11 - Kelly 25 cm vert criquet

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L'esprit encore embrouillé de la veille, je jette un coup d'oeil à mon Omega Speedmaster. 10h35. Autrement dit, ça fait une demi-heure que je suis planté là, devant la machine à café, les doigts tapotant nerveusement le marbre du comptoir. Hier soir, j'ai embrassé Sissi, et je ne suis pas certain qu'elle s'en souvienne. Ou peut-être que si.

Ou peut-être que non.

Ou peut-être que...

Et puis merde, ça me rend fou de ne pas savoir.

Je passe nerveusement une main dans mes cheveux, vaine tentative de faire taire mes angoisses. Celles-ci reviennent en boucle, comme un disque rayé. Comme un vinyle rejouant sans cesse le refrain de "Wake Me Up Before You Go-Go".

Ce deuxième baiser... il était encore mieux que le premier. Merde, si je me concentre bien, je peux presque ressentir la douceur de ses lèvres contre les miennes. Sa langue chaude et humide. Son odeur, vanille et jasmin. Ses mains qui agrippaient mes cheveux... puis ses paupières qui se sont fermées.

Bloqué dans mes souvenirs de la veille, je fixe la tasse dans ma main, mais je ne la porte à aucun moment à mes lèvres. Ma gorge est trop serrée pour avaler quoi que ce soit. Alors je me contente de regarder mon café refroidir lentement, la vapeur se dissipant, tandis que je m'enlise dans mes pensées... jusqu'à ce qu'un bruit au fond du couloir me fasse relever la tête. Une porte vient de claquer. Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur... et puis l'objet de mon trouble apparait dans mon champ de vision.

L'air tranquille et reposée, Sissi Ricci entre dans la cuisine, fraîchement douchée, les cheveux enveloppés dans une serviette, et portant une nouvelle chemise qu'elle a pris la liberté de chiper dans ma chambre. Muet, le corps tendu comme un foutu arc, je la regarde sauter gaiement sur un tabouret du bar, poser ses coudes, et attendre.

Quoi ? Je l'ignore.

Pour me donner une contenance, je prends une gorgée de mon espresso — désormais froid — et lui lance, l'air de rien :

— Un café ?

Elle secoue la tête, s'étire en baillant, puis déclare :

— Mais je prendrais bien une omelette et des pancakes !

Comme je l'avais déjà fait hier, je marque une pause, attendant qu'elle s'esclaffe et admette plaisanter, mais ça n'arrive pas. Las, je pointe mon front de l'index et lui fait remarquer :

— Navré, mais il est pas écrit « Pietro », là-haut.

Sur cette piqure de rappel, elle éclate d'un rire franc, et pour la première fois depuis qu'elle est entrée dans la pièce, je me détends un peu. Mais ce moment de répit ne dure qu'une seconde, car dès l'instant où nos regards se croisent, mon estomac se contracte violemment, et le souvenir du baiser revient me hanter.

Est-ce qu'elle va reparler d'hier soir ? Est-ce que je devrais le faire ?

Alors que Sissi ouvre la bouche, la panique me submerge. Je la devance, parlant plus vite que je ne le devrais :

— J'ai contacté Renato Rossi. Le notaire, précisé-je en la voyant froncer les sourcils.

Avec une expression indéchiffrable, Sissi laisse échapper un « Ah » silencieux, et je m'empresse de poursuivre :

— Le trousseau de clés a été remis à votre concierge. Vous allez faire appel à un serrurier ?

Bon sang, pourquoi est-ce que je parle autant ? On dirait Pinuccia.

— Ouaip, pas le choix.

— Et votre rat ? demandé-je.

— Rotschild ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 14 ⏰

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