UN

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Lucie

Fais-le, vas-y !

Fais-le ma pauvre.

Mais fonce ! Vas-y Lucie Lee !

Vite avant de changer d'avis.

Elle revenait souvent me hanter, elle errait dans mon esprit et encombrait mes pensées. Cette horrible voix horripilante. Je n'aurais pas dû l'écouter mais c'était plus fort que moi. Je dirais que ça a commencé il y a un an, peut-être deux, je sais plus trop à vrai dire. Au début c'était juste une pensée quand ça n'allait pas, puis je pleurais toutes mes larmes et ça allait mieux, puis au fil du temps j'avais besoin d'avoir mal autrement pour faire passer cette douleur. Un soir j'ai attrapé le compas puis j'ai tracé un trait, ça m'a fait du bien. Le lendemain j'en ai tracé deux, puis le jour suivant trois, et le jour d'après cinq. En quelques jours mes griffures se comptaient par dizaines. Un soir, j'ai involontairement griffé un peu trop profond et une goutte de sang a glissée sur mon poignet, ça m'a fait du bien. J'étais beaucoup trop heureuse pour quelqu'un qui venait de se faire saigner. Au fil des jours, la douleur n'était plus assez grande, j'ai pris les ciseaux, la douleur n'était pas aussi puissante que je l'aurais voulu. J'ai cherché pendant des jours et des nuits une solution. Et un jour, elle m'est parvenue comme une illumination ; le taille-crayon. J'en ai démonté un, le soir même, j'ai essayé la lame. Oh mon dieu que ça faisait du bien, le sang coulait autant que les larmes sur mes joues. Mes amis ont rapidement vu mes cicatrices, ils se sont inquiétés, et après plusieurs heures de discussions avec eux, j'ai réussi à leur avouer ce que j'avais fait. Malgré quelques remarques sur le fait même de se faire mal, j'ai réussi à leur promettre que je ne recommencerais pas.

Une semaine.

Une putain de semaine et c'est revenu comme un boomerang, j'ai recommencé, j'ai recommencé tellement fort, j'avais honte alors que j'étais seule dans ma chambre.

J'étais en colère, horriblement en colère.

J'étais en colère de pas avoir tenu.

J'étais en colère d'avoir promis l'impossible.

J'étais en colère de pas avoir su demander de l'aide avant de le refaire.

J'étais tellement en colère alors je voulais extérioriser alors le premier truc qui passait allait prendre, le truc en question c'était mon bras. Je me suis mordu. Puis je me mordais dès que j'étais en colère. Au fur et à mesure du temps, je me mordais quand j'étais en colère et/ou frustrée puis les émotions et sentiment qui me donnait une raison de le faire s'additionnait ; la colère, la frustration, la tristesse, le stress, l'angoisse, et puis c'était devenu pour chaque émotion négative.

À ces pensées et ces actions, s'ajoutaient de temps en temps une petite voix qui disait Pourquoi on n'avalerait pas l'entièreté de cette plaquette de médicament ? Puis ces idées revenaient de plus en plus souvent avec de plus en plus de moyens différents.

La fenêtre est ouverte. Saute !

Le couteau est posé sur le plan de travail, fais-le.

La boite de médicament est là, avale-les.

Ces idées me remplissaient de plus en plus l'esprit et un jour s'en futtrop. J'ai aperçu la boite de médicaments posée sur le meuble et je les ai attrapés.C'est vraiment triste de devoir en arriver là à 15 ans mais je ne pouvais plussupporter tout ça, je ne pouvais plus tenir tête à toutes ces idées et cespensées. Alors j'en ai pris un, puis deux, puis cinq, puis toute la plaquette.Je me suis allongé sur le lit et j'ai fermé mes yeux pour ce que j'espéraisêtre la dernière fois, le 14 Janvier.

Notre "new life" à nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant