7 - On récolte ce que l'on sème

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Hadriel

Je peine à prêter attention à ce que raconte Sissi, incapable de me concentrer sur autre chose que sa bouche tentatrice, rouge et gonflée par mes assauts. Je me souviens avoir mordu sa lèvre inférieure dans une vaine tentative de faire baisser la tension sexuelle dans l'air... et qui n'a réussi qu'à l'exacerber. Du moins, de mon côté.

— Ils sont partis, déclare Sissi, m'arrachant à mes pensées déplacées.

Sur cette information, je m'efforce de me ressaisir. Ce n'est pas en ressassant que je vais réussir à débander, bordel !

— Olivia était dégoutée ! jubile-t-elle.

Ce qui n'a rien d'étonnant puisque Sissi est le genre de femme qui file des complexes aux autres. Evidemment, je garde cette réflexion pour moi, et, à la place, je demande :

— Comment puis-je vous remercier ?

— En m'invitant à dîner. Je meurs de faim.

Sans attendre mon approbation, Sissi termine à peine de le suggérer qu'elle se lève de table en emportant son sac. Un peu déstabilisé par l'enchaînement des événements et maintenant ce dîner absolument pas prévu, je me lève comme un automate et l'imite. Je sors rapidement mon portefeuille et en tire quelques billets que je laisse tomber sur la table avant de la rejoindre dehors.

✿✿✿

Le Rugantino, situé à quelques pas de la basilique Saint-Laurent, est bondé lorsque nous pénétrons à l'intérieur. M'innamoro Di Te de Ricchi & Poveri nous accueille, suivi de près par un serveur. Avec des plats fumants en équilibre sur chacun de ses bras, ce dernier nous salue chaleureusement avant de nous indiquer du menton la dernière table disponible près du bar. 

Nous nous dirigeons vers celle-ci tandis que je balaye rapidement la salle du regard. Des couples, des familles et des groupes d'amis dînent tranquillement. Et Sissi et moi ne correspondons à aucune de ces trois catégories.

Le même serveur que tout à l'heure revient, et, sans même prendre la peine de consulter le menu - ce qui m'indique que Sissi a l'habitude de venir ici - cette dernière commande un Risotto alla Milanese et moi les Bucatini alla Matriciana.

— Vous aimez le vin rouge ?

La petite brune acquiesce et je tourne la tête vers le serveur pour commander :

— Une bouteille de Brunello di Montalcino, s'il vous plait.

Sur cette demande, je surprends Sissi ouvrir pour la première fois son menu. À ses yeux écarquillés et flattés, je devine qu'elle vérifie le prix de ce vin sur la carte, et qu'il n'est pas donné.

— Une fois, on avait commandé un Amarone della Valpolicella avec Gigi. C'était après un gros coup.

Un sourire nostalgique s'épanouit sur ses lèvres pleines.

— Un gros coup ? répété-je, inquisiteur.

— On venait de dégoter un Cassina Soriana.

Voyant que je n'y comprends que dalle, elle précise :

— C'est un fauteuil. Le modèle qu'on avait déniché était une vraie merveille. Il nous a rapporté une fortune.

À chaque fois qu'elle mentionne son boulot ou ma grand-mère, ses yeux se mettent à pétiller. C'est à peine descriptible et pourtant je m'étonne de ne le remarquer que maintenant. Je suis interrompu dans mon examen par l'arrivée du sommelier. Celui-ci débouche le Brunello puis remplit le verre de Sissi qui goute puis valide avec un gémissement un brin tendancieux. Suffisamment équivoque pour que je me sente devenir à l'étroit sous la ceinture.

A Crazy Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant