CHAPITRE 11

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 Nimra dormait jusqu'à ce qu'une infirmière ouvre sa porte lourdement, elle s'approcha pour la réveiller, voyant que l'adolescente s'obstinait à dormir, elle ouvrit le store de sa fenêtre fermée à clé. Un rayon de lumière agressif transperça les yeux de Nimra. Elle releva ses couvertures et s'assit dans son lit. L'infirmière, satisfaite repartit. Nimra jeta un coup d'œil à son horloge qu'elle avait congédié dans sa salle de bain à cause du boucan infernale que celle-ci faisait. Il était huit heures, l'heure du déjeuner, l'heure à laquelle tous les patients devaient se lever chaque jour.  

En rechignant, elle marcha dans les couloirs jusqu'à la salle à manger, quelques jeunes étaient déjà debout. Un infirmier vint la cueillir au passage.

- Passe en salle de soins, tu as ton traitement à prendre.

Elle le suivit jusqu'à la fameuse salle, où une horde d'adolescents attendaient leurs traitements du matin. Une fois la porte fermée, le soignant lui donna un petit cachet rose pâle.

- C'est quoi ? demanda-t-elle, méfiante.

- C'est de l'abilify c'est pour calmer l'impulsivité et dans ton cas les troubles psychotiques.

Elle le prit et l'avala doucement par peur de s'étouffer. Puis elle repartit au réfectoire et se servit quelques tartines au beurre. Elle angoissait, ayant peur que le cachet soit dans ses poumons. Alors qu'elle se posait à une table, en espérant que Sorhya arrive. Un jeune commençait à s'agiter, il parlait fort à la personne assise en face de lui, ses longues phrases retentissaient dans la tête de Nimra, puis il hurla sur tout le monde, et alors qu'il allait se jeter sur la fille d'en face, les infirmiers intervinrent, ils le prirent par les épaules et l'emmenèrent avec eux hors de la salle, par la manière forte.

Nimra avait peur, les infirmiers ici avaient des réactions inappropriées selon elle, elle avait peur de ce qu'il pourrait lui faire si elle pétait un câble. Elle se tourna vers la fille, tremblante sur sa chaise. Nimra prit son courage à deux mains et alla s'asseoir à la place du garçon qu'ils avaient emmener.

- Ça va ? la sollicita-t-elle.

- Je comprends pas pourquoi il a dit tout ça, y a quelques minutes il était calme.

- C'est Raphaël non? Il est psychotique.

- Oui, c'est les pires vraiment, renifla la petite brune, la larme à l'œil.

Nimra qui avait ressenti de l'empathie pour elle à l'instant prit la remarque personnellement et alors qu'elle allait partir, Sorhya arriva tout heureuse.

- Coucou Mina, coucou Nimra, comment ça va ? Vous vous connaissez ? Ou laisse moi deviner, c'est sur toi que criait Raphaël, on vous a entendu jusque dans les chambres. 

 - Il était tout gentil juste avant.

- Il est imprévisible, se contenta de répondre Sorhya. Tu viens Nimra, on va plus loin.

Sorhya la tira par le bras, ce simple geste réchauffa le cœur de Nimra, bien qu'avant il l'aurait agacé au plus haut point. Ce geste signifiait qu'elle ne dégoûtait pas Sorhya. Elle lui demanda si ça allait une fois assise. Nimra remarqua que Sorhya ne prenait rien à manger, ne voulant pas la mettre mal à l'aise elle ne lui dit rien. Mais avec sa frêle carrure il vaudrait mieux qu'elle mange.

- T'as passé une bonne nuit ? Moi c'était pas super, je rêve sans cesse de mon départ d'ici.

- Ça se passe mal chez toi ? lui demanda Nimra soucieuse.

- C'est à dire que mon père ne comprend pas très bien ma maladie, et ma mère, elle n'est pas souvent là, mais c'est une personne formidable, si tu savais. Et toi ? Avec tes parents ?

Ce sujet était assez difficile pour Nimra, son père était un cas d'alcoolisme chronique, il avait essayé de se soigner plusieurs fois mais en vain. Tandis que sa mère détestait ses deux enfants. Et son frère, n'en parlons pas, il avait mal tourné, très mal, Nimra ne lui pardonnerait jamais tout ce qu'il avait fait.

- C'est compliqué, finit par dire la brune.

- Ma mère c'est la meilleure personne sur Terre, je l'aime plus que tout, elle m'a toujours soutenu et aidé dans chacun de mes projets.

Une infirmière qui les écoutait du bout de l'oreille les approcha. Nimra fut soulagée car elle ne se sentait pas écoutée et l'enthousiasme de Sorhya la déprimait encore plus que d'habitude.

- Tu peux venir avec moi, Sorhya, s'il te plaît, l'espace d'un instant, exigea l'infirmière.

- Bon je vais te laisser du coup, sortit Nimra rapidement.

Avant que Sorhya n'ait le temps de protester, elle partit avec ses tartines de beurre qu'elle n'avait pas encore mangé, profitant de l'absence de la femme de ménage pour quitter le réfectoire les mains pleines. Elle fuit jusqu'à sa chambre, où elle mangea voracement ses tartines. Elle se releva de son bureau pour aller prendre une douche. Le jet d'eau insupportable lui frappa le dos comme chaque jour, elle en avait marre. Elle se brossa les dents sous les jets qui faisaient un vacarme d'enfer. Une fois que les trous de la douche arrêtèrent de cracher de l'eau, elle se sécha avec les minuscules serviettes du service. Elle alla piocher dans son armoire un pantalon militaire large et un pull à manches longues, après tout ils étaient toujours en hiver. Elle se permit un peu de maquillage, du crayon noir sous les yeux et un rouge à lèvres mat. Une fois satisfaite, elle quitta sa chambre pour rejoindre les autres dans le salon, aujourd'hui c'était activité sur la faim.

Nimra s'inquiétait de si Sorhya venait à cette activité, cela risquait de la déstabiliser, elle espérait qu'elle ne vienne pas pour avoir aussi un peu de tranquillité, elle était sympa, mais parlait beaucoup.

- Bonjour, je suis Fabrice, infirmier, j'aimerais vous présenter une activité sur le besoin de s'alimenter correctement.

Ils n'étaient que cinq sur les treize adolescents ici, Nimra ne reconnut que Silvàa et Lou. Fabrice afficha une diapositive à la télévision qui représentait les différents types de faim.

- Il existe sept types de faim, je vais vous les expliquer et vous allez me dire laquelle vous ressentez actuellement. Il y a la vraie faim, celle de l'estomac, c'est les gargouillis que l'on peut entendre des fois. Ensuite nous avons la faim cellulaire c'est la faim lié à un déficit en nutriments, je sais que quelques uns ici connaissent bien celle là, et on est là pour en parler afin de vous aider.

Il parla des autres types de faim qui sont juste dans la case des envies, comme la faim visuelle, ou encore buccale.

- Nimra tu ressens quelle faim en général ?

Stressée qu'on l'interroge sans qu'elle puisse se préparer, elle balbutia un "rien" timide. L'infirmier ne la reprit pas, à son grand soulagement et interrogea Silvàa qui répondit la faim cellulaire. Silvàa paraissait largement en sous poids, toute fine et fragile, ses nattes brunes retombait sur ses os des épaules bien visibles. Nimra se demandait comment elle faisait pour encore tenir debout.

- Moi je ressens une faim émotionnelle, dès que je suis triste je mange des plaquettes entières de chocolat et pleins d'autres trucs et après je fais tout pour perdre ces calories, répondit une des jeunes filles présentes.

- Tu veux t'exprimer là-dessus un peu plus en détails ? lui proposa l'infirmier, mais elle secoua la tête négativement, sûrement gênée d'en avoir trop dit.

- On va donc parler de ce que vous attendez tous. La boulimie, l'hyperphagie boulimique et l'anorexie mentale.












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⏰ Dernière mise à jour : Apr 24 ⏰

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