nuit sans étoile - mekra

٨

عناية

je ris nerveusement et je réexplique la consigne d'une nouvelle manière. ça fait bien une vingtaine de minutes que le petit max me monopolise pour essayer de comprendre le jeu auquel il veut jouer. je garde patience car je vois qu'il est persévérant et qu'il se donne de la peine pour réussir. il y est presque! je lui donne un exemple et soudain, je vois une lueur passer sur son visage et il commence à sourire. il a enfin compris! il fait un exemple pour me prouver qu'il a compris, tout fier de lui.

— allez top là ! je lui tends ma main et il frappe dedans. super max, je suis fière de toi!

je pense que c'est pour ça que j'ai décidé d'être professeure des écoles. pour toutes ces mini-victoires quotidiennes. je me sens privilégiée de vivre ce genre de moments avec les enfants, c'est une chance de voir leur petit cerveau se développer ainsi. chaque petite tâche les stimule, c'est impressionnant.

je regarde l'heure et je sonne la petite cloche. chaque élève s'arrête et me regarde, la bouche fermée. je suis fière de voir que c'est déjà un geste qu'ils ont acquis.

— les amis, c'est déjà l'heure du déjeuner. il faut ranger votre jeu et on se rejoint autour du tapis pour se dire bon appétit.

une fois que j'ai fini de donner mes consignes, mes mini-humains s'activent pour ranger les jeux. certains ont sorti un jeu de société donc c'est relativement rapide à ranger, tandis que d'autres ont joué au rayon cuisine avec toute la nourriture en plastique...

on se retrouve tous assis autour du tapis et on chante la petite chanson pour se souhaiter un bon appétit. ils l'adorent et je suis impressionnée de voir que beaucoup la connaissent déjà par cœur !

à la sonnerie, max vient me faire un câlin et ce petit geste réchauffe mon cœur. je suis vraiment trop chanceuse d'être en compagnie de ces anges à longueurs de journées.

j'envoie tous mes élèves et je rejoins mes collègues à la salle des profs pour manger, avec mon plat à réchauffer. je fais l'effort de manger avec tout le monde chaque jour, mais aussitôt qu'on a fini on part avec gia et on discute dans une de nos deux classes.

aujourd'hui, il n'y a pas énormément de monde. certains sont en sortie ou bien simplement rentrés chez eux car c'est vendredi et on a besoin de prendre la pause de midi entière, sans avancer dans notre travail.

— alors, comment ça se passe cette première semaine inaya? me demande une de mes collègues.
— honnêtement, c'est un rêve! je suis trop contente. je suis épuisée parce que c'est le début et ça me prend énormément d'énergie, mais ils sont au top!
— contente de l'apprendre.

on discute de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, de nos élèves et nos premières impressions, de ce qu'on va faire cet après-midi, etc. c'est sympa, mais dès qu'on a fini de manger on quitte la salle de pause avec gia pour aller se raconter des potins dans sa classe. on se connaît depuis peu de temps mais on est déjà inséparables. elle inspire la confiance, t'as envie de lui raconter tes pires secrets car tu sens qu'elle ne les répèterait jamais.

— j'ai ramené des gâteaux, on va se régaler! y en avait pas assez pour tous donc j'ai gardé pour toi et moi.

on rigole et on se pose sur le canapé qu'elle a en classe et on déguste ses gâteaux qui sont délicieux.

— t'as un amoureux en fait? elle me demande. ou une amoureuse peut-être?
— non, je souris. je suis séparée de peu avec mon ex-fiancé. je l'ai quitté avant de revenir en france. enfin... j'ai un peu quitté le mexique à cause de notre rupture, entre autres.
— oh my god, sérieux? pourquoi t'as fait ça?

je l'aime beaucoup, elle a zéro filtre cette fille.

— je me suis rendue compte que j'étais pas prête à m'engager, alors que ça faisait des années qu'on était ensemble. j'ai fui le mariage tout simplement.
— ah ouais, t'as peur de l'engagement toi.
— ouais, un peu. bah c'est ma spécialité de fuir. si je suis partie de la france à la sortie du lycée, c'était pas vraiment un hasard... ma première relation amoureuse venait de s'achever, je savais pas comment gérer, j'ai paniqué et je suis partie pendant dix ans.
— eh bah... elle dit en mangeant un gâteau. t'en as des choses à raconter toi!

je ricane et je la questionne en retour.

— et toi?
— moi, je suis toujours attirée par les hommes qui me veulent pas. mais ma psy dit que ça vient aussi d'une peur d'engagement, que je me tourne vers ce genre d'hommes parce que je sais qu'ils veulent pas de moi donc ça me détourne de ma "vraie" peur. mais enfin bref, j'ai pas de chance en amour quoi. ça m'est arrivé plein de fois que le mec que je veux finisse par aimer ma pote.
— aïe, ça fait mal ça. mais j'comprends pas que certains hommes ne veulent pas de toi! t'es carrément trop belle et t'es géniale!

elle hausse les épaules et on rigole sur nos vies amoureuses désastreuses pendant le reste de la pause.

l'après-midi se fait tout en douceur, on fait des dessins et des décorations pour la classe. je les prends par petits groupes pendant que les autres jouent donc c'est assez chill. je sentais qu'ils étaient fatigués donc je n'allais pas tenter de les faire travailler, ça serait autant de la torture pour eux que pour moi.

à la fin de l'école, je raccompagne les élèves dans la cour et on attend ensemble que leurs parents viennent les chercher. je suis triste de ne pas les voir pendant deux jours, je me suis tellement attachée à eux que j'aimerais passer du temps avec eux tout le temps.

— tu sais, c'est mon papa qui vient me chercher aujourd'hui! me dit maelia toute excitée.
— ah trop chouette! tu te réjouis?
— oui, on va faire plein de choses ce week-end!

je lui souris et elle m'explique ce qu'elle va faire ce week-end. ses parents lui ont préparé plein d'activités super chouettes, j'ai presque envie d'y participer. mon week-end ne s'annonce pas aussi excitant!

— il est là! y a mon papa! elle hurle et pointe du doigt le coin de la cour.
— ok, vas-y! bon week-end louloute!

je suis son doigt et alors que je m'attendais à voir le blond de l'autre jour, j'aperçois un homme avec les cheveux et la peau plus foncés que celui que j'ai vu à la rentrée. il était déjà en train de me fixer au loin, mon cœur loupe un battement et une boule se forme dans mon estomac. j'ai les jambes qui tremblent et je ne me sens pas stable du tout.

maelia me fait un câlin et court vers cet homme qui la prend dans ses bras, sans me quitter du regard. je ne m'approche pas d'eux et il ne s'approche pas de moi, mais je reconnaîtrais cet homme parmi un million d'autres. car c'est lui que j'ai fui pendant tant d'années.

c'est hakim, mon hakim.

— ♡ —

heyyyyy !
voilà, on met enfin un peu de piquant dans cette histoire! vous l'aurez compris, notre star internationale est le père de notre chère maelia :)))))
grave hâte de vous faire découvrir la suite, j'espère que ça vous plaira !
bisoussss