Chapitre 3

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Dans chaque cœur humain réside une ténèbre, laquelle, une fois que l'ombre s'est abattue, ne connaît plus de limites, ni de bornes, ni de frontières. - Edgar Allan Poe
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Dans le cœur de la forêt où la maison de la tante de Romane se nichait, une harmonie sereine régnait.

Ni trop vaste, ni trop exiguë, la forêt s'étirait avec une majesté discrète, ponctuée par une route forestière menant au village le plus proche. Au centre de ce tableau naturel, à quinze minutes de vélo, se dressait la demeure de la tante de Romane, tandis que la maison des Thomas, parents de Marine, trouvait sa place à la lisière, à l'orée de cet éden préservé.

Sous le clair de lune de février, même au travers des branchages dénudés jonchant le sol, la lumière parvenait à se faufiler, illuminant les lieux d'une lueur argentée. Le silence, aussi épais que l'écorce des arbres, enveloppait la forêt, donnant l'impression qu'elle était dépourvue de toute vie.

Pourtant, un léger grincement, presque timide, rompait par moments cette quiétude. C'était le son régulier des roues du vélo manœuvré par Marine, naviguant habilement le sentier qu'elle connaissait dorénavant par cœur.

Lorsque Marine était arrivée dans cette nouvelle université, anxieuse à l'idée de se retrouver seule, ses craintes avaient trouvé écho dans le dédale de ses pensées. Comment se lier aux autres ? Comment tisser des liens sincères ? Elle se sentait démunie, habituée à la solitude de ses révisions, séparée de son compagnon par les kilomètres et l'absence de véhicule.

La rencontre avec Romane fut alors un baume apaisant pour son âme inquiète. Marine se souviendrait toujours de ce moment précis, assise sur un banc de velours dans le bâtiment des lettres, attendant le début de la réunion d'entrée, scrutant fébrilement les alentours à la recherche d'une connexion humaine.

Et puis, comme par magie, Romane était apparue, une figure salvatrice dans ce chaos d'incertitudes. Avec une gentillesse naturelle, elle avait offert son aide à Marine, égarée dans ce dédale de couloirs et de salles. Une simple question, un sourire chaleureux, et voilà qu'une amitié naissait.

Guidée par Romane, Marine avait découvert un cercle d'étudiantes avec lesquelles elle partageait désormais ses journées. Chaque rencontre était un rayon de soleil dans son quotidien, chaque échange un souffle de vie dans ce nouvel environnement.

Dans les méandres de ses nouvelles expériences, Marine s'était laissé emporter par un tourbillon d'activités insoupçonnées. Des soirées qui s'étiraient jusqu'à l'aube, des festivités partagées avec une nouvelle famille d'âmes vibrantes lors d'Halloween ou des réveillons du Nouvel An. Son compagnon, bien qu'éloigné géographiquement, était un soutien inébranlable, s'enthousiasmant pour chaque nouvelle aventure.

Mais parmi toutes ces découvertes, une lumière brillait d'un éclat particulier dans la vie de Marine : Romane. En seulement quelques semaines, cette rencontre avait métamorphosé son existence, lui offrant une amitié sincère et profonde qu'elle chérirait éternellement, malgré leur courte période de connaissance.

Alors qu'elle s'approchait à présent de son foyer, à quelques encablures seulement, une soudaine perturbation vint rompre le charme de ses souvenirs. Un éclat scintillant fendit l'obscurité, précédant de peu une douleur lancinante qui s'empara de sa cuisse, la projetant au sol dans un tumulte de désarroi.

Sous l'impact, son bras gauche encaissa le choc, amortissant la chute, mais récoltant néanmoins une vive douleur. Heureusement, les épaisseurs de vêtements qu'elle portait offrirent un semblant de protection contre les morsures du froid hivernal.

Closer - Le réveil ( 1/5 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant