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                                « Aileen, quelle idée de faire un voyage en train dans votre état, si loin de l'hôpital ?

- Je n'y resterai même pas une nuit !

- Aileen, en tant que votre médecin je ne peux pas vous laisser partir comme ça dans les quatre heures qui viennent !

- Bien sûr que vous le pouvez !

- Non ! Pour votre santé !

- Mais à quoi servir tout ces rendez-vous où rien ne se passe ? Une journée, juste une, même pas une nuit !

- Non.

- Vous n'aurez cas m'appeler !

- Non ! Vous ne comprenez pas ! Vous n'avez pas assez de force physique, ni émotionnelle pour affronter le voyage en train et les peut-être rétrouvailles avec votre enfant.

- Je ne vous demande pas de surveiller mes réactions personnelles !

- Eh bien peut-être que si, je me dois de le faire !

- S'il vous plaît, Tom !

Silence.

- Oui ?

- Je vais mourir, Tom. Bientôt. Et je ne demande qu'une seule choisisse avant cela. Je veux retrouver mon fils, quitter à patienter debout un peu trop. Vous pouvez comprendre non ? N'est-ce pas votre mère qui est morte de la même maladie que moi ? Son ton s'était adoucie. Ce n'était plus qu'un chuchotement. S'il vous plaît Tom. Je vous en prie...

Les adultes s'étaient tu.

Le docteur regardait dans le vide. Ses yeux bruns pétillaient.

- Aileen. Vous êtes ma deuxième patiente. Et je veux tout faire pour vous garder en vie. Je suis si jeune. Je veux que vous soyez ma deuxième réussite. Mais je ne peux vous empêcher de partir et de continuer votre vie.

Il prend une grande inspiration :

- Libre à vous de partir quand vous le voudrez.

- Merci, fit-elle, le sourire aux lèvres.

Aileen quitta la pièce et se retourna pour dire au revoir au docteur.

- Pas plus d'une nuit hein ? fit-il

- Bien sur.

Dans, la rue, Aileen aurait pu trouver la force de sauter.

* * *

Dans le train, la malade s'était munie d'un livre, d'un stylo et d'un cahier aux pages blanches à la bonne odeur. Mais elle était trop occupée à admirer les paysages défiant devant ses yeux. Des montagnes imposantes aux monts enneigés, des lochs étincelants où l'on pouvait apercevoir des touristes dans des bateaux de croisière, des forêts denses où il était impossible d'apercevoir autre chose qu'un arbre.

Mais, si elle le retrouverait, l'accepterait-il ? L'aimerait-il ? Pire, l'insulterait-il ?

Aileen se souvenait pourquoi elle avait choisi ce prénom. Côme voulait d'abord dire l'ordre, puis l'univers. Et elle a trouvé qu'il n'y avait rien de plus beau que l'univers tout entier, les visions de l'infini qu'elle ne pouvait pas imaginer, la place de chaque petit être vivant dans l'écosystème. De plus, elle a trouvé cette sonorité belle, Côme... 

Mais ses inquiétudes reprennent le dessus.

Et s'il la rejetait ? Si il lui en voulait de ne pas l'avoir garder avec elle ? Pourrait-il comprendre qu'elle n'avait pas le choix à l'époque ? Et si on s'était mal occupé de lui ? Et si...et s'il lui répond ? S'il s'agit d'Elliot ? Cet Elliot, qui lui avait fait tant de mal ?

Soudain, elle se souvint de ses médicaments. Elle prit ses cachets et commença à somnoler. Elle ne s'arrêta que lorsqu'une jeune fille lui demanda si elle pouvait s'asseoir. Elle se prénommait Ashanti, devait avoir la vingtaine, avait des yeux d'or, une masse de cheveux noirs et bouclés, une peau foncée lisse et sans accros, une peau purement africaine, et elle devait peser très lourd.

Aileen était sûre que c'était la plus belle femme qu'elle n'avait jamais vu.

« Et, que faites-vous dans la vie Ashanti ? demanda-t-elle.

- J'étudie le droit.

- Que d'ambition !

- Pourquoi dites-vous cela ? Car je suis noire ? Car je suis grosse ? Ou car je suis une femme ?

- Calmez-vous ! Je n'entendais pas cela ! Je ne suis en aucun cas raciste, voyez ma couleur de peau, ni grossophobe et ni sexiste, les femmes devraient être libres ! J'occupais moi même un poste important avant que ma maladie ne se déclare.

- Excusez-moi.

- Ce n'est pas un pas de quoi. Et sinon, que venez-vous faire à Glasgow ? Vous ne semblez pas du coin !

- Pas plus que vous ! Ma grand-mère est décédée le week-end dernier, je me rends à ses funérailles.

- Toutes mes condoléances !

- Oh ne vous en faites pas, c'était une horrible bonne femme, antipathique, sèche et horriblement laide ! Nous ne la supportons plus ! »

Aileen se demanda si lorsqu'elle mourra les gens diront ça d'elle. « C'était une horrible femme, froide et bizarre ! Enfin voilà nous avons débarrassé de la Aileen, on en pouvait plus d'elle et ses chiffres ! »

« Ah je vois ! Sa mort ne vous procure pas la moindre tristesse ?

- C'est bien malheureux mais je crois bien que non.

- Je vois. C'est bien triste, car voyez vous je pense que nous gardons tous des secrets enfouis qui ont tout de même des répercussions sur notre vie à tous.

- Je sais. Mais croyez-vous que cela vaut la peine de faire du mal aux gens, qu'ils soient liés à cette affaire ou pas ?

- Non, en fait. Nous faisons toutes des erreurs. Et certaines sont irréparables.

- En effet. Mais toutes ces belles paroles ne me forceront pas à aimer une femme qui m'insultait à tout vent.

- Mon mais n'a jamais été de vous influenceur. Je vous faisais par de mes avis.

- Je suis sûr.

- Puis-je vous poser une question discrète ?

- Ça dépend. De quoi s'agit-il ?

- Puis vous demander d'où vous venez ?

-Pourquoi ?

- Simple question de curiosité.

- Je vais vous le dire, Mme Tigarce : Je viens d'un endroit où la femme n'est qu'un jouet du magasin.

- Me voici sincèrement désolée.

- Je ne suis pas la seule. Ma situation d'avant est tellement similaire à plein d'autres endroits dans le monde !

- Et c'est bien triste.

- Et vous, qu'est-ce qui vous amène ici ?

- Je viens réparer une erreur commise il y a bien longtemps, une erreur irréparable.

Et, elle déploya ses ailes, et s'envola // HISTOIRE CORRIGÉE, TERMINÉE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant