9 - Mauvais timing

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Alors que son visage se secoue d'un côté à l'autre, sa bouche, elle, consent que je la dévore en formulant un « oui » étranglé. Trois lettres. Trois voyelles qui font violemment pulser le sang dans mes veines. Hypnotisé par ses lèvres qui m'obsèdent depuis que j'ai commis l'erreur d'y goûter, je glisse une main derrière sa nuque, l'enserrant avec une possessivité que je ne me connaissais pas jusqu'ici.

— Très bien.

Ma voix s'échappe de ma gorge dans un son rauque, semblable à un grognement animal, tandis que du pulpe du pouce, je caresse sa carotide. Son pouls bat furieusement sous mon doigt et un lent frisson parcourt ma colonne vertébral à mesure que je m'apprête à franchir les derniers millimètres qui séparent sa bouche bandante de la mienne... lorsqu'une voix nous interrompt :

— Sissi, c'est toi ?

Nous nous figeons, nos regards écarquillés l'un dans l'autre en réalisant ce que nous étions sur le point de faire. Je déglutis et Sissi est la première à reprendre contenance. Elle me pousse sur le côté et s'écarte de la portière de ma bagnole, tirant sur l'ourlet de sa robe qui était remonté jusqu'au haut de ses cuisses.

Bordel de merde, on allait s'embrasser et, cette fois, ce n'était pas pour en mettre plein la vue à mon ex.

— Pietro ! lance-t-elle, à bout de souffle.

Je me détourne pour faire face à son couillon de voisin qui, à ma grande surprise, est accompagné d'une femme.

— Désolé de t'avoir interrompue, je n'étais pas sûr que c'était toi.

La fille à son bras racle sa gorge et, plus rouge qu'un piment d'Espelette, ce bon vieux Pietro se décide à la présenter maladroitement :

— Voici... euh... Chiara, une simple amie.

La façon dont il appuie sur les mots « simple » et « amie » ne m'échappe pas. Même chose pour ladite Chiara qui fronce automatiquement le nez. Franchement, je le détesterais bien d'être aussi gauche, mais il me fait trop pitié pour ça.

Alors que Sissi serre la pince à Chiara, Pietro considère gravement le sac de sa jolie voisine renversé au sol.

— Tout va bien ?

Il s'adresse à Sissi, mais c'est moi qu'il évalue d'un air glacial, tout en semblant tirer des conclusions sordides.

— Oh, oui, oui ! T'en fais pas, le rassure immédiatement Sissi. J'ai juste perdu mes clés.

Pietro parait embêté de l'apprendre, mais n'apporte aucune solution pragmatique... et je comprends qu'il ne possède pas de double des clés de l'appartement de Sissi. Elle n'est pas totalement inconsciente, c'est bien.

— Tu n'as qu'à passer la nuit chez moi, propose-t-il, les yeux brillants d'espoir. Je prendrais le canapé.

Mon sourcil droit se dresse. Le con est vraiment prêt à lâcher ses plans avec la jolie nana qu'il a ramené pour héberger sa voisine frivole et excentrique qui ne le laissera jamais la toucher de toute sa vie ET qui se sert de lui pour manger des petits plats faits maison gratos ?

Merde, on dirait bien que oui.

— C'est aimable à toi de le proposer, Pietro, mais ce n'est pas la peine.

Ouf, elle ne va pas lui casser son coup. Remarque, vu la tête que tire Chiara, il s'en est chargé tout seul, comme un grand.

— Où vas-tu aller dormir ? demande-t-il.

De quoi je me mêle ? me retiens-je d'intervenir au même instant où Sissi répond :

— Chez Hadriel.

A Crazy Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant