DAVIS

7. Soirée Confessions.

Comment avais-je pu me retrouver là-bas, en pleine nuit, entourée de tant d'horreur ? Cette question me hantait depuis, et la voix de Cassandra, douce mais inquiète, venait de me la poser.

Je pris une longue gorgée de mon chocolat chaud, dont la chaleur apaisait un peu mes nerfs en lambeaux, avant de commencer à lui raconter cette soirée que je donnerais tout pour oublier.

— Stéphanie, une amie, m'avait convaincue de sortir ce soir-là. Elle m'avait parlé d'une boîte de nuit, un endroit branché en ville qu'elle voulait absolument essayer. Je n'étais pas vraiment partante, mais elle savait comment insister...

Je jetai un coup d'œil à la blonde face à moi, ses yeux scrutateurs semblant capter chaque mot, chaque émotion que je laissais passer, cherchant à lire au-delà de mes paroles, à saisir ce que je n'osais pas dire.

— Dès notre arrivée, quelque chose m'a semblé... étrangement décalé. L'ambiance, les regards, la tension, tout me paraissait différent, presque menaçant. J'aurais dû partir à ce moment-là. Mais on est quand même restées. Et très vite, j'ai compris que c'était une erreur.

Le silence qui suivit fut lourd, presque palpable. Elle attendait, patientant pour que je continue, sans m'interrompre. La tension était telle que je sentais son regard sur moi comme une pression invisible qui me poussait à poursuivre mon récit.

— Ça puait la drogue, et presque tout le monde était tatoué de la tête aux pieds. Mais ce n'était pas ça le pire... Ils étaient tous armés. Tous. Et pour quelqu'un comme moi, habituée à une vie bien plus tranquille, c'était trop.

Mes souvenirs dansaient devant mes yeux comme une séquence filmée au ralenti. Les sons étouffés. La musique assourdissante. Puis, le bruit. Ce bruit. Je fermai les yeux, ressentant à nouveau l'effroi.

Mais je devais lui dire la vérité. Elle devait comprendre ce qui m'avait menée à cet instant de panique pure, ce qui m'avait menée à prendre la pire décision de toute mon existence.

— J'ai supplié Stéphanie de partir, mais elle a refusé. Elle m'a dit des choses horribles, tellement que je n'ai eu d'autre choix que de quitter le bar. La panique a pris le dessus, et je me suis retrouvée à errer seule dans la nuit, sans but, sans savoir où j'allais. Puis, j'ai entendu un bruit...

Je marquai une pause, sentant mon estomac se nouer à l'évocation du moment fatidique où tout avait basculé. La peur était toujours là, tapie dans les recoins de mon esprit...comme une cicatrice à vif.

À cause d'un seul faux pas, ma vie a basculé...

Un seul...

— Si tu préfères t'arrêter là, je comprendrais, dit Cassandra avec douceur.

Mais je secouai la tête. Non, je devais aller jusqu'au bout.

— Mon instinct me disait de fuir, mais... la curiosité. Tu sais, celle qui m'a toujours attirée des ennuis avait pris le dessus. Je me suis rapprochée, encore et encore, de là d'où provenaient les voix, cachée derrière un arbre, et c'est là que je les ai vus...

Elle soupira comme si mon récit la plongeait elle aussi au moment où tout se déroulait.

— Deux hommes. Ils parlaient, mais quelque chose dans leur ton m'a fait comprendre que ce n'était pas une conversation normale. Au lieu de prendre mes jambes à mon cou, je suis restée clouée là-bas... Et puis... J'ai vu l'un d'eux sortir un flingue et tirer, juste entre les yeux d'un homme ligoté. J'ai assisté à une scène de meurtre. J'étais tétanisée.

Je frissonnai. Le souvenir était si vif que j'avais l'impression de revivre cette scène. Je pouvais presque encore entendre le bruit sourd du coup de feu.