Comment est-ce possible qu'il soit ici ?
Enfin, cette question est bête. C'est tout à fait logique. Il habite ici, bon sang. Mais, quelle était la probabilité ? Qu'il soit dans la même fac que moi ?
Madame Gérard a laissé place sur l'estrade de l'amphithéâtre à notre professeur d'histoire de l'économie, qui entamait notre premier cours de l'année. Impossible de me concentrer dans ces conditions-là. Trop de questions se bousculent dans ma tête.
Comment va-t-il ? Comment aurait-il réagi s'il m'avait vue tout à l'heure ? Est-ce que Madison ou les autres lui ont parlé de Simon, qu'ils ont très brièvement rencontrés ? Est-ce qu'ils se parlent encore beaucoup d'ailleurs ? Mes amis évitent le sujet « Benjamin » devant moi depuis que je suis partie pour Paris, et j'en suis plus que reconnaissante. Une partie de moi ne veut pas qu'il soit au courant de ma relation actuelle. Est-ce qu'il serait triste de l'apprendre s'il ne le sait pas déjà ?
-Tu comprends ce qu'il raconte ? me souffle ma voisine de droite, une blonde aux yeux bleu avec une visage rondouillet.
Je regarde le power point, ou des chiffres et notions historiques se battent dans un ordre approximatif.
-Non, je ne pense pas que ça soit le prof le plus organisé dans ses présentations, à première vue.
Ma voisine hausse les épaules avec une sourire que je lui rends, puis elle se reconcentre sur ce qu'il se passe devant elle.
Il ne faut surtout pas que je le recroise. Il y a beaucoup de monde dans cette fac, et je ne suis pas dans l'optique de ma balader et hasarder sur le campus sans raison. Peut-être que je vais pouvoir l'éviter pendant assez longtemps ? Bordel, je ne sais même pas pourquoi je veux l'éviter. Je pense que je ne sais pas comment j'y réagirait, si nos regards se croiseraient. S'il me parle, ça sera trop dur. S'il m'ignore, ça sera beaucoup trop dur.
-
A la fin du cours, ma voisine blonde me propose de manger avec elle, ce que j'accepte. Je rappelle que mon but n'est pas de rester seule pendant toutes mes années d'études, et en plus, elle a l'air plutôt sympa au premier abord.
-Au fait, moi c'est Alice.
-Et moi Clémence.
-Tu viens d'ici ? Ou tu es venue juste pour étudier ?
-Non, j'habite ici. Et toi ?
-Je viens de la région d'a côté. Ce n'est pas très loin en soit, seulement 3 heures de route. Je devrais pouvoir rentrer les week-end chez mes parents de temps en temps.
On entame notre déjeuner à la cafétéria. J'en apprends plus sur elle, et j'essaye de ne pas trop me livrer moi-même – c'est automatisme défensif que j'ai, et en plus, ce n'est que je le premier jour. Rien ne presse.
Nous discutons surtout de pourquoi nous avons choisi l'économie, et de tout ce qui gravite autour de la fac, des cours que nous allons avoir, et de la première matinée que nous avons passée.
-On devrait peut-être y aller, dit-elle en attrapant son plateau.
En effet, après un coup d'œil à l'horloge, notre prochain cours commence dans six minutes. C'est le même que ce matin, et j'espère bien arriver à tout suivre cette fois ci.
Sur le chemin vers l'amphithéâtre, je ne dirige mon regard que vers Alice qui me raconte comment elle a failli arriver en retard au premier cours car elle s'était déjà perdue sur le campus. Le fait de l'avoir avec moi, même si c'est tout nouveau, me soulage déjà de la pression qui m'oppresse depuis que je l'ai vu.
Une fois installées, nous commençons à prendre des notes en silence, et cela pendant les 3 prochaines heures qui suivent.
-
-Je suis désolée, j'ai pris un rendez-vous juste après les cours, je dois me dépêcher de partir.
Alice se lève et range ses affaires rapidement.
-Demain, on peut se retrouver devant l'amphi juste avant le cours, si tu veux.
-Aucun soucis, je réponds. Bon rendez-vous alors, à demain !
Elle me fait un grand coucou de la main en s'éloignant. Cette fille rayonne. Je ne sais pas si c'est dû à ses incroyables cheveux blonds qui ondulent dans son dos, ou si c'est juste parce qu'elle est particulièrement gentille avec moi. En tout cas, je suis soulagée d'avoir au moins fait une connaissance à qui me raccrocher aujourd'hui.
Lorsque je termine de ranger mon ordinateur dans mon sac, presque tout le monde est déjà sorti de la pièce. Le premier jour, personne ne traine.
A peine dehors, je baisse la tête, et je marche. J'essaye de marcher assez vite, sans que cela ne paraisse étrange ; je ne veux pas passer pour la fille bizarre qui court tête baissée dans les allées de la fac.
Je n'ai d'ailleurs aucune raison précise de me dépêcher, parce que je n'ai rien de spécial à faire chez moi. Je dois finir de ranger et d'aménager quelques bricoles dans mon appartement, et il faut que je reprenne mon cours d'histoire d'aujourd'hui, mais à part ça, pas grand-chose. Il n'est que 17h, donc ce n'est pas comme si...
-Clémence.
Une main se pose sur mon épaule, et une silhouette apparait dans mon champ de vision, en face de moi. Je le reconnais directement à sa voie. Sa voie qui m'a tant manquée, et qui est restée si douce.
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love always shows up
RomanceTOME 2 love never gives up. Clémence va mieux. Sa malade est derriere elle, son monde n'est plus un chaos. Mais l'amour se montre toujours.