L'adrénaline me pressait le pas et je refrénai un sourire débile. J'arpentai Lanistère à pied afin de rejoindre ma précieuse. Je savais que, d'abord, elle m'enverrait chier. Puis, comme toujours, j'obtiendrais délicieusement ce que je voulais. Je connaissais ses faiblesses, ses peurs, ses désirs, mais aussi sa force. Derrière ses courbes malignes et son caractère de fille à papa, elle camouflait une redoutable veuve noire. Indomptable, détestable mais tant addictive... Sil, ma femelle, ma belle.

Quatre par quatre, j'avalai les marches de son immeuble miteux où l'ascenseur ne fonctionnerait jamais plus. Neuvième et dernier étage. Ici, ça ne sentait plus la pisse ni le vomi mais une odeur familière que de rares être étaient capables de percevoir. Un mélange de sang et de grès pilé, rehaussé par un soupçon d'effluves animales. C'était le doux fumet d'un nid de gargouilles perdu au milieu de la misère humaine.

Je frappais maintenant du poing contre sa porte, retenant avec rage ma respiration. J'essayais douloureusement d'échapper à un arôme bien trop agréable. Un supplice olfactif qui me narguait à chacune de mes visites ; celle d'une progéniture goutteuse vivant en toute inconscience sur le même pallier. Comme toujours, Sil mit d'interminables minutes pour venir m'ouvrir, jouissant à coup sûr de la torture directe qu'elle m'infligeait.

La garce.

— Au cas où tu ne serais pas au courant, je ne suis pas sourde, me cracha-elle au visage.

Elle retourna sur son canapé et à ses gribouillages, sans même un regard...

— Bonsoir, Sil.

— Qu'est-ce-que tu veux ?

Ni même un salut...

— Toi, lui répondis-je en m'assaillant à ses pieds.

Le sol de cet appart était de loin plus propre et confortable que ce tas de mousse verdâtre qui lui servait de canapé. Et puis, pour elle, je m'agenouillerai autant qu'il le faudrait, juste pour lui plaire.

—Qu'est-ce-que tu veux ? répéta-t-elle en plantant enfin ses yeux noirs dans les miens.

— Toi, répétai-je alors.

Sur son crayon de papier, ses doigts étaient si serrés que les jointures de ses poings blanchissaient.

Je savais que je méritais sa colère.

Qu'elle rêvait de me rouer de coups.

—Prouve-le.

Son visage était dénué de toute émotion. Je n'arrivai pas à déchiffrer ce qu'elle pensait vraiment mais elle semblait bien vouloir m'offrir une chance de me rattraper.

Alors je la saisi et commençai à ouvrir la bouche pour m'excuser comme un chiot alors même qu'elle était celle qui avait tout foutu en l'air entre nous et dans nos vie.

—Sil..

—Parler est inutile, car les mots ne font que nous mener à des malentendus. J'en ai assez de toutes ces conneries, me coupa-t-elle sans ménagement.

—Mais ce qui vient de se passer, tout ça, c'est ce que nous sommes Sil.

—Tu as échoué à notre dernier pari Gabe, reconnais-le au moins.

À ce moment-là, je la déteste. Je déteste qu'elle ait raison et que j'aie tort et je déteste qu'elle me force à céder à ses caprices de princesse.

Ni l'un ni l'autre n'arrêtera ni n'admettra que la situation est au-delà de tout contrôle.

—J'ai faim Sil, tu me manques et j'ai envie de toi comme jamais !

Code -Azarine-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant