Chapitre six

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« Jimin, tu es mon ami ? »

Le jeune homme lève les yeux vers moi, fronce les sourcils d'un air perplexe, et répond simplement d'un : bah oui, enfin à part si tu ne veux pas hein...

« Ah mais si ! Mais je me demandais ... pourquoi ? »

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu ne me défends jamais lorsqu'ils se moquent de moi ?

- Je... ce sont mes amis...

- Tu choisis bien tes fréquentations.

- Ils sont sympa quand on les connaît bien...

- Et quand ils ne t'arrachent pas les lobes.

Il se tût, il n'y avait rien à ajouter de toute façon. Il ne pouvait pas acquiescer ni me contredire, il avait tort, j'avais raison. Et il le savait. Nous regardons le film jusqu'à la fin, puis il dû partir, il me lance un grand sourire, prenant ma main pour la relâcher immédiatement, hésitant une première fois.

« Bonne nuit. »

- A toi aussi.

Je le raccompagne à la porte et le suis au rez-de-chaussée je ne sais pourquoi, il passe devant le local qui était ouvert, et jette un œil dedans.

« Je suppose que le tien est celui qui a le pneu de crevé ? »

- Comment tu sais ça ?

- Je l'ai deviné.

- Comment tu sais ça ?

- Okais, c'est Nam Jun.

- Et toi bien sûr, tu n'as rien fait...

- Je...

- Oui.

- C'est tout ?

- Puisque tu ne l'en a pas empêché, tu vas le réparer.

Dis-je sur un ton blagueur, de base. Il acquiesce et accepte, me lançant un : Je viendrais demain soir. En souriant. Il part et je remonte dans mon studio. Je mets un débardeur blanc et un jogging large, je sèche rapidement mes cheveux qui étaient encore humide, et va me coucher.

Deux heures du matin.

Je ne dors pas, j'avais peur de me tourner sur ma blessure. Je pensais, encore et encore. A tout. A Jimin, au lycée, aux personnes, aux insultes, à mes cours, à mon bac en fin d'année, à Noël, à ma vie d'avant, à ma situation actuel, à Suga, à Jin, à Nam Jun, et à Jungkook.

Je ne comprends pas pourquoi est-ce que l'on me fait souffrir comme ça, je n'ai jamais rien fait, jamais rien dit, sauf peut-être un « ta gueule Jungkook» au garçon, celui qui n'a jamais rien changé. Il a juste amplifié ces remarques. « Pédale, salope, suceuse, tafiole, petite pute, enfoiré, fils de putes etc. », ces insultes fréquentes auquel je n'accorde plus d'importance devant lui, mais une fois rendu chez moi, seule, à l'abri, je me morfonds.

Je ne m'en étais pas rendu compte avant, à quel point j'étais faible. Mon père était un flic de Daegu, il démontrait la virilité et la force masculine. Ça lui a fait un coup, quand je lui ai annoncé que j'étais gay mais il n'avait jamais rien dit de spécial à ce sujet. Sauf que je ne pensais pas que cela aurait une répercussion sur moi, je ne pensais pas qu'être différent dans mon orientation sexuelle allait tant me fragiliser. Pour moi, verser des larmes n'étaient réservés qu'aux filles, aux gamines. Mais vous savez ce que c'est ? De se contenir de pleurer toute une journée entière, le cœur se serrant à la moindre parole de quelqu'un se trouvant à vos alentours, sans que personne ne vous défende ? Non, vous ne savez sûrement pas. Se faire humilier devant une centaine de personne, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Tout le temps. Personne ne viendra vous aidez, personne ne se différenciera, car tout le monde est pareil, tout le monde suit quelqu'un. Même les professeurs. Et que ce soit filles ou garçons, on est tous aussi vulnérable sur ce qui touche au harcèlement scolaire.

Cross my heart and hope to die.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant