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عناية

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عناية

je suis complètement ailleurs aujourd'hui, j'ai de la peine à faire mon job alors que mes pensées sont vers hakim et notre conversation, depuis quelques jours déjà. des tas de flashbacks de notre passé me reviennent et c'est insupportable. je pensais qu'avoir une discussion avec lui m'aiderait à enterrer notre histoire pour mieux avancer mais c'est la pire idée que j'aie eue. le pire a été la révélation de ma grossesse et fausse couche, son regard brisé repasse en boucle dans ma tête. c'est terrible mais j'ai envie de faire demi-tour et revenir sur ma décision de collaborer avec lui. je ne sais pas si c'est la meilleure solution actuellement.

ce week-end j'ai fait une soirée avec toutes mes copines pour essayer de me remonter le moral mais j'ai tellement bu que j'ai fini en pleurs, à me morfondre en ressassant le passé.

— maîtresse, je peux ranger le puzzle? me demande un élève pour la troisième fois.
— oui, désolé.

mon atsem me dévisage, elle est sympa et compréhensive mais il m'est arrivé trop de fois dans l'année de faire des crises en classe. je me suis trop laissée dépasser par mes émotions, ce n'est pas professionnel. je dois me reprendre !

mon regard se pose sur maelia, ma petite maelia. elle m'a ignorée toute la journée, je lui laisse de l'espace car je pense que hakim lui a parlé de nous. je peux comprendre qu'elle se sente trahie et perdue, elle découvre d'un coup qu'on est de vieux « amis » et qu'on va travailler ensemble.

je ne sais d'ailleurs pas comment je vais gérer le grec, en plus de mon travail à 100% ici à l'école.

contre toute attente, la petite brune vient vers moi et me demande de l'aider pour un jeu. les jeux de réflexion sont mes préférés mais j'avoue que j'en transpire parfois parce qu'ils ne sont pas simples, même pour moi. je dois parfois également me creuser les méninges.

ça me fait énormément de mal de voir le fruit de l'amour de hakim et izaïa, sachant que le nôtre aurait dix ans. c'est difficile parce que je vois que c'est un bon père et que leur enfant est tellement précieux, je n'ai rien pour me rassurer.

— tu sais, mon papa m'a dit que vous étiez amis, elle me dit toujours en jouant. tu connais ibrahim toi aussi?
— oui, je le connais bien. c'est mon meilleur ami.
— à mon papa aussi. moi aussi je le connais. mais il va partir loin tu sais.
— oui, mais on pourra aller le voir.
— c'est vrai? ses yeux se remplissent d'espoir.
— oui, mais il faut prendre l'avion.
— trop chouette. on peut y aller ensemble?
— oui, bien sûr.

elle sourit, visiblement satisfaite de la conversation.

en fin de journée, je sors accompagner les élèves pour rejoindre leurs parents et je repère izaïa dans la cour. maelia la salue puis elle part jouer avec des camarades dans la cour. je m'avance donc vers elle, elle me sourit et je fais de même.

— je m'attendais à vous voir.
— oui. je voulais m'excuser de ne rien avoir dit, mais vous comprenez que c'était délicat pour moi.
— oui, aucun souci. c'était à hakim de m'en parler, après tout c'est avec lui que je partage un enfant.
— c'est vrai.
— mais je comprends que c'est bizarre. même si c'est un amour de jeunesse qui ne veut plus rien dire à notre âge, ça fait quand même bizarre de se voir.

c'est lui qui a dit ça?

— oui, surtout que la première fois que je l'ai revu après notre rupture c'était quand il est venu chercher maelia. c'est pour ça que c'était encore plus délicat. mais j'aurais dû profiter de notre discussion sur votre divorce pour vous en parler. je ne trouvais pas les mots.
— ne vous inquiétez pas, j'avais compris dès le début qu'il y avait quelque chose. c'est surtout hakim qui était bizarre. je pensais simplement que c'était quelque chose de récent, un flirt ou je-ne-sais-quoi.

je ricane.

— m'enfin, pas de rancune pour ma part. le plus important pour moi c'est le bien-être de ma fille et je vois qu'il n'y a aucun problème de ce côté.
— oui, c'est sûr.

on se salue et je suis soulagée.

nuit sans étoile - mekraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant