Prologue

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Explorer les ténèbres intérieures peut révéler des pactes avec des ombres inattendues. - Edgar Allan Poe
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Un soupir retentit dans la salle silencieuse, accompagné d'un craquement de bois.

Au milieu de ce tumulte de papiers et de dossiers éparpillés, envahissant le moindre centimètre carré, une figure solitaire essuya une larme naissante. Assis sur une chaise, face à un écran d'ordinateur projetant sa lumière bleutée sur son visage fatigué, il laissa échapper le crayon qu'il venait de briser. Des heures s'étaient écoulées depuis qu'il s'acharnait au travail. Le temps, dans cet environnement oppressant, se diluait dans une routine aliénante, une sorte d'esclavage moderne.

Pourtant, cela n'altérait en rien son besoin naturel de sommeil. Sauf qu'il savait pertinemment que céder à cette envie pourrait mécontenter la direction, entraînant potentiellement des sanctions. Pour avoir la liberté d'agir à sa guise, il devait prouver sa valeur. Il devait faire progresser les choses, découvrir les faiblesses de ceux qu'ils traquaient ou inventer de nouvelles méthodes pour les éradiquer.

Ce n'était pas faute d'efforts. Il mettait tout en œuvre pour contribuer à la mission principale, seule échappatoire à ses journées monotones. Il passait des nuits blanches dans son bureau, entouré de murs couverts de cartes épinglées, de photographies floues et de croquis détaillés de créatures dépassant toute compréhension. Des étagères métalliques croulaient sous le poids de bocaux contenant des anomalies, de vieux livres poussiéreux et d'appareils complexes émettant des clignotements intermittents.

Une grande horloge battait de manière désynchronisée, négligence manifeste de la part d'Alain Roger, qui n'avait pas pris la peine de la régler.

Cependant, l'aménagement le plus déconcertant de son lieu de travail n'était pas dû à cet objet. Lorsqu'il avait été contraint d'occuper cet espace, ce qui l'avait surpris était la découverte des armoires renfermant des armes spéciales, conçues non pas pour éliminer un individu ordinaire, mais pour des adversaires d'un tout autre ordre. Des éclats de miroir étaient disposés stratégiquement sur les murs, reflétant chaque recoin de la pièce, éliminant ainsi tout angle mort potentiel.

Il comprit plus tard que cette disposition avait pour objectif de garantir qu'aucun n'échappant, même si cela n'était jamais arrivé auparavant, ne puisse se dissimuler dans son laboratoire sans être détecté. Et pour renforcer cette précaution, bien qu'il ne se rende pas sur le terrain, tout comme les autres membres du personnel non-militaire, il portait des lentilles modifiées spécialement conçues pour détecter toutes sortes d'anomalies dans ce monde.

Le sol était revêtu d'un matériau spécial absorbant les bruits de pas du scientifique, minimisant ainsi les vibrations pour ne pas déranger ceux qui travaillaient en dessous. Contrairement à la logique des entreprises classiques où l'ascension en grade s'accompagne souvent d'un déplacement vers les étages supérieurs, ici, dans cet environnement singulier, cette règle ne s'appliquait pas.

À mesure que l'on gagnait en reconnaissance, en importance et en respect au sein de l'organisation, notre lieu de travail se déplaçait davantage sous terre. Les cerveaux qui servaient de support à ceux qui allaient combattre le mal étaient répartis sur plusieurs sections et plusieurs étages.

Ainsi, Alain se trouvait au-dessus de la section C, où les exigences étaient plus élevées que celles auxquelles il était soumis. Il n'y était allé qu'une seule fois, lors de sa première visite au quartier général. C'était pour qu'il comprenne contre qui et pourquoi il devait fabriquer des armes. Ce qu'il avait vu à ce moment-là continuait à hanter toutes ses nuits.

Il se souvenait parfaitement de la scène.

Les cris.

Le sang.

Closer - Le réveil ( 1/5 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant