Pilote hors pair, Jimin sait que sa place est dans un cockpit. Et cette immobilisation forcée, après la faillite de sa compagnie, commence à lui coûter.
Pas facile, pour un homme homosexuel, de retrouver un siège dans un monde d'hommes hétéronormés...
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À Assed Kebir, les vacanciers que Blue Sky Airlines avait acheminés quinze jours plus tôt faisaient leurs bagages. Ils ne savaient évidemment pas que le Boeing qui aurait dû les ramener était immobilisé au sol, à Charm el-Cheikh. Minji et Pierre s'étaient étonnés de ne pas revoir à l'hôtel, l'amateur de pêche sous-marine, mais Minji y avait vu la preuve de l'idylle qu'elle lui avait prêtée avec le jeune pilote.
_ Ce garçon l'a suivi, et on le comprend : comment laisser échapper un jeune homme aussi mignon et craquant ? Tu ne crois pas ?
_ Espérons que Leïla connaît le même bonheur, fit Pierre, songeur.
_ Espérons !
_ Les voyages n'entretiennent pas que la jeunesse, ils entretiennent aussi l'amour, pas vrai, ma Minji ?
Le vieux couple échangea un sourire énamouré : pour eux ces quinze jours à l'étranger, entre soleil et mer, avaient été un enchantement et ils se promettaient de recommencer l'expérience.
_ Le jeune Parisien aussi a trouvé chaussure à son pied, remarqua Pierre.
_ Kim Seokjin ? On peut dire qu'il y a mis du sien, mais si tu veux que je te dise, cette fille a mauvais genre !
Le jeune homme avait en effet passé ces deux semaines en compagnie de la créature blonde qui avait accepté volontiers ses hommages. Elle possédait tout ce qu'on peut espérer chez une femme, là où l'on peut l'attendre, et les regards masculins qui s'allumaient à son passage en témoignaient. Ce qui flattait l'égo du jeune homme. Toutefois, quelques détails embarrassaient un peu son soupirant : elle n'avait pas lu l'Introduction à la métaphysique de Heidegger et ne buvait que du Coca-Cola. Autre déconvenue : si elle acceptait volontiers des marques de tendresse, même très appuyées, elle se refusait, sous prétexte « qu'elle ne couchait jamais en sol étranger ». Conduite étrange, que le garçon respectait, espérant « conclure » dès leur retour à Paris. Mais si le pressentiment de Jimin était juste, et s'il avait effectivement fait le voyage pour se débarrasser de sa virginité, il fallait reconnaître que l'objectif n'était pas atteint.
En revanche, Sarah Lambert et Guillaume Laigle filaient le parfait amour. La rencontre de hasard s'était transformée en quelque chose de bien plus profond. Tous les deux s'étaient trouvés toutes sortes de points communs, et leur plaisir à être ensemble était devenu une page d'amour qu'ils continueraient d'écrire. Eglantine, qui avait observé avec beaucoup d'intérêt ces jeux de l'amour et du hasard, s'en réjouissait. Par jeu, elle appelait Guillaume « mon oncle », elle voulait même savoir s'ils se marieraient et s'ils auraient des enfants :
_ Églantine, tu es trop curieuse, ne te mêle donc pas des affaires des grands ! grondait la tante, qui se réjouissait de la mine superbe de sa nièce.
Ce séjour l'avait comblée mais lui avait donné aussi les forces et la combativité nécessaires pour supporter la greffe de moelle qui l'attendait à Paris, et qui la sauverait.
