𝐈𝐃𝐈𝐑,
𝐈𝐙𝐀𝐍.Les feuilles valsaient dans le vent, l'odeur de l'essence abusée rentrait dans mes poumons, comme à son habitude.
Dans cette ville qui pourrissait devant nos yeux, je ne sentais plus une différence avec l'ennuie.
Les conversations désintéressées parvenaient à mes oreilles, et le temps passait à me confier ses plus grands secrets.
Malgré mon départ imminent, je ressentais une certaine appréhension à l'idée de quitter ce foyer.
Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, je passais le seuil de la porte de la librairie avec silence.
- Minha querida ?
Sa douce voix résonnait dans l'endroit vide, me laissant un instant pour enlever la musique de mes oreilles.
- Nalia, comment vas-tu ?
Nalia était la gérante de la seule librairie de la ville, par conséquence, elle me connaissait forcément depuis que j'étais petite.
Pendant mon enfance, en dehors de l'orphelinat, je ne passais pas beaucoup de temps dehors. Je n'avais pas d'amis et j'étais la seule à travailler à l'école.
Dans cette ville, les enfants qui travaillaient et s'intéressaient à la culture étaient rares, alors j'essayais de me préserver au milieu de serpents.
Je n'avais pas non plus le droit d'aller dehors, alors je restais enfermé dans cet enfer.
Un enfer naissant de mes ombres et peurs, fait pour moi.
Je venais ici, quand je ne pouvais plus survivre là-bas, c'était mon seul repère et mon seul refuge.
Mais la moitié des livres qui étaient ici étaient en portugais, alors, Nalia m'a appris cette langue.
Et maintenant je ne pouvais plus m'en passer.
Chaque langue a son charme, mais le portugais est de loin la plus douce et la plus élégante pour moi.
Elle ressemblait aux paysages chauds du Brésil, l'odeur des rues et des épices s'infiltraient dans mes souvenirs. Et jamais je n'oublierai mes moments passés dans ses rues si précieuse, leur culture et leur tradition exotiques non plus.
Les gens là-bas étaient d'une douceur extrême, je me demandais si c'était la misère qui les rendait si beau, si c'était cela qui les rendaient si émouvant et humain aux yeux du monde.
J'y pensais, parfois.
Et en y pensant souvent, je me suis rendu compte que le seul endroit qui pouvait apaiser mon cœur était de rentrer au pays.
Aller au Brésil, dans la plus belle ville, Rio.
En revenant à Détroit, je passais ma main sur la tranche des livres alignés devant moi. La poussière s'enlevait en un tourbillon grisâtre, et j'en prenais quelques uns dans mes bras.
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La Rose Éternelle
RomanceLes pages jaunes de mon livre souffraient devant mes yeux, qui, d'eux, perlait de l'eau sur l'encre séchée. Dans un souffle court, j'essuyais mon visage du dos de ma main, encore ensanglanté, et tirai sur le fin bout de tissu qui recouvrait mon cor...