Le lendemain, telle une chimère, la créature s'était évaporée, me laissant pour simple souvenir de longues cicatrices boursouflées.

Envolée comme une promesse.

Un regard vers la couche mon frère m'indiquait qu'il pointait toujours absent.

Envolée comme les autres...

A croire que je les faisais tous fuir.

La nuit ne venait que de commencer, pourtant, j'avais déjà la dalle et je crevais d'ennui. J'enfilai l'un de mes deux pantalons restants, un sweet à capuche et mes uniques baskets avant de quitter le garage vide qui nous servait de planque. Tout était paisible, confiant et dormait encore profondément. La tiédeur de l'été approchant décuplait mes envies. Le mélange corrosif du doute et de la haine lui, me rongeait les entrailles. Au fur et à mesure que je progressais dans la ville, je tâchai de ravaler la bile qui me grimpait dans la gorge. Les mâchoires scellées, les tempes battantes, je bouillonnais de l'intérieur. La tête enfoncée dans le col de mon sweet, je m'engageai fébrilement dans la ville, laissant mes pas me mener où bon ils le désireraient. C'était ma méthode, le seul moyen que j'avais trouvé afin de faire abstractions du reste. Arrivé au centre-ville, je me frayai un chemin dans la foule humaine, plongeant parmi les ombres noctambules. Je les cherchais encore, toujours. Je les détestais pour cette trahison. Pareille à une métastase, la noirceur restait là, tapie profondément au creux de mon âme. Pourtant, rien d'eux ne me quittait.

J'étais le maitre d'un royaume vide.

Mais putain t'es passée où ?

Même absente, elle m'attirait comme un aimant dans la froideur de ses méandres.

J'avais la tête pleine d'elle, le cœur malade et le ventre vide.

Tout ça par ta faute !

Alors par pitié Sil, dis-moi comment guérir ? Comment guérir de toi quand il y a ton fantôme qui me poursuit ? Quand même ton odeur s'est incrustée partout chez moi, sur moi, en moi...

Son parfum !

Je le reconnaitrai entre mille. Ce parfum de panthère sauvage, de reine de la nuit et déesse des sous bois mêlé aux effluves de rose immortelle. Assassine... 

Elle était passée là. Juste ici, dans cette ruelle aux pavés centenaires. Sa peau avait frôlé les montants de cette porte cochère sans âge sur lequel elle avait rependu le sang humain.

La garce ! Elle avait bouffé sans moi !

 Au milieu des badauds, je faillis la perdre une nouvelle fois. 

Puis je retrouvai sa trace, d'abord aussi faible qu'un battement d'ailes de papillon, puis avec la même force qu'un uppercut reçu en pleine mâchoire. Qu'une gifle balancée en plein visage. Je ne connaissait ce chemin que trop bien.

Après des mois d'absence, Sil était de retour chez elle... 

Elle était de retour à Lanistère et m'avait de toute évidence, exclu de ses plans. 

La chienne !

Code -Azarine-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant