Chapitre douze

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Ma main gauche tire du mieux qu'elle le peut sur la manche de mon sweat à capuche bleu foncé que j'avais glissé sous mon blazer d'uniforme pendant que je marche dans les longs couloirs du lycée, mort de peur, sous les moqueries de mes camarades, me faisant rappeler l'épisode cruel de vendredi.

Je cherchais des yeux mon ancien cavalier, si je pouvais l'appeler comme ça, serrant des dents et enfonçant mes ongles courts dans ma chair. Les regards me suivaient, je comptais être discret mais c'est peine perdu. Je tourne à droite et le vois, dans les escaliers, adossé à son sac, l'air grisonnant.

Je respire un bon coup, ignorant les quelques vertiges qui me prenaient la vue, et monte les marches une à une, jusqu'à me retrouver à deux pas de lui. Sentant l'ombre sur son visage caché des néons du plafond, il ouvre un œil, puis un deuxième avant de s'asseoir correctement, les bras pendant entre ses jambes vêtus de son pantalon bleu foncé.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Dit-il d'un ton las et fatigué. Nam Jun me dévisageait méchamment à côté de lui.

« Te parler, Jimin. »

- J'suis obligé ?

- Tu fais c'que tu veux.

- Bouges alors.

Puis ses paupières se rebaissèrent. Je tourne les talons, faible, minable même, mais quelqu'un pose sa main sur mon épaule peu de temps après. Je me retourne, hésitant.

« Ok, parles. »

- Pourquoi tu m'as fait ça Jimin ? Putain, il y a quoi de drôle en me faisant ça ! Pour...

- Tu ne sais que te plaindre.

Et sous les yeux de tous les terminales attendant la sonnerie, je hausse la voix.

« Tu te fous de ma gueule ?! Bien sûr que je me plains, parce que j'en ai marre ! T'ES VRAIMENT UN CONNARD ! JE TE DÉT... »

Son poing refermé s'abat violemment contre ma mâchoire, me faisant reculer de deux pas avant que je ne m'effondre au sol, la main sur ma joue, les yeux grands ouverts et effrayés. Il avance vers moi et me lance une dernière phrase :

« M'insultes pas sale pédale. »

Les lycéens le suivirent d'un même pas, crachant des mollards dégueulasse sur mon corps replié au même moment. Immonde. Les larmes coulent et la sonnerie retentit pendant que je reste là, au milieu du hall, l'air dépité, le sang perlant la commissure de ma lèvre inférieur.

Il n'y avait plus personne dans le couloir, je pars aux toilettes d'un pas rapide, et, une fois dans la petite pièce carrelée, j'explose. Un sanglot noua ma gorge, une grimace pris possession de mes lèvres pleines, mon menton tremblait au rythme de mes pleurs, mes cheveux étaient souillés et emmêlés, mon visage était ignoble et déformé par la peur.

Je me tiens au-dessus d'un lavabo blanc, sali d'une trace rouge à lèvres qui n'était pas censé être là, je prends du papier toilette dans une des cabines et j'essaye d'enlever les taches de salives se trouvant sur mon Eatspack, je reprends deux autres carrés pour essuyer mes larmes. J'étais bon à prendre une douche, tout simplement. J'avais le choix, soit au gymnase, soit chez moi. Oh, et puis quitte à sécher un jour de plus, ça ne changerait plus rien, surtout que nous avions reçu notre bulletin de premier trimestre, où j'avais eu treize virgule neuf. Moi qui n'avais que sept l'année dernière, être seul m'avait fait remonter, m'enfin, je n'étais dans le lycée depuis peu de temps donc peu de notes avaient été compté !

Je lève les yeux vers le miroir, et me regarde longuement. J'étais affreux. Les pointes de ma frange étaient trempées de sueur et de mes pleurs, mon visage ne ressemblait plus à rien, mes vêtements étaient en piteux états et mon sourire d'habitude charmant, avait laissé place depuis deux mois à un faible rictus souffrant.

Cross my heart and hope to die.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant