref, j'étais déterminée à passer une soirée d'enfer et à être de nouveau actrice de mon existence. Qu'il y ait un peu de rebondissements dans ma vie quoi!
Et je n'ai pas été déçue... J'ai voulu du rebondissement, j'en ai eu!
Je l'ai remarqué directement. Ses cheveux solaires, ses yeux bleus prenant des nuances arc-en-ciel sous les lumières festives... Manfred. Il était là, au milieu des invités, plus beau que jamais dans sa chemise en lin blanc, et surtout en grande conversation avec la fille qui m'avait invité!
J'étais prise au piège. Je venais d'arriver, je ne pouvais pas juste profiter de la soirée sans souhaiter un joyeux anniversaire à mon amie! Non, j'étais coincée, et forcée à aller lui dire bonjour alors qu'elle discutait avec lui. Alors je me suis approchée. Le chemin jusqu'à eux me semblait interminable et je n'en finissais pas de trembler sur mes talons, manquant à plusieurs reprise de m'écrouler par terre.
Remarque, peut-être que ça aurait été mieux, ça m'aurait évité la suite des événements... Ou alors je me serai juste fait très mal, ce qui aurait encore plus attiré l'attention sur moi et il m'aurait prise pour une grosse dinde. Parce qu'on est pas dans un roman la! Quand on se casse la gueule dans la vraie vie, il n'y a pas un beau gosse pour vous rattraper quelque seconde avant que vous ne touchiez le sol.
On divague.
Enfin, j'arrive à leur hauteur en cachant le tremblement de mes mains dans les plies de ma robe. Je claque la bise à ma copine avec un big sourire tout en prenant soin de ne surtout pas croiser le regard de celui qui ne me quittait pas des yeux. Je priai pour que tout cela ait l'air crédible et que les deux ne se rendent pas compte que je mourrai intérieurement. Puis, alors que tout mon corps me criait de fuir très loin, je me suis lentement retourné vers Manfred. J'ai tendu le cou vers lui en bégayant quelque chose qui ressemblait à: « Salut Manfred! Ça fait un bail... »
Je te retranscrit la suite du dialogue pour qu'on puisse ensuite nous suicider ensemble:
- Oh vous vous connaissez! (Ma copine)
- Oui nous... (tentative de réponse de ma part)
- Rapidement, une connaissance. On était dans la même classe au collège. (Le con qui me servait de crush)
Tu vois un ordinateur quand il bug et qu'il charge pendant 3 heures? Ma réaction était là même. Il y aurait pu avoir écrit BUG SYTEME sur mon front, ça aurait eut le même effet. Après un silence interminable, j'ai bredouillé une vieille excuse et me suis enfuie loin d'eux.
Nan mais sérieux j'y crois pas! Rapidement, une connaissance... Mais je t'en foutrais des connaissances!
J'étais tranquillement en train de le maudire toute seule dans mon coin, en marmonnant des insultes entre deux gorgées de champagne qui n'arrangeaient rien, quand une voix familière m'a interrompue. Mon cœur a fait un saut perieux que je n'ai pas pu retenir quand j'ai reconnu sa voix, et ce malgré toute ma colère. J'ai levé les yeux vers lui, et n'ai rien pu faire d'autre que d'acquiescer mollement lorsqu'il m'a invité à danser. Il a naturellement placé sa main sur ma taille pour me guider vers la piste, et j'étais complément larguée.
Pourtant, une fois la surprise passée, la colère est revenue aussi vite qu'elle était partie, au beau milieu d'une passe de rock. Elle m'a envahie, comme une vague destructrice, un tsunami, et je me suis immobilisée là. J'étais toute contre lui, au centre de la piste, la musique bourdonnait dans mes oreilles et les couples dansaient autour de nous, insensibles à notre trouble. Nous nous sommes fixés longtemps, nos regards plongés l'un dans l'autre jusqu'au cœur, figés alors que le monde continuait à tourner autour de nous.
J'ai fait passé par ce contacte tout ce que je contenais à l'intérieur de moi. La colère, le dégoût, la tristesse aussi. Et j'ai attendu que Manfred baisse les yeux avant de le planter là, au milieu de cette fête, et de partir dans la nuit.
Alors que je t'écris, la colère et toujours la, grondante. Mais elle est la bienvenue. Ce n'était pas le rebondissement que j'espérais, mais au moins n'ai-je plus aucun regret. Ce type n'a jamais mérité que je m'intéresse à lui, et dorénavant je ne manquerai pas de le lui faire comprendre!
Bien à toi,
MAUDE 👠
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𝑴𝑨𝑼𝑫𝑨𝑳𝑰𝑻𝑬́
Любовные романы🌹💄🍓🐞☎️🌶️🦑🎸👠 JOURNAL DE BORD (et non intime, faites gaffe à la nuance), d'une fille MAUDite par un amour un peu trop grand pour elle, un amour sans MAUDération qui gagnerait à être plus MAUDique... Et si on arrêtait avec les jeux de mots dout...