Suite au décès de Ginevra, Sissi Ricci et Hadriel Andriani vont devoir mettre leur différends de côté et tenter de se supporter, sans s'entre-tuer. Parce que c'est la seule, unique et ultime volonté de Ginevra, et qu'importe qu'Hadriel soit le parfa...
Lorsque nous quittons le bar, le soleil s'est enfin décidé à sortir le bout de son nez. Je tends mon visage vers lui tout en enfilant mes solaires Prada aux verres fumés - celles qui me font un regard de mouche.
— C'est le premier rayon de soleil du mois de mars, m'enthousiasmé-je.
Le business man, déjà absorbé par la consultation de ses e-mails ou de la bourse, marmonne dans sa barbe un « super » sans grand entrain. Je pivote sur mes talons et suggère :
— On dit demain ? Même heure, même endroit ?
Interpelé, le grand brun lève le nez de son iPhone et me prête enfin attention.
— Nous ne nous sommes pas encore quittés que vous êtes déjà pressée de me revoir ?
Théâtralement, je plaque une main contre ma bouche, feignant le choc.
— Vous êtes capable d'humour, Hadriel ? Mais vous êtes un homme plein de surprises !
Les traits harmonieux et anguleux de son visage se durcissent comme à chaque fois que je me laisse tenter de le provoquer. Comme quoi, on peut être beau et intelligent, mais scandaleusement susceptible. Franchement, je suis loin d'être aussi désagréable que lui, pas même en période d'ovulation !
— Bon, on échange nos numéros ? propose-t-il, d'un ton bourru, visiblement pressé d'en finir.
— Vous allez m'envoyer des dick pic ? continué-je sur ma lancée.
Hadriel me gratifie d'un long soupir auquel je réponds par un énorme sourire à fossettes. Le beau brun mal luné m'observe longuement, sourcils froncés au maximum, mâchoire contractée à bloc, et je perds un peu de ma superbe.
— Ce n'est rien qu'une question de pragmatisme, nuance-t-il. Si l'un de nous a un empêchement, il n'aura qu'à prévenir l'autre par SMS, et nul besoin d'inclure une photo de ses parties génitales.
Sur cette dernière précision, nous échangeons donc nos numéros de téléphone. J'ajoute à son nom de contact un smiley qui tire la gueule - assez représentatif du personnage - ainsi qu'un billet de banque, une cravate, une tomate et un émoji doigt d'honneur. Et au moment où il s'y attend le moins, je lève mon portable pour le prendre en photo pour l'icône de contact.
*Clic *
Aussitôt, je baisse l'écran et examine le cliché. Yeux hazel froncés, l'air menaçant, et mâchoire serrée. Hadriel Andriani dans toute sa splendeur. Contrarié, ce dernier tente de m'ôter mon téléphone des mains pour consulter le portrait que je viens de prendre de lui.
— Pas touche ! l'avertis-je en chassant sa main d'une petite tape punitive. À demain !
Sur quoi, je le plante là et m'élance dans une démarche de femme fatale. Mais mon départ digne d'une star de cinéma ne dure pas plus de cinq secondes puisque l'arrêt de bus se trouve sur le trottoir d'en face. Je termine de rejoindre monsieur et madame tout le monde sous l'abribus quand mon téléphone, que je n'ai pas encore rangé dans mon sac, vibre.
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