4h40.

 Entièrement nu, la panse pleine et l'adrénaline courant encore dans mes veines, je regagnais mon antre. Cette piaule, aménagée dans l'ancien garage de mon connard de père, était le seul héritage qu'il nous avait laisser à Issac et moi. Un toit en ruine. Une enfance merdique. Ce damne de pierre...

Mais cette nuit-là, à ma grande surprise, je n'étais pas seul. Je m'arrêtai sur le pas de la grande pièce miteuse. La créature non identifiée squattait toujours le matelas perché en haut du monte voiture qui me servait de lit. Les premiers rayons du soleil ne perceraient pas avant une heure. Il était encore temps de s'amuser un peu. Mais qu'avais-je ramener ? Je n'avais aucun souvenir de la veille. Comme souvent. Sa tignasse bleue dépassait des draps et une jambe effilée débordait du lit. Elle dormait. Encore. Je m'approchai, grimpai le long du pont et me mis à l'observer. Sans discrétion aucune j'essayais d'identifier son espèce. Ce n'était pas une gargouille. Son fumet n'était pas assez sauvage. Ni une humaine d'ailleurs, car son cœur battait encore et à mes côtés, elle n'aurait jamais fini la nuit en vie. Là, au contraire, il pulsait vite. Ses traits étaient fins, sa peau translucide. Ma présence insistante finie par la réveiller et un sourire pris forme sur ses lèvres. Ses iris jaunes en amande, quasi luminéssants, m'en apprirent plus sur sa nature. C'était une noctambule comme moi, mais de sang-froid, pareille aux reptiles. Je pariais pour un genre de gorgone mais peut m'importait vraiment. Mon torse maculé des restes de ma victime ne l'effraya pas. Au contraire. Elle leva un bras vers moi et fit courir son index bleuté sur mon cœur. De longs ongles indigo terminaient ses doigts. Portant à ses lèvres le sang qu'elle y avait récolté, elle me fit comprendre par sa moue que mon diner n'était pas à son gout. Mais peu lui importait également. Elle m'attira simplement à elle. Passant la main dans sa tignasse emmêlée, je laissais mon esprit vagabonder, s'enivrer d'avance pour cette fin de soirée. Elle ne possédait rien de Sil. Je ne retrouvais ni la chaleur, ni les courbes, ni la force de ma femelle. Elle semblait fragile, frêle, faible... Son leurre avait fonctionné à merveilles...

Quel crétin !

J'avais à peine senti la griffure le long de mon bras droit et pourtant, déjà son venin courrait dans mes veines. Je ne luttais pas. Au contraire. Pareil à de la morphine, une douce chaleur m'envahie. Il me monta au cœur rapidement, le ralentissant dangereusement. Cette fille était littéralement planante. Sa longue langue fourchue parcourait ma nuque paralysée. Sur le dos, j'étais à sa Mercie. Elle s'enivrait de ma peau brulante, allant et venant au-dessus de moi. J'avais accepté le deal, priant qu'elle me laisse simplement la vie sauve après ce qu'elle s'apprêtait à satisfaire. Je fus une nouvelle fois surpris de ses capacités. Elle lacéra de nouveau mon bras, le gauche cette fois. Le venin chemina alors en sens inverse. Je sentis sa morsure sous ma peau. Avec son retrait, l'excitation me rattrapa. La douleur aussi. La douleur physique, mais aussi celle encore plus bestiale du manque. Elle m'offrait le pouvoir. C'était à mon tour de jouer. 

L'espace d'une fraction de seconde j'eu peur de la briser. Car ce n'était pas Sil. Cette créature bien que maligne, n'avait pas la puissance de ma femelle. Puis je me suis rappelé que c'est elle qui avait décidé de rester. Alors avant qu'elle ne change d'avis et se remette à me découper, je retournai à la seule activité que je pouvais encore satisfaire, la seule qui me faisait sortir Sil de la tête, et expulsai toute ma rage en elle. 

Code -Azarine-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant