Souvenirs Célestes

Chapitre 15 : Gaspard de la Nuit

La porte s'ouvrit à la volée, alors que le petit Sam jouait avec les changelins et Iserine était allongé. La cabane trembla.

-Sam ! cria une voix si fort que les oreilles d'Iserine faillirent exploser, et ce ne fut pas que ses oreilles car la personne qui avait crié la poussa de telle sorte qu'elle eût tout de suite mal au crâne.

Iserine prit quelques secondes à se remettre du choc, et ne parvint à ouvrir le yeux qu'après de longues minutes. Quelqu'un était en train de vérifier que Sam allait bien - quelqu'un que Iserine n'avait jamais vu.

Cette personne avait de long cheveux fins, à la limite du blanc. Elle portait un sweat à capuche bleu, avait comme le petit garçon des yeux noirs et une peau pâle, mais contrairement à lui des traits féminins. Iserine fut presque jalouse de la beauté de la fille qui lui faisait face, du moins, jusqu'à ce qu'elle réalise que c'était un garçon.

Gêné par sa propre pensée, Iserine se poussa dans un coin de la cabane, en espérant disparaître. Son rêve se réalisa par rapport aux deux autres occupants de la cabane, mais lorsque de nouvelles personnes arrivèrent, il se brisa en mille morceaux. Jordan fut le troisième à arrivé, précédé par Gregor-le-démon.

-Tout va bien ? demanda celui ci.

Iserine commença à répondre avant de remarquer que la question ne lui était pas adressée.

-Tout va bien, confirma l'inconnu.

Iserine remarqua qu'il avait un accent. Peut-être que le petit garçon ne lui avait pas parlé parce qu'il n'était pas francophone. Ou alors parce qu'il trouvait sa couleur de cheveux bizarre ? Elle aurait du y penser !

Gregor remit un changellin dans sa cage.

-Je suis content de le savoir. Je peux demander à ce qu'on s'occupe de votre frère pendant que...

-Il reste avec moi.

Le garçon attrapa la main de Sam et lui intima de se lever. Ils sortirent de la cabane sans même remarquer Iserine, Gregor sur les talons. Jordan les regarda partir.

-Je crois que c'était le leveur de sorts ! Je l'aurais pensé plus vieux.

-Ah oui ?

Il faisait un peu peur, mais mieux valait ne pas le dire à haute voix.

-Oui. Il doit être britannique vu son accent. N'empêche qu'il parle très bien français. On a plusieurs fois eu des anglais chez nous et... Tu veux que je t'aide à te relever ?

Iserine haussa les épaules et son ami lui tendit la main. Le coup qu'avait reçu son crâne lui faisait toujours mal, elle risquait de finir avec une sacrée bosse. Ils partirent de l'abri, en prenant soin de le refermer derrière eux, et prirent le chemin du manoir.

-Tu penses qu'on verra Margot ? demanda Jordan. Ça devrait sûrement être le cas, vu que ce gars vient d'arrivé... J'espère qu'elle sera sympa.

Iserine ne répondit pas et se contenta de laisser son esprit divaguer dans le paysage. Les feuilles des forêts frémissaient au vent, les nuages gris cachaient le coucher de soleil... Son regard fut attiré par le lac, comme un aimant. Il y avait quelque chose là-bas qui semblait l'appeler... mais pas maintenant. Cette chose l'appelait, mais elle décrocherait le téléphone plus tard. Était-ce là l'appel du vide ? Iserine avait l'impression que le lac cachait quelque chose d'important, la pièce manquante du puzzle, de quoi bouleverser sa vie. Pourtant... elle sentait qu'elle ne devait pas le découvrir avant un certain temps.

Iserine secoua la tête, perturbée.

-Et nous voilà arrivés ! déclara Jordan en ouvrant la porte d'entrée. Je vais aller voir si quelqu'un a besoin d'aide, fait ce que tu veux en attendant.