Le voyage scolaire qui a bouleversé ma vie ♡~Nagito x Reader~♡

♧🍀 SOUVENIR 9 🍀♧

SOUVENIR 9 : dégoût.

J'ai 16 ans. Je viens de passer une demie année à Hope's Peak. Je suis tellement dégoûtée. Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Sans doute à ressentir autre chose que de l'ennui. Une école sensée être remplie d'êtres exceptionnels. Je regarde l'école. Puis je lui tourne le dos. À quoi bon venir en cours ? J'irai parce qu'il le faut. Et ensuite ? Qu'est-ce que je ferais parce qu'il le faut ? Continuer à vivre de mon "art" ? Ce n'est pas de l'art. Ce n'est pas ce que j'appelle de l'art. C'est quelque chose d'égoïste, ce que je fais. C'est juste mon ressenti constant. Tout est pareil, tout est semblable.

Je tourne dos à l'école. J'aimerai ne jamais revenir ici. Mais demain, je serais là. J'aimerai donner ma place à Natsumi. Natsumi, qui a eu tant de problème cette année. Elle a tant souffert de sa situation. Elle a toujours eu son côté enquiquineuse et mignon. Mais elle est devenue aigre. Elle est devenue égoïste, et méchante envers tous ceux qui l'abordaient. Il n'y a que nous qu'elle accepte et qu'elle aime. Elle repousse les autres, se construit une carapace de méchanceté pour ne pas montrer qu'elle se trouve ridicule, stupide, nulle à côté de nous. Alors qu'elle est merveilleuse. Pourtant, j'ai du mal à me rappeler de tout ça. J'ai du mal à être là pour elle. C'est aussi a cause de moi si elle souffre. Parce qu'elle a l'impression que je l'abandonne à mon tour. Parce que je l'oublie aussi. Pourquoi est-ce que j'oublie tout ?

J'ai mal à la tête. En quelques secondes, la plupart de ces réflexions sont déjà évanouies dans ma mémoire.

Je m'apprête à rentrer. Mais je vois Fuyuhiko au loin. Avec Peko. Ils attendent une voiture. Je ne sais pas pourquoi, je m'approche. Je ne les ai pas vu depuis 5 ans. Je m'approche encore. Est-ce qu'ils me reconnaîtraient s'ils me voyaient là ? Je ne sais pas. Mais moi je les reconnaît. Pourtant, jusqu'à ces dernières minutes, essayer de les décrire aurait été compliqué. Aucun des deux n'a l'air très enjoués, ni même heureux. Pourquoi j'avance encore ? Ils ne sont jamais venus me voir. Peut-être que c'est moi qui aurait dû venir ? Eux, ils voient encore papa. Moi, je vois Natsumi. Mais j'oublie que je la vois.

Je me gratte les avants bras. Je sens que mon visage, toujours figé dans une expression neutre se tord. Mes sourcils se froncent, mes yeux larmoient, ma bouche se déforme, mes commissures de mes lèvent s'abaissent.

Quelle est cette émotion ? Cette sensation qu'un trou béant s'ouvre en moi ? Le regret ? Le manque.

Je m'approche encore. Je discerne mieux leur visage. Ils sont sérieux. Eux aussi m'ont vu. Je discerne des cernes sous les yeux de Fuyuhiko. Est-ce que papa le surmène ? Je vois des cheveux blancs dans la natte de Peko. Est-ce que papa lui fait subir trop de pression ? Je vois que je tremble. Est-ce que c'est la peur de me faire rejeter définitivement ? Je tends les bras en avant.

Je suis à quelques centimètre d'eux.

Mes mains entre en contact avec leurs joue. Leur chaleur humaine est si agréable. Moi qui me sens perpétuellement comme une statue de glace. L'espace d'un instant, je ressent une forme de joie venant d'eux. Pourtant elle s'estompe aussitôt, comme s'ils se souvenaient de mon absence.

Le choc est violent. Ma joue me brûle. On me pousse. Ma faible condition physique me fait tomber. Ou bien c'est l'émotion qui m'empêche de me contrôler.

(Fuyuhiko) : *sec* Ne m'approche pas. Ne me touches pas. Ne me regarde pas.

Peko me met en garde avec son sabre. Elle le sort un peu de son fourreau. Je me sens perdue. Je laisse s'échapper un faible pourquoi.

(Fuyuhiko) : Tu le sais déjà. Tu n'avais qu'à être honnête. À ne pas mentir. À ne pas nous abandonner.

Il se retourne. Du sol, il me paraît gigantesque. Tellement lointain. Il s'élève, toujours plus haut, tandis que je chute. Et il tremble de peur à l'idée de me rejoindre tout en bas. Le poids des responsabilités sur ses épaules aussi le fait trembler. Il m'en veut, il pense que tout ça c'est ma faute, que je ne suis pas là pour lui. Il n'a pas tord. Je ne suis pas là. Je ne suis jamais là.

(Fuyuhiko) : Tu me dégoûte.

Il s'éloigne vers la voiture noire qui arrive.

(Peko) : N'essaie plus de t'approcher.

J'ai vraiment tout foirée. J'ai brisé notre famille. J'ai détruit Fuyuhiko et Peko. Ils sont restés seuls avec papa parce que j'ai abandonné. Maintenant, tout est trop tard. Mais y a t-il un véritable coupable ? Oui, c'est moi. Ou n'est-ce pas le sort qui s'acharne ? Non, c'est juste moi la bonne à rien. À quoi bon lutter ? Dès ce soir, j'aurais déjà presque tout oublié. La douleur.

Alors je me relève. Et mon visage reprend son expression habituelle : celle d'une boîte de conserve vide.

Pourtant, ce soir, dans mon lit, tout est encore présent. Douloureux. Tout fait encore mal. La sensation d'être plus seule que jamais. Et d'avoir tout ruiné. D'être la cause du malheur. D'être condamné à finir seule, rongée par la solitude et l'ennui, par l'abattement, et par le désespoir. Ces mots résonnent encore dans mon crâne vide.

"Tu me dégoûte."

Je me lève. Je vais dans la salle de bain. Je vomis dans les toilettes tout le maigre repas que j'avais réussis à engloutir malgré ma gorge serrée.

Je me regarde dans le miroir. De quoi ai-je l'air ? D'une dépravée. Je me lave le visage. Je l'asperge d'eau froide. Aussi froide que mon cœur. Je me regarde à nouveau. Maintenant, je ne ressens plus cette douleur. Comme mon estomac, je suis vidée. Et je retourne à ma routine.

Je suis debout, moi, la (t/P) de 17 ans, et je contemple mon moi plus jeune qui est irrémédiablement tombée dans l'ennui. Je sais que le lendemain, je n'aurais plus besoin d'agenda et de liste. Je sais que le lendemain, ce moi passé se rappellera parfaitement de ce qu'elle aura à faire. Je sais que désormais, tout ne sera que répétition et ennui. Une boucle. Que tout la laissera indifférente. Même les visites de Natsumi ne lui provoqueront plus une seule esquisse de sourire. Natsumi elle même ne provoquera plus rien en cette (t/P). Jusqu'à sa mort.

Puis, je retombe dans un autre portrait.