CHAPITRE 7

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Sorhya marchait dans les couloirs à la recherche de Lou, une des patientes qui était en dépression dû à ses troubles psychotiques, elle devait être dehors en train de fumer. C'est à ce moment qu'elle entendit quelqu'un hurler à l'aide, elle se précipita vers la provenance du cri.

Elle ouvra la vitre de la salle à manger qui permettait d'accéder à l'extérieur. Nimra était au sol et bougeait en tout sens, à côté d'elle, Lou, choquée de la scène.

Alors que toute deux restaient coites, les infirmiers déboulèrent en courant, ils essayèrent de lui attraper les bras et les jambes, mais elle se débattait, au bout d'un petit moment, elle se calma et ils purent l'emmener avec eux. Sorhya était bouche-bée de ce qu'elle venait de voir, mais il y en avait eu des pires après tout se dit-elle.

 - C'était quoi ça ? demanda-t-elle à Lou.

- Pas la moindre idée, on rentre ? J'ai fini ma clope.

 Sorhya ne savait pas si c'était sa réelle personnalité, mais Lou semblait se ficher du sort de Nimra,  et ça, ça agaçait Sorhya. Car elle s'était rappelée d'où elle l'avait déjà vu, elle comptait aller lui en parler plus tard, quand elle sortirai de l'isolement.

En attendant elle essayait de canaliser son indomptable énergie, et de se poser un peu. Sa chambre à elle était jaune, comme ses cheveux, ça la faisait rire. Des affaires en désordre jonchaient le sol normalement, du moins quand elle déprimait, sinon tout était bien propre. Alors qu'elle allait enfin mettre en pause ses pensées et ses mouvements, on vînt toquer à sa porte, c'était Serge son infirmier préféré.

- Coucou Sorhya, la diététicienne veut te voir, après on prend les constantes et on discute un peu ?

- Tout pour toi, fit-elle en riant, mais au fond elle avait peur. Ils allaient la forcer à manger, elle le savait, et puis voir son poids la ferait pleurer à coups sûrs.

Elle suivit néanmoins Serge dans le couloir, jusqu'à la salle de visite où la recevrait le médecin. La salle était confortable, trois petits fauteuils bien rembourrés autour d'une petite table sur laquelle était délicatement posé un vase surmonté d'une jonquille.  Serge la laissa là, certains rendez-vous avez lieu en tête à tête mais la plupart du temps les infirmiers y assistaient, hors elle ne comprenait pas pourquoi il partait, la laissant seule avec son cauchemar. Alors qu'elle attendait, elle entendit enfin des bruits de pas dans le couloir, sûrement le médecin tant attendu. La porte s'ouvrit en grand, la diététicienne dans l'encadrement de la porte.

- Bonjour Sorhya, fit-elle en lui tendant la main

Celle-ci lui serra la main en retour, avant de se préparer à débiter pour ne pas la laisser commencer.

- On m'a rapporté-

- Oui je sais, mais c'est faux, je mange tout mes plateaux, mon appétit est encore plus ouvert étant donné que je bouge sans jamais m'arrêter, elle inspira profondément et continua sa  tirade. Puis avec votre régime spécial que vous m'aviez fait,  y a pas de raison. De plus je mange plus qu'avant je vous jure, ne me prenez pas la tête avec ça, s'il vous plaît.

- Je peux en placer une ?

- S'il vous plaît, je vous jure que je fais des efforts,.

Cette affirmation était totalement fausse, Sorhya avait des troubles alimentaires depuis quelques années maintenant, et elle avait été hospitalisée plusieurs fois car son corps ne tenait plus la route et était sur le point de flancher de manière définitive.

- Non ça ne va pas là, si tu continues il faudra retourner à l'hôpital, et eux ils te forceront à manger, il faut agir avant que cela arrive.

- Je ne serai jamais aussi fine que je le veux.

- Que le veulent les autres, tu veux dire. Tu le sais déjà, tu n'es pas la seule fille anorexique ici, essaie de te battre avec les autres. J'aimerais faire plus mais je te mets juste en garde. Essaie de manger juste un petit peu plus.

- Non ça ruinerait mes efforts, une calorie de trop, je peux pas, elle dit ceci, plus aussi heureuse qu'au début.

- Je vois que les thymorégulateurs font effet, c'est une bonne chose ça.

- Mais on est pas là pour parler de ça, bordel, cria Sorhya. Tu m'agace, je fais ce qu'il me plaît à mon corps, à mon avis vous vous mêlez un peu trop de ma vie.

- Parce qu'ici on est là pour t'aider, regarde je ne vais rien changer pour ton régime alimentaire, mais réfléchis à ce que je t'ai dit, la diététicienne termina le rendez-vous sur cette note plus que embêtante pour Sorhya. 

 Si dans sa jeunesse on ne lui avait pas répété qu'elle était grosse sans arrêt, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Les parents devraient régler leurs propres avant d'envisager d'avoir des enfants. Sorhya n'en pouvait plus, elle était perdue dans le tourbillon de la perte d'appétit depuis déjà un moment, elle voulait s'en sortir  mais n'arrivait pas pour autant à avaler ne serait-ce qu'un plat en entier. Elle allait devoir passer en salle de soin, et elle savait qu'elle avait grossi, elle en pleurera en voyant son poids, elle le savait déjà.


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