🥊 𝐽𝑎𝑛𝑣𝑖𝑒𝑟

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Plus rien ne bouge. Plus aucune couleur ne compte, sauf celle des ses yeux bleus plongés dans les miens. Plus rien n'a de sens en dehors de nos deux corps, l'un contre l'autre, au milieu de cette piste de danse. J'ai douloureusement conscience de toutes les endroits où sa peau est en contacte avec la mienne, sa main dans ma main, son autre main dans le creux de mon dos. Mais le contacte le plus fort reste celui de nos yeux arimés l'un à l'autre depuis si longtemps qu'on en a oublié même pourquoi tout cela avait commencé. Qu'on avait oublié tout le reste. Ma colère quand il a dit ne pas me connaître, sa colère à lui quand je l'ai ignoré toute l'année, ma tristesse, son indifférence, et tous ces sentiments. 

Je voudrai crier, hurler toute ma douleur, mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge, prisonniers de ce garçon qui compte bien trop pour moi pour que ce soit vivable. Je perds toute notion du temps, toutes notions du monde qui m'entoure. Il ne reste que lui et moi, et cette douleur qui nous entoure, qui nous enserre, qui nous pousse l'un vers l'autre, plus près, toujours plus près. 

Une larme coule le long de ma joue lorsque ses lèvres touchent les miennes. Elle dévale ma pommette avant d'être chassée avec une infinie tendresse par cette grande main qui couvre ma joue, cette grande main si douce, si rassurante. Mes mains à moi, cela fait longtemps qu'elles ne m'appartiennent plus, toutes perdues dans ses beaux cheveux d'or. Et mon cœur, lui, est perdu dans ce long baiser qui me déchire lentement...

Je crois que j'ai pleuré en me réveillant. Je ne sais pas, c'était flou. J'étais encore égarée, errant entre la réalités et les douloureux fragments de rêve. Je sentais encore, comme si tout c'était réellement passé, ses mains sur mes joues, son corps contre le mien. Mais cette fois ci personne n'était là pour recueillir mes larmes qui ont fini leur course sur les étoiles de ma couverture. 

En fait si. J'ai pleuré. Parce que je me souviens très clairement chasser mes larmes d'un revers de main rageur avant de repousser énergiquement ma couverture. Il est hors de question que ce garçon m'arrache encore des larmes, après tout le chemin intérieur que j'ai fais pour m'en détacher. Un chemin traversant un désert de souvenirs heureux, de mirages de sourires et d'éclats de rire, que je repose entre les pages de ce journal pour ne plus y songer. 

Ce n'est qu'un rêve. Et comme la plupart des rêves, ce n'est qu'une jolie illusion qui reste toujours, là, entre les plis de mes désirs, sans jamais s'en extraire pour devenir réalité. Jamais ce rêve ne sera réalité, et je n'ai même plus envie que ce soit le cas. 

Lui et moi, nous vivons dans des mondes différents. Lui dans son groupe populaire, leur soirée mondaines, les derniers vêtements à la mode et cette façon d'être qui vous font vous sentir nul sans qu'ils n'aient besoin de rien faire. Moi dans mon petit groupe simple et confortable, avec nos délires un peu chelou et nos soirées tranquilles. Et nous avons tous les deux trop de fierté pour refaire le premier pas. Et même si c'est un peu triste, c'est mieux ainsi. Qu'il continue à traîner avec ses filles en mini jupes et boots UGG. 

Moi je préfère les regarder d'un œil dédaigneux dans mon coin de la cour, bien à l'aise dans mes bonnes vieilles Santiague, en compagnie de ceux qui compte vraiment

Bien à toi, 

MAUDE 🥊

𝑴𝑨𝑼𝑫𝑨𝑳𝑰𝑻𝑬́Où les histoires vivent. Découvrez maintenant