5. Terreur.

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— Tu crois... morte ?

— Tu... con... respire.

Encore à moitié plongée dans le brouillard du sommeil, j'entendais des voix lointaines, résonnant dans ma tête comme des échos étouffés. Bien que je ne puisse les distinguer clairement, je savais qu'elles étaient là.

C'était comme des murmures, loin, trop loin, pour que je puisse en saisir le sens, mais suffisamment proches pour m'inquiéter... avec des mots détachés, flous, indistincts, je ne comprenais rien de ce qu'elles disaient.

Étais-je en train de rêver, encore perdue dans les limbes de l'inconscience ?

Ou était-ce la réalité qui me rattrapait ?

Un frisson glacé me parcourut. Mes paupières étaient lourdes, si lourdes, et mes muscles, si engourdis, que je me sentais presque anesthésiée. Une part de moi, celle qui voulait se laisser sombrer dans un sommeil sans fin, me poussait à fermer les yeux, à ignorer ce que je percevais, à fuir la douleur.

Mais un instinct primal me hurlait de ne pas céder à la fatigue qui me paralysait, de ne pas me laisser complètement emporter par l'épuisement. C'était comme si ma survie dépendait de cet infime moment de conscience auquel je m'accrochais.

Les voix devinrent plus nettes, plus insistantes, se rapprochant. Avec elles, la réalisation froide que je n'étais pas seule dans cette pièce.

Ouvrir les yeux était une lutte, chaque fibre de mon être me suppliait de rester immobile, de feindre l'inconscience. Mais la peur me retenait, me murmurant que si je ne bougeais pas, si je me faisais toute petite, je pourrais peut-être passer inaperçue, fondre dans l'obscurité.

Je voulais tant continuer à dormir, à ignorer une réalité trop dure à affronter, mais je savais qu'ils étaient là, juste à quelques mètres de moi. L'idée de me lever et de confronter mes ravisseurs me terrifiait. Alors j'avais l'impression qu'en me faisant oublier, en ne bougeant pas, je pourrais disparaître comme une ombre parmi les ombres.

— Tu penses qu'on devrait la réveiller ? dit une voix féminine inconnue, son ton trahissant une nervosité palpable.

— Laisse-la dormir encore quelques minutes... rétorqua un homme que je ne connaissais pas non plus. Elle a l'air fatiguée...

Une lueur d'espoir, si petite soit-elle, tenta de percer à travers ma peur.

Peut-être qu'ils allaient vraiment me laisser tranquille, me donner un moment de répit...

— Mais il va s'énerver... murmura la femme, son anxiété s'intensifiant.

— Oh, ferme ta gueule ! s'emporta l'homme, sa patience visiblement à bout. On la réveillera plus tard ! Pour l'instant, laissons-la se reposer.

— Mai- tenta-t-elle, avant d'être brutalement interrompue.

— Anna ! tonna-t-il, sa voix résonnant comme un coup de fouet. Laisse-la en paix !

Un silence tendu s'installa, uniquement brisé par le souffle court d'Anna, visiblement contrariée. Elle poussa un soupir agacé, mais finit par se taire. L'homme, de son côté, se mit à fredonner un air, tapant du pied contre le plancher, chaque coup amplifiant mon angoisse.

Mon cœur battait à tout rompre, prisonnière de mon propre corps, incapable de décider si je devais tenter de fuir ou rester figée dans cette posture de fausse quiétude. Je fermai les yeux, inspirant profondément pour calmer la panique qui menaçait de m'envahir.

J'attendais impatiemment qu'ils se décident à bouger et à quitter la pièce pour que je puisse me lever, mais aucun d'eux n'avait la bonté de le faire.

DAVISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant