Coucou ma chérie,
A l'heure où je t'écris, je suis perchée sur le rebord de la fenêtre de la chambre d'Aliénor. Elle m'a invité pour passer le week-end chez elle, et pour le moment elle prend sa douche. Et comme on peut bien compter 1h avant qu'elle n'en ressorte, je me suis dit que c'était le bon moment pour relâcher un peu de mon âme sur tes pages.
C'est tellement beau dehors. On ne se rend jamais compte de la beauté de ce qui nous entoure que lorsqu'on s'arrête quelques instants, qu'on s'arrache au tourbillon de la vie qui nous entraîne toujours plus loin, toujours plus vite. Si vite qu'on ne le prend jamais ce temps pour réfléchir sur nos vies, en contemplant les merveilles qui nous entoure.
La merveille du ciel nocturne qui perd peu à peu les couleurs irisées du crépuscules pour se parer de rubans noires et bleus marine. La merveille des étoiles qui pointe le bout pointu de leur nez. Celle de la Lune qui déploie déjà sa douce lumière sombre sur la ville qui murmure. Les passants qui se pressent vers les bouches de métro pour rentrer se blottir chez eux et échapper à la nuit. Et ceux qui à leur chez eux préfèrent la douceur des soirées de mai, en flânant dans les rues paisibles, débarrassées des hommes pressés par le temps.
Et moi je suis perchée sur une fenêtre, lumière carrée perçant la nuit comme des milliers d'autres dans les maisons alentours, mon carnet sur les genoux, pensant à Manfred.
Je suis amoureuse.
Ce n'est que maintenant que je m'en rends vraiment compte. Que je réalise que tous les efforts pour l'oublier ont été vains. J'ai tenter la colère pour transformer mon amour en haine: un sourire à suffit à la dissiper. J'ai tenter la tristesse pour me convaincre que mon amour me ferait plus de mal que de bien: un regard à suffit à chasser les larmes de mes yeux. J'ai tenter l'ignorance pour le faire disparaître de mon esprit: sa seule présence à suffit à le faire apparaître dans mes rêves.
J'ai cru que j'étais passée à autre chose, que si je le voyais partout c'est que j'étais trop habituée à penser à lui, que tout ce que je ressentais n'était que les fragments de ce qui fut des sentiments. Je me voilais la face. Au fond de moi c'était toujours là, enfoui, ce sentiment tendre-amère qui refuse de partir. Cette chose qui me ronge, qui me fait si mal, mais qui sera toujours là, à moins que je ne décide de l'affronter.
Mais que faire alors?
Renouer avec lui, reconstruire notre amitié sur les ruines que j'ai moi même crées? Il me reste à peine quelques mois.
Lui dire alors? Oui, c'est sans doute la meilleure solution.
En général, ce qui retient les amoureux de se déclarer, c'est la peur de perdre l'amitié de l'autre en cas de refus. Moi je n'ai rien à perdre, tout est déjà perdu, il ne reste rien de notre amitié. Et je sais même déjà ce qu'il dira, je ne serai même pas déçue.
Oui j'aurai mal. C'est dur d'être confrontée à la réalité, de voir s'écrouler tous les rêves qui nous ont endormis le soir durant tant d'années. De se dire que tout le bordel au fond de nos cœurs ne sera ordonné par personne, qu'on a ressenti tout cela pour rien puisque personne ne sera jamais là pour recueillir ces sentiments qui fleurissent à l'ombre.
Mais peut être que c'est nécessaire. Peut-être faut-il s'écrouler pour mieux se reconstruire, comme le phénix qui après sa mort renaît de ses cendres.
Oui, je vais le faire. Je ne sais quand, je ne sais comment. Mais l'espérance de me relever, d'enfin tourner la page, me fait déjà revivre. Oui je vais avoir mal. Mais je suis Maude, merde! Et je suis décidée à laisser ce garçon derrière moi, même si pour cela je dois mettre mon cœur à nu et ma fierté de côté pour entendre qu'il ne m'aime pas.
Je ferai tout cela, même si je l'aime.
Bien à toi,
MAUDE 🎈
VOUS LISEZ
𝑴𝑨𝑼𝑫𝑨𝑳𝑰𝑻𝑬́
Romance🌹💄🍓🐞☎️🌶️🦑🎸👠 JOURNAL DE BORD (et non intime, faites gaffe à la nuance), d'une fille MAUDite par un amour un peu trop grand pour elle, un amour sans MAUDération qui gagnerait à être plus MAUDique... Et si on arrêtait avec les jeux de mots dout...