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A quelques rues de là se trouvait un parc. C'était un vieux square, abandonné ou presque, la peinture se dégradait laissant apparaître un bois moisi rongé par les termites, lui semblait-il. La toile d'araignée tombait en lambeaux et le toboggan grinçait, quelques SDF trainaient, s'échangeant des sous contre une bière ou une cigarette.

N'aurait-elle pas pu finir comme eux, mais être avec son fils ?

Mais qu'elle était égoïste ! Comment pouvait-elle dire ça ? Un pauvre enfant, sans rien à part une mère qui ne pourrait sans doute même pas le regarder en face, par peur de croiser le regard d'un étudiant d'université !

Non, vraiment elle se dégoutait elle-même.

Peut-être, que finalement, elle était mieux comme ça, sans amis. Car elle n'aurait pas supporté qu'une personne chère à son coeur ne voit sa descente aux Enfers.

Elle ne savait pas quoi penser des révélations de Cléa. Elle était si fière, même sachant qu'elle n'y était pour rien ! Mais même sur la photo, elle reconnaissait la trace ds yeux d'Elliott Somaine. Mais il était si intelligent ! Elle n'aurait pas pu rêver mieux ! Et elle n'aurait pas voulu lui gâcher sa vie, et qu'il la voit s'effondrer.

Elle n'aurait jamais pu supporter.

Aileen se réveillait le matin, encore assommé par la journée d'hier. Bien que son emploi du temps fut réduit, chaque rendez-vous l'épuisait, mais il ne fallait surtout pas qu'elle ne l'admette.

Sinon, ce serait la fin de tout. Elle n'aurait plus de quotidien, l'enfer !

Ses collègues étaient, bien que tous au courant, indifférent envers sa situation.

« Qu'elle s'en aille ou qu'elle reste ? Qu'est ce que ça peut nous faire ? », les avait-elle un jour entendu dire.

Mais mon Dieu, qu'elle se sentait seule ! Cette sensation d'isolement la bouffait ! Elle sentait une boule grandir dans son ventre et se resserrer jusqu'à l'étouffer.

Depuis l'annonce de sa maladie, elle n'avait pas verser une larme. Pas une seule...

Ce matin-là, donc, en sortant du lit, elle tâta l'oreiller et se surprit à sentir le contact d'une chose douce avec sa main. Elle la prit et poussa un cri.

Entre ses doigts, se tenait une longue mèche de cheveux auburn d'environ 20 centimètres.

Elle retint de justesse un sanglot. Ne pas pleurer Aileen, ne pas pleurer !

Elle devait s'y attendre de toute façon ! La chimio avait commencé il y a environ huit semaines, elle aurait dû s'y préparer psychologiquement !

Qu'elle était nulle !

1 mois plus tard...

Aileen se réveillait maintenant à 10 heures. Depuis pas longtemps, fini le boulot ! Bonjour les rendez-vous médicaux !

Mais elle restait optimiste !

Tom, son incroyable médecin, un jeune homme à la trentaine, lui avait récemment dit que la chimio agissait, et vite !

Elle se leva, enfila son bonnet et se rendit à la cuisine.

Elle qui, par tradition familiale, buvait habituellement du chocolat chaud le matin, elle se retrouver à manger des céréales et des fruits, bien qu'elle aimait ça, elle regrettait son quotidien d'avant, pourtant si monotone !

En arrivant à l'hôpital ce jour-ci, Aileen fut impatiente de retrouver sa nouvelle amie Ruby. Ruby, écossaise plus que personne jusqu'à la moelle, avait cinq ans de plus qu'elle et était atteinte depuis plus de 1 ans d'un cancer des poumons. Elles aimaient toutes les deux parler, en rigolant, des beaux médecins, se moquer des stars, avoir des débats politiques, où, en fin de compte, elles étaient toutes les deux du même avis...

Mais elles n'avaient pas la même histoire.

Aileen, avait grandit dans l'aisance, avait eu une scolarité difficile, subie une agression traumatisante et était par la suite tombée enceinte. Ses parents l'avaient rejeté et elle avait, par la suite, abandonné l'enfant. Mais malgré tout, elle avait gravi les échelons et obtenue un important poste qui ne l'avait jamais quitté. Mais sa vie sociale était resté nulle et avait été découverte cancéreuse au hasard par simple contrôle médical.

Mais Ruby, blonde aux yeux bleus, était fille d'une mère célibataire femme de ménage, avait eue des résultats désastreux malgré son HPI, trop d'amis pour un cerveau et deux mains, une adolescente rebelle... A vingt ans elle s'était mariée à « l'homme de sa vie », disait-elle, avait eu deux enfants très tôt et volontairement dont un allait devenir papa, et avait finalement repris le métier de sa mère, mais elle était en réalité presque gouvernante car elle restait à la journée, tandis que son mari était serveur.

Elle racontait d'ailleurs souvent cette anecdote: «Les patrons, sont tous pareils les pauvres ! Ils m'payent à la journée pour qu'nettoie leur chiottes ! Bon ça sent pas la rose hein ! »

Aileen adorait Ruby, si populaire !

C'est pour cela, la sachant si ponctuelle, que lorsqu'elle ne la vit pas à l'heure précise, elle commença à s'inquiéter. Et qu'elle sauta sur son médecin, Toby Bellcrombe lorsqu'elle l'aperçut.

Lorsque la malade le questionna, le visage du médecin s'assombrit.

« Je... Mme Tigarce, je suis au regret de vous annoncer le décès de votre amie chez elle hier dans l'après-midi. Voulez-vous contacté ses enfants pour avoir des nouvelles ? »

Les médecins étaient-ils tous aussi insensibles et doués pour passé du coq à l'âne ?

Aileen s'était rassise et avait fixé le mur, sans cligner et sans pleurer, le regard vide et froid jusqu'à que 20 min plus tard, son médecin le docteur Zalado Tom vienne la chercher s'excusant du retard. Il remarqua que quelque chose n'allait pas mais ne posa pas de question. Il n'était pas psy.

En rentrant ce soir là, ses yeux n'exprimaient rien jusqu'au matin.

Elle n'avait définitivement plus personne.


Aileen revint à la réalité lorsqu'elle sentit une goutte de pluie lui tomber sur le front. En levant la tête elle vit qu'un gros nuage noir se dirigeait sur elle.

Se fatiguer ou se prendre la pluie ?

Elle votait sans aucun doute pour la première option !

Elle se leva aussi vite que le pouvait ses faibles jambes, chercha le point de localisation du manoir (elle n'allait tout de même pas rappeler le taxi, non ?).

Aileen savait que ce n'était pas raisonnable. Elle devinait déjà les réprimandes de Tom. Mais elle ne voulait plus dépendre des autres !

Elle prit son souffle et commença à marcher.

Et, elle déploya ses ailes, et s'envola // HISTOIRE CORRIGÉE, TERMINÉE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant