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LYS

Roar de Katy Perry

   Un fracas se fait entendre derrière la porte de ma chambre, ce qui me réveille en sursaut. Noah...je n'en peux plus de lui. Cela ne fait même pas un jour que nous partageons ce chalet et je suis déjà à bout. Je ne vais pas survivre pendant deux semaines. Mais comme prévu, aujourd'hui je dois skier, alors je me bouge mentalement et contiens l'irritation que me procure le meilleur ami de mon débile de frère.

   C'est à cause de mon égo surdimensionné que je me retrouve sur des skis en train d'attendre le télésiège. J'ai failli pleurer quand j'ai réalisé que je ne pouvais pas m'habiller de mon fidèle tailleur, je me suis donc vêtue d'un ensemble de ski blanc affreux. Des gamins irrespectueux me foncent dessus tandis que j'essaie d'avancer tant bien que mal dans la file d'attente. Je dois l'avouer que malgré ma mauvaise humeur je ressens la beauté de cet endroit. La neige est partout ce qui donne un aspect magique à la station.

   Mes bâtons se coincent sous les skis et les snowboards des autres personnes. Je sens que cette journée ne va pas être de tout repos. Mais au moins je ne la passe pas avec Noah. Ce matin, il est parti bien plus tôt que moi, pour faire l'ouverture a-t-il dit. La station est si grande que ce serait plus que de la malchance de le croiser plus d'une fois.

   Hier soir j'ai pu appeler mes copines, elles étaient d'un avis très mitigé sur la situation, en même temps elles étaient d'accord pour dire que ce qu'a fait mon frère ne se fait pas mais pas pour que l'idiot rentre chez lui. J'avoue que j'ai un peu exagéré sur ma réaction mais je suis comme ça, je ressens trop d'un seul coup, après avec le temps je me calme et j'encaisse. A force, j'ai appris et compris de la manière dont je fonctionne. Je me connais assez pour savoir quand je dois m'en aller avant un surplus de colère.

   C'est enfin à mon tour de m'élancer pour que le télésiège me récupère en me donnant un énorme coup dans les jambes. Le jeune homme à côté de moi ne cesse de gigoter pour essayer d'enlever son bonnet et son masque qui lui recouvre la moitié de son visage. Il finit par y arriver au bout de maintes reprises et je le reconnais :

   — Noah ! Qu'est-ce que tu fais encore avec moi !

   Il ouvre les yeux tel un poisson rouge avant d'emmètre un mouvement de recul.

   — Lys ? crie-t-il.

  — Noah ! Espèce d'enflure ! Tu me suis ?

  — Pas du tout ! dit-il les sourcils froncés.

   Je me prends la tête entre les mains ; comment c'est possible d'avoir autant de malchance et de le croiser dans une des plus grandes stations du monde ? Je ne vais décidemment pas passer de bonnes vacances.

    Noah je ne l'ai que très peu vu avant ces deux jours de vacances pourries, au grand maximum cinq fois alors que cela doit faire à peu près une dizaine d'année qu'il connaît mon frère. Nous n'avions tout simplement pas l'occasion de se croiser, mais la seule fois où j'ai passé plus d'une heure avec eux, Noah m'a renversé un verre entier de Coca-Cola dessus et une tranche de pain tartinée de Nutella. Depuis ce jour-là je lui voue une certaine amertume qui n'est pas près de s'estomper. Et si cela continu de cette façon, cette aversion risque de prendre de l'ampleur. Je prends la décision de faire comme s'il n'existait pas et l'Idiot fait de même – si on ne compte pas le fait que je lui donne de temps à autre des coups avec ma jambe. Les quelques minutes de trajet semblent durer une éternité sous ce lourd silence. Même les autres personnes qui sont au côté gauche de Noah n'osent pas prononcer des phrases. J'entends Noah maugréer quelques mots me disant que l'on est bientôt arrivés et je me bats contre moi-même pour enlever mes skis du repose-pied avant qu'il ne se décide à soulever la barrière qui m'empêchait de trop me pencher en avant. Avant que j'aie pu compter jusqu'à trois je comprends que c'est le moment de sauter. Je m'élance hors du siège et je me prends mon colocataire qui s'était relevé avec douceur en plein fouet ce qui le fait tomber. Nous nous retrouvons au sol, de la neige dans la bouche et entremêlés... Alors que je m'attendais à ce qu'il s'énerve – ce que j'aurais très certainement fait – je le surprends entrain d'étouffer un rire. Je comprends assez rapidement qu'il se moque de moi.

A Bad ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant