Chapitre 6

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Parfois, les ombres les plus sombres sont celles qui résident en nous.- Edgar Allan Poe
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Fermant la porte de la salle de bain attenante à la chambre de sa tante avec un fracas sourd, Romane exprimait sa frustration et sa douleur à travers cet acte de violence envers elle-même. Chaque mouvement lui arrachait des gémissements de souffrance alors qu'elle s'efforçait de se déplacer malgré la douleur lancinante qui traversait son corps.

Une fois que la silhouette de l'homme responsable de son état avait disparu de son champ de vision, Romane n'avait pas hésité une seconde de plus. Elle s'était précipitée vers la pièce où elle espérait trouver de quoi prodiguer les premiers soins, sachant que chaque instant comptait.

Affaiblie, elle saisit la ceinture d'un peignoir de coton suspendu à un crochet près du porte-serviettes, fermant les yeux pour rassembler son courage. Tremblante, sa main libre agrippa le bois de la flèche toujours plantée dans sa cuisse, divisée sur la marche à suivre.

Devait-elle la retirer pour arrêter l'hémorragie, ou risquer de la laisser en place pour éviter d'aggraver sa blessure ? Romane se trouvait confrontée à un dilemme inattendu, son esprit cherchant désespérément une solution dans ce chaos physique et émotionnel.

Sa vie jusque-là avait été épargnée par de telles épreuves, et elle se sentait désemparée devant cette situation critique. Bien sûr, comme beaucoup, elle se rappelait les conseils donnés dans les films ou les livres, où l'on recommandait souvent de ne pas retirer l'objet en attendant les secours.

Mais ici, les circonstances étaient bien différentes. Le réseau était coupé, l'isolement était total. Romane devait agir seule pour survivre. Et chaque option lui semblait périlleuse à sa manière.

Romane se souvint alors du troisième point crucial : la douleur. Rien que d'imaginer l'agonie d'arracher la flèche de sa chair la rebutait profondément. Pourtant, rester immobile signifiait une condamnation à terme. Dans son état actuel, elle ne pouvait ni se cacher, ni fuir, ni se défendre si besoin était.

Elle savait alors ce qu'elle devait faire. Même si chaque fibre de son être protestait, elle savait que la survie exigeait des sacrifices. Avec une détermination résolue, elle prit la décision de retirer la flèche, prête à affronter l'agonie pour une chance de vivre.

Cependant, devait-elle retirer la flèche avec prudence, en procédant de manière progressive, ou bien opter pour une action rapide et déterminée, arrachant l'objet aussi promptement qu'il s'était enfoncé dans sa chair ?

Si son attitude initiale avait été empreinte de colère et de confiance, l'isolement de la salle de bain avait dissipé ce sentiment pour laisser place à une anxiété croissante. Son regard, autrefois brûlant de détermination, exprimait désormais l'incertitude et la peur.

Elle se concentra sur sa blessure, observant avec inquiétude le flux continu de sang qui menaçait de l'affaiblir davantage. Sa respiration s'accéléra, s'alourdissant devenant presque saccadée sous le poids de la douleur.

Pourtant, Romane refusa de se laisser submerger par la panique. Elle détourna le regard, réprimant un sanglot, cherchant du réconfort dans ses propres pensées. Elle tenta de s'encourager, de se convaincre que tout irait bien, que ce n'était qu'un mauvais moment à passer.

Elle devait agir, elle seule pouvait le faire. Avec une détermination nouvelle, elle rassembla ses forces, prête à affronter l'agonie imminente. Après tout, personne ne pouvait le faire à sa place.

Isolée au cœur de cette sombre forêt, prisonnière de cette sinistre demeure, enfermée dans cette pièce étouffante, Romane se retrouvait face à un défi terrifiant : échapper à son ravisseur, sauver sa propre vie. Elle devait agir avec détermination, même si l'espoir semblait ténu.

Closer - Le réveil ( 1/5 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant