Chapitre 11

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Aie. La voix vient de derrière moi, et je me retourne donc hâtivement, le cœur palpitant. Le revoir devant moi, complètement sobre, après tout ce que je lui ai sorti samedi, me donne envie de me cacher quelque part.

-Non, on dirait, dis-je à Benjamin en essayant de paraitre assurée.

On est un peu à l'écart de toute la foule qui grouille devant la salle. Tout le monde semble absorbé par l'activité en cours.

-Et si c'était urgent ? me demande-t-il, avec un air taquin.

J'essaye de paraitre aussi froide que je le peux.

-Tu m'aurais appelé plus d'une fois. Ou tu aurais appelé quelqu'un d'autre.

-Je ne veux pas que tu penses que je t'harcelle.

-Qu'est-ce que tu fais ici, Benjamin ? C'est une soirée pour les premières et deuxièmes années, pas les troisièmes.

-Si tu ne me réponds pas, il faut bien que je trouve un moyen de te dire ce que j'ai à te dire.

Ses cheveux sont bouclés à la perfection, et les traits de son visage le rendent encore plus beau dans la pénombre, dehors.

-J'ai pris une décision, tu as raison, on ne peut pas continuer comme ça, si c'est ton choix. Tu as été plutôt claire.

Mon cœur se retourne dans ma poitrine. Je n'aurais peut-être pas dû être aussi claire. Le revoir me fait un bien fou, même si ça ne devrait pas être le cas. Mais maintenant, c'est lui qui va vouloir arrêter de me parler une bonne fois pour toute. J'ai éteint toutes ses motivations ; il a dû se dire qu'il ne pouvait pas me courir après si mon choix était si ferme...

-Tu ne veux pas de moi de la même façon qu'avant, d'accord. Mais je veux – j'aimerais, que l'on soit amis.

Il me dit ça d'un ton très calme, comme si c'était une évidence. Je relâche la tension qui s'était installée dans mes épaules d'un coup. Ouf, il ne me rejette pas complètement, il change juste de stratégie. Je ne pense pas qu'il veule réellement être ami avec moi, et ça se voit bien, mais s'il peut prétendre, alors peut-être que c'est la solution qu'il me fallait.

-Ok.

Je hoche la tête, incertaine de ce que l'on va se dire ensuite. Cette situation est trop étrange.

-Ok ?

Il ne semblait pas s'attendre à un oui si rapide. Il me tend la main.
Je la serre, en essayant d'ignorer les papillons dans mon ventre lorsque nos mains se touchent.

-Amis, il répète. Alors, en tant qu'amis, j'aimerais t'emmener dans le meilleur endroit du campus, qui est inconnu de la plupart des gens ici. Ça te dit ?

C'est une mauvaise idée, encore une fois.

-Il faut que je trouve mon parrain, dis-je sans grande conviction.

Il prend ma photo, et l'inspecte quelques secondes.

-Rémy Dupont, 2ème année, avec plus de rattrapages que de nombre de cours auquel il a dû assister. Il ne te sera pas de grande utilité, et il est probablement en ce moment même à l'intérieur, au bar avec ses deux seuls amis, sans chercher à ce que tu le trouves. Il n'est pas très aimé, il ajoute en me redonnant la photo.

Super, je suis ravie. Il va falloir que je soudoie Alice pour qu'elle me passe les cours de sa marraine, sinon, je ne vais pas m'en sortir.

Benjamin me fait signe de le suivre. Je n'ai plus d'excuse, alors je m'exécute. On marche le long d'un sentier perpendiculaire à la route principale du campus, quand il prend ma main dans la sienne.
Je la retire hâtivement, avec un petit sursaut. Il se tourne vers moi, et je pense qu'il va me dire quelque chose, mais il se ravise et continu de marcher.
Il a peut-être oublié un instant que les amis ne se prennent pas vraiment par la main.

On arrive au bout du sentier, et ce n'est maintenant qu'une étendue d'herbe et d'arbres devant nous, entourée par les bâtiments.

-Tu m'emmènes ou, la ? je demande.

-Sois patiente ! On est presque arrivés.

On se rapproche d'un bâtiment qui n'a pas l'air de servir très souvent – on est dans une partie du campus assez excentrée. On n'entend même plus la musique d'ici, d'ailleurs. Il contourne le bâtiment et s'en approche par l'arrière. Sans rien dire, il commence à monter à la seule échelle installée contre le mur.

-On ne va pas monter sur le toit, quand même, je rale.

-Je t'ai dit que ça n'était pas connu. La vue se mérite. Allez, vient !

Je monte à sa suite, peu rassurée. Lorsque je suis presque en haut, il me tend sa main, que je ne refuse pas cette fois. Il m'aide à atteindre le toit, qui est plat. Lorsque je suis sur mes des pieds, il lâche ma main. Ça me fait un petit pincement au cœur, que j'ignore encore une fois.

Lorsque je me concentre sur ce que je vois, la vue me coupe le souffle. On voit toute la ville, avec ses lumières en pleine nuit, avec ses buildings, ses fleuves, ses parcs. C'est surprenant, on dirait qu'elle est si grande, vu d'ici.

On ne dit rien pendant un long moment, tous les deux absorbés par la vue. J'ai envie que ce moment s'éternise à tout jamais.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 11 ⏰

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