3. Au mauvais endroit au mauvais moment.

15 2 3
                                    

22 heures 03, Appartement, Charleston :

Après cette après-midi de shopping aussi tumultueuse que éprouvante, je m'étais réfugiée chez moi, submergée par une vague de tristesse inattendue, en quête d'un peu de paix et de réconfort.

L'appartement me parut plus en désordre que d'habitude, comme si le chaos de mon esprit s'était infiltré dans mon espace. J'essayai de ranger un peu, espérant que le ménage apaiserait mon agitation intérieure.

Pourtant, même après ça et même après avoir préparé un repas que je n'avais pas touché, la tristesse persistait. Je me laissai alors absorber par la télévision, utilisant Netflix comme une échappatoire tandis que les images hypnotiques défilaient jusqu'au soir.

J'hésitais entre : rester ici, engloutie par mon canapé, ou sortir affronter cette soirée. Chaque fibre de mon être souhaitait s'ancrer au confort de mon lit, mais l'idée de passer pour une coincée, celle qui annule à la dernière minute, m'irritait profondément.

Mon téléphone sonna, me tirant de mes pensées. Le nom de celle qui avait ruiné mon après-midi s'afficha à l'écran.

Je laissai la sonnerie résonner quelques secondes, le téléphone vibrant sur le lit, feignant l'indifférence. Mais finalement, je cédai, décrochant avec une froideur que je ne cherchais même pas à dissimuler.

— Allô ? lâchai-je, d'une voix glaciale.

— Allô Alice, tu es prête ? demanda-t-elle, la voix joyeuse à l'autre bout du fil.

Vraiment ? Elle faisait vraiment comme si rien ne s'était passé ? Comme si elle ne m'avait pas blessée quelques heures auparavant, comme si elle n'avait pas piétiné mes émotions quelques heures plus tôt ?

Prête ? Le mensonge se forma sur mes lèvres avant même que je n'y pense.

— Oui, je suis prête, mentis-je, jetant un coup d'œil à mon corps affalé sur le lit, la télécommande reposant sur mon ventre.

— Super, je serai en bas de chez toi à 23 heures, je suis encore en train de me préparer, tu me connais, je veux vraiment mettre la barre haute.

— Ouais, d'accord, dis-je, aussi froide qu'un iceberg.

Elle m'agaçait, sa voix, ses manières, tout en elle m'agaçait. Je pouvais sentir mon irritation monter en flèche, mon impatience atteignait son paroxysme alors que mon désir de mettre fin à cette conversation devenait presque insupportable.

— J'espère que tu as fait un effort ce so—

N'ayant plus la patience, je l'interrompis, raccrochant sans la moindre hésitation quand elle tenta de prolonger la conversation. Qu'elle garde ses remarques pour elle-même et qu'elle fourre ses efforts là où je pensais. De mon côté, je n'avais plus rien à lui dire.

Je me levai, éteignis la télévision et me dirigeai vers le pouf où étaient posés mes achats. Lentement, comme pour échapper à la réalité, je me déshabillai, optant pour un soutien-gorge adhésif, car le top que j'avais choisi ne permettait pas de bretelles. En enfilant le pantalon noir élégant et le top pailleté qui laissait entrevoir mon abdomen et une épaule, je remarquai l'heure.

L'horloge affichait 22 heures 20. Le temps me filait entre les doigts, et l'angoisse de ne pas être prête à temps s'empara de moi.

Il fallait absolument que je me dépêche !

Je me précipitai dans la salle de bain, entamant ma routine de maquillage avec une urgence désespérée. Base de teint, BB crème légère, correcteur pour masquer toute trace de fatigue. Mes mains agissaient par automatisme, chaque geste calculé, précis.

DAVISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant