Il y avait beaucoup de végétation. De l'eau. Le ciel était gris. Un grand manoir blanc se trouvait au fond du paysage. Où était-elle ?
Son cerveau se focalisa d'un seul coup. Ancy-le-Franc, en Bourgogne-Franche-Comté, il y a deux semaines. Il y a deux semaines ? Depuis quand pouvait-elle faire des sauts temporels ?
Iserine regarda derrière elle. Peut-être que c'était ça, sa malédiction. Le contrôle du temps ! Elle n'avait plus qu'à le maîtriser et en profiter pour tuer Hitler, dire à Van Gogh que ses œuvres étaient très belles et retrouver sa famille. Oh, peut-être pourrait-elle même assister à sa propre naissance ? Cette capacité était vraiment cool, tout compte fait !
Un cri la fit sortir de ses rêveries. Il venait des buissons. Iserine sursauta. Il faisait nuit, alors un agresseur pouvait très bien se cacher dans les parages... Oh non, elle était en pyjama, s'enfuir serait un calvaire ! Mieux valait se cacher et rester aux aguets.
Iserine se plaça derrière un arbre et essaya de déterminer d'où venait le bruit. La forêt était calme, tout d'un coup. Peut-être qu'elle avait rêvé... Mais après tout, cette situation ressemblait beaucoup à un cauchemar ! Bientôt, elle risquait d'atterrir dans un des cercles de l'enfer.
A moins qu'elle soit dans une... épreuve de Middle Down, et qu'en fonction de ses choix, elle atterrisse dans une faction au hasard, un peu comme dans Harry Potter. Elle serait à coup sûr Serdaigle. Ah ! Mais Jordan serait Gryffondor ou Poufsouffle ! Oh non ! Elle ne pouvait pas perdre son seul ami dans des rivalités stupides entre maisons ! Il fallait qu'elle fasse quelque chose avant qu'il ne soit trop tard !
Iserine ferma les yeux quelques secondes, prit une profonde inspiration, et avança à taton vers le fond de la forêt. C'était stupide, mais il fallait qu'elle le fasse. Pour... pour la personne qui venait de crier ! Oui, pour elle, même si cela voulait aussi dire qu'elle risquait sa vie pour quelqu'un sûrement déjà mort - d'autant plus qu'à l'heure actuelle, elle était à "il y a deux semaines". Très bizarre, quand même.
Iserine sursauta lorsqu'elle entendit du liquide être versée, un peu plus loin, à sa gauche. Mince, ses chaussettes en étaient pleines ! Eh, c'était de l'huile, non ? Pourquoi mettre de l'huile sur la forêt ? En plus, il commençait à pleuvoir, alors autant attendre que la terre soit humide... Mais qu'est-ce qu'elle racontait ?
Ses pieds avancèrent d'un pas, mais rencontrèrent une forme avant la terre. Un corps, qui bougeait au rythme de sa respiration. Il était couvert de liquide.
-Tout va...
Une lumière s'alluma, quelques mètres plus loin, accompagnée du son d'un frottement. Une allumette.
Mais il pleuvait ! Pourquoi tenter de créer un feu sous la pluie ? Et avec de l'huile en plus ?
Iserine avait un très mauvais pressentiment. Elle se jeta vers la personne qui tenait la flamme, mais il était déjà trop tard. Le rouge tomba à terre, seule couleur dans un océan de noir, et le monde s'embrasa. Un peu, au début, puis tout devint écarlate, plus brûlant que la braise.
Iserine cria. Elle sentit la douleur un faible instant, puis, plus rien, et elle n'arrivait plus à respirer. Un air sec comme la mort s'introduisait dans ses poumons, prenait toutes les belles choses à l'intérieur, et s'en allait en y laissant des rats morts. Tout était si lourd ! Elle ne voyait plus rien, et dès qu'elle ouvrait les yeux, sa vision passait de rouge à noir. Chaque pas ressemblait à une lame, chaque geste à un cauchemar. Les larmes qui coulaient sur ses joues, à moins que ce ne soit de la sueur, s'évaporaient dans les airs. Alors, réalisant qu'il n'y avait plus d'issues, elle tenta de hurler encore plus fort, pour qu'on puisse au moins l'entendre avant qu'elle parte, mais sa voix se brisa.
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Souvenirs Célestes
Science Fiction/!\ Attention, cette histoire comporte des sujets sensibles /!\ TW : dépression, mort, scènes à caractères violents "Bienvenue à Middle Down, Iserine. Le refuge pour maudits." La limite entre les histoires et la réalité est aussi mince qu'une feuill...