Chapitre 1 : Fin du néant, éclat de l'oubli

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Le néant est un absolu. Le créateur.

Le néant est un absolu. Le faucheur.

C'est par sa présence que commence cette histoire.

Et c'est par sa présence qu'elle se terminera.








Elle ouvrit les yeux, peut-être pour la première fois. Puis, elle explosa. Son cœur se propulsa dans tous les sens, et ses sens suivirent son cœur. Ses mains se transformèrent, sa tête explosa, et un million d'insectes entrèrent sous sa peau. Du moins, ce fut son ressenti.

Elle était assise dans une rangée de sièges. Un bus. Le mot lui vint sans même qu'elle sache ce qu'il voulait dire. Sa locomotion était en mouvement, vibrait et sursautait comme un être vivant. N'était-ce pas bizarre ? Quoique, que voulait dire ce mot ? La jeune fille ne se souvenait plus de sa définition. À vrai dire, elle ne se souvenait plus de grand chose.

Perplexe, elle se pencha vers la fenêtre. Le bus roulait dans une allée très petite, entourée d'une végétation dense. Il faisait jour, mais pas pour longtemps : le soleil se couchait. Où se trouvait-elle ? Et surtout, où est-ce que ce bus l'emmenait ?

Elle leva un peu la tête et croisa le regard de quelqu'un, effrayé et grisâtre. Le sien. Même ça, elle ne s'en rappelait pas. Il lui semblait n'avoir jamais vu la jeune fille qui lui faisait face, avec ses cheveux épais, son t-shirt rayé et son nez rond couleur olive, avec ses lèvres fines, ses mèches devant les yeux, et cet air d'être absolument perdue. Pourtant, c'était son reflet, et ça, elle en était sûre, ce n'était pas normal. Ne devrait-elle pas au moins se souvenir de sa propre apparence ? Et puis, il n'y avait pas que ça - quel était son âge ? Son histoire ? Son nom ?

Un sentiment étrange l'envahit, comme si un poids disparaissait de ses épaules. Iserine Eltanin. Son nom était Iserine Eltanin. Ça, elle en était certaine.

Toute cette situation était étrange, trop étrange pour être bonne. Elle, ou plutôt Iserine, se redressa pour apercevoir le reste du bus. Elle était loin d'y être seule - une dizaine de personnes s'y trouvait aussi. Étaient elles d'autres victimes d'amnésies ?

Iserine fronça les sourcils. Quelque chose clochait. Après tout, si elle ne se souvenait pas de sa propre vie, ne semblait-il pas anormal qu'elle se rappelle d'autant de détails sur ce monde ? Était-ce une amnésie sélective ? Et puis pourquoi se déclenchait-elle maintenant, dans ce bus, au milieu de nulle part ?

Iserine leva les yeux. Il y avait un porte bagage au-dessus d'elle - elle avait dû s'y cogner la tête, s'être évanouie, et puis... elle s'était réveillée ici. Oui, ça devait être ça. N'empêche qu'elle ne sentait aucune bosse, et n'en voyait pas non plus sur son reflet. Dans ce cas, peut être que c'était une maladie ? Un frisson parcourut son dos à cette pensée. Est-ce qu'une tumeur pouvait causer une telle perte de mémoire ?

Le bus prit un virage et Iserine remarqua qu'elle portait une ceinture de sécurité. Puisqu'elle était seule dans cette rangée, elle avait dû l'attacher soi-même, mais quand ?

Iserine souffla sur une de ses mèches. Elle se sentait trop embrassée pour oser demander des réponses aux autres passagers, aussi se dit-elle qu'il fallait mieux attendre et voir où ce bus l'emmenerait. Qui sait, peut être finirait elle dans une ambassade post apocalyptique, pleine de zombie (où bien sûr elle finirait par être la dernière survivante), dans un projet extraterrestre sur les êtres humains... ou dans un asile de fou. Oui, à mieux y réfléchir, elle devait sûrement être schizophrène, même si elle n'était pas certaine de savoir ce que ça voulait dire.

Faute de mieux, Iserine décida de continuer à observer les environs, de façon à ce qu'elle puisse facilement remarquer un possible changement de paysage. Elle finit par se perdre dans ses pensées, s'imaginant arriver dans des contrées fantaisistes ou dans une prison (et, dans ce cas là, elle se demandait surtout comment s'en échapper).

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