9 - Vol de retour

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Le vol jusqu'à Paris fut confortable, agréable même

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Le vol jusqu'à Paris fut confortable, agréable même. Les pilotes vinrent, tour à tour, s'entretenir avec Jimin et, quand l'avion se fut posé à Roissy, il fut le dernier à en sortir parce qu'il continuait, avec eux, la conversation. Après avoir parcouru à grands pas le couloir d'accès mobile, comme il passait la porte 9, il fut éblouie par des flashs qui crépitaient pour lui. Sur les photos publiées le lendemain matin dans les journaux, ce serait l'ahurissement qu'on pourrait lire sur son visage.

Certains passagers avaient appelé leurs familles au téléphone, depuis Charm el-Cheikh, et sans doute ces familles avaient-elles alerté la presse. Il était là et les questions fusaient :

_ Commandant Park, vous avez évité une catastrophe aérienne, vous considérez-vous comme un héros ?

_ Non, sûrement pas !

_ Pourquoi le commandant de bord n'a-t-il pas assuré lui-même le détournement de l'avion et le vol de retour vers l'aéroport d'origine ?

_ Je n'ai pas de commentaire.

_ Avez-vous eu peur ?

_ Oui.

_ Il s'agissait d'une panne de moteur ?

_ Un alternateur était défaillant.

_ Est-ce qu'un contrôle de l'état mécanique de l'appareil avait été effectué ?

_ Je réserve mes observations pour la direction de l'Aviation civile.

_ La compagnie qui vous emploie est-elle fiable?

_ Je n'en parlerai pas.

_ Une photo, s'il vous plaît !

_ La vie de famille est-elle possible pour un pilote ?

Si Jimin s'était prêté - de mauvaise grâce - aux premières questions, il éluda les dernières et repoussa fermement les assauts de quelques journalistes, qui le bousculaient sans ménagement pour obtenir ce qu'il ne voulait pas livrer : son opinion sur les origines de ce qui aurait pu devenir une catastrophe, et des confidences sur sa vie privée.

Chaïev avait assisté à la scène. Il était dégrisé et c'est lui qui aborda les journalistes pour leur proposer sa version de l'« affaire ». Friands de sensationnel, c'est lui qu'ils entourèrent après que Jimin les eut évincés.

Les passagers qui avaient été accueillis triomphalement par leurs familles, et qui avaient répondu, pour quelques-uns, aux questions de la presse, restaient groupés, retardant le moment de la séparation, comme si ces heures d'angoisse partagée les avaient liés à jamais. Après les embrassades, ils faisaient le récit de leur aventure.

Tous ces événements avaient distrait Jimin de son chagrin, du sentiment d'abandon qui l'habitait depuis qu'il avait constaté la désertion de Jungkook. Séduit et abandonné : tel était son sort et si, depuis l'heureux épilogue de ce cauchemar aérien, on lui prêtait l'étoffe d'un héros, le héros était bien fatigué. Ses dernières illusions s'étaient envolées ! Était-ce de l'envie, ce pincement au cœur qu'il éprouva quand, un peu à l'écart, dans la salle où l'on attendait les bagages, il avisa Leïla, serrée dans les bras d'un grand jeune homme dont il devina qu'il était Théo, le fiancé tant espéré. Il s'approcha.

Escale amoureuse - JIKOOKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant