2. Après-midi désastreuse.

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11 heures 05, Appartement, Charleston :

Allongé dans mon lit, je venais à peine de me réveiller après une incroyable nuit de sommeil. Je ne me rappelais plus à quelle heure exactement mes paupières avaient finalement cédé, mais une chose était certaine : la nuit avait été longue et je n'avais pas cillé jusqu'à la fin de mon épisode favori.

Le monde extérieur n'existait pas encore pour moi. Seule la sensation agréable de mon téléphone entre mes doigts me ramenait doucement à la réalité. Instinctivement, je déverrouillai l'écran et me mis à parcourir mon fil d'actualité Instagram, comme je le faisais quasiment chaque matin.

C'était une petite habitude quotidienne à laquelle je m'étais attaché et dont je ne pouvais me passer.

Après une éternité passée à scroller, je me résolus enfin à quitter la chaleur réconfortante de mes draps. La salle de bain m'accueillit avec son sol froid qui me fit frissonner, mais la perspective d'une douche chaude chassa rapidement ce désagrément.

La pièce était silencieuse, à l'exception du léger écho de mes pas sur le carrelage. J'allumai la musique et laissai l'eau commencer à couler, créant un nuage de vapeur qui enveloppait déjà la pièce comme un cocon.

Je me déshabillai lentement, savourant la sensation de l'air frais sur ma peau avant de me glisser sous l'eau brûlante. Le contact de l'eau sur mon corps fatigué fut une véritable bénédiction, dissipant la dernière trace de sommeil qui alourdissait encore mes membres. Chaque goutte fut un baume apaisant pour mes muscles fatigués après l'éprouvante semaine qui s'était écoulée.

Sans vraiment m'en rendre compte, ma voix se mit à résonner dans la salle de bain, se mêlant à la mélodie qui emplissait la pièce. Les paroles de "Demons" d'Imagine Dragons jaillirent de mes lèvres avec une intensité presque cathartique.

—WHEN THE DAYS ARE COLD AND THE CARDS ALL FOLD AND THE SAINTS WE SEE ARE ALL MADE OF GOLD WHEN YOUR DREAMS ALL FAIL AND THE ONES WE HAIL ARE THE WORST OF ALL AND THE BLOOD'S RUN STALE

Je chantais comme si ma vie en dépendait ; chaque mot était une déclaration, chaque note une libération. La mousse du shampoing glissait lentement de mes cheveux, se mêlant aux paroles que je continuais à scander, les yeux fermés, totalement absorbé par ce moment de pure extase.

—AND I WANT TO HIDE THE TRUTH I WANT TO SHELTER YOU BUT WITH THE BEAST INSIDE THERE'S NOWHERE WE CAN HIDE

À ce moment-là, le pommeau de douche n'était plus simplement un accessoire de salle de bain, mais un micro.

Les voisins ? Ils devaient bien me haïr pour ce vacarme matinal, ils étaient peut-être même venus taper à ma porte en hurlant un tas d'injures, mais je m'en fichais éperdument ; c'était le dernier de mes soucis. Tout ce qui comptait, c'était cette symbiose parfaite entre la musique, l'eau et moi.

—NO MATTER WHAT WE BREED WE STILL ARE MADE OF GREED THIS IS MY KINGDOM COME THIS IS MY KINGDOM COME

La dernière note résonna avec éclat, et je mis fin à mon concert improvisé, le souffle court mais le cœur léger.

La douche avait eu l'effet escompté : elle m'avait réveillé, revitalisé, préparé pour la journée à venir. Je me séchai rapidement et m'habillai d'une tenue décontractée avant de me diriger vers la cuisine.

Le café, noir et fumant, fut prêt en quelques minutes, et je préparai une tartine de fromage blanc que je croquai à pleines dents.

La sonnerie de la porte résonna dans l'appartement, m'arrachant à mes pensées. Qui pouvait bien être là ? Je n'avais invité personne, du moins à ma connaissance. Intrigué, je me dirigeai vers la porte sans même penser à vérifier le judas.

DAVISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant