1. Enfin chez soi.

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01h45, Greensboro, États-Unis :

Cette nuit-là, le silence régnait dans toute la ville. La seule chose qu'on entendait, c'était le bruit du vent qui battait avec violence, perturbant la tranquillité ambiante.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je contemplais les paysages nocturnes depuis la maison de ma tante. Tout était calme, le quartier était désert. Il n'y avait aucun passant et très peu de voitures.

Je profitais de ce moment de tranquillité et de solitude pour réfléchir à tout et à rien, ou comme préférait dire ma tante, "me torturer l'esprit" en réfléchissant à tout et à rien.

Je devais avouer qu'elle n'avait pas entièrement tort. Mes pensées m'empêchaient de trouver le sommeil. À cause d'elles et aussi à cause de la dose de café beaucoup trop élevée que je buvais au cours de la journée, je restais chaque soir éveillée pendant de longues heures à me tourmenter l'esprit avec mes problèmes et mes regrets de la veille. Ça m'arrivait de m'énerver contre mon oreiller ou d'essayer toutes sortes de positions, espérant que ça allait m'aider à faire taire mes questions.

Je souhaitais tellement fermer les yeux et rêver, arrêter de penser, sortir de mon corps qui me tenait éveillée. Mais malheureusement, à chaque fois, le même scénario se reproduisait. Je me retrouvais sur mon lit à fixer le plafond et à ressasser le passé que je n'arrivais pas à effacer et à oublier.

—Encore debout à ce que je vois, dit une voix me faisant sursauter.

Une voix qui était seulement celle de ma tante qui m'observait depuis l'encadrement de la porte en souriant.

—Je n'ai pas sommeil, soufflai-je doucement, essayant de cacher mon état d'agitation.

Elle s'approcha, s'asseyant à côté de moi. Ses doigts trouvèrent instinctivement mes longs cheveux, les caressant avec tendresse, un geste qui me fit frissonner et éveilla en moi une irrésistible envie de dormir.

Son doux parfum vanille qui émanait de son corps rendait ce moment encore plus agréable. J'aimais tellement être dans ses bras, je me sentais en sécurité, protégée. C'était le seul endroit où je parvenais encore à me sentir aimée sans réserve.

—Es-tu vraiment sûre de vouloir partir ? me demanda-t-elle en continuant ses caresses apaisantes.

Je levai les yeux vers elle, un sourire mi-amusé, mi-triste se dessinant sur mes lèvres.

—Tu essaies vraiment de me retenir, Tata ? C'est petit et mesquin, plaisantai-je en savourant ses caresses. Mais tu sais bien que je ne peux pas rester.

Je n'étais venue à Greensboro que pour passer quelques jours avec elle, pour lui montrer que je ne l'avais ni oubliée ni abandonnée. Cependant, ma place n'était pas ici. Je haïssais cette ville du plus profond de mon être, car elle était imprégnée de trop nombreux souvenirs douloureux, des souvenirs douloureux que je voulais à tout prix effacer de ma mémoire à tout jamais.

À chaque fois, venir à Greensboro était une torture silencieuse. Chaque coin de rue, chaque bâtiment me rappelait des moments que j'aurais préféré oublier.

Malgré ses rues silencieuses à l'apparence tranquille et ses maisons à l'architecture ancienne, elle était devenu un labyrinthe, un piège de souvenirs douloureux d'un passé que je tentais désespérément de fuir.

—Ce n'est pas contre toi, Tata... Je te promets que ça n'a rien à voir avec toi. C'est cet endroit... Ma voix se brisa légèrement alors que je contemplais la ville endormie. Je déteste cette ville.

Elle me prit dans ses bras et me serra fortement contre elle, sachant que dans quelques heures elle n'allait plus pouvoir le faire avant un long moment. Je savais qu'elle essayait de graver dans sa mémoire ces instants, sachant que bientôt la maison retrouverait son silence, son vide. Elle n'allait plus me voir traîner dans le couloir au beau milieu de la nuit, ni m'entendre chanter et danser sur son sofa l'après-midi...

DAVISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant