Chapitre 7

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La seule chose nécessaire au triomphe du mal, c'est que les gens bien ne fassent rien. - Edmund Burke
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L'homme qui avait gardé son identité secrète se tourna vers celui qui l'avait révélée.

- Alors comme ça, le mari de la propriétaire est mort ? La pauvre, c'est pas cool. Il est mort comment ? Demanda-t-il, tout en humidifiant ses lèvres. Maladie ? Proposa-t-il, son regard perçant s'attardant sur Tony, qui ressentait un malaise croissant, comme s'il faisait face à un prédateur.

Tony déglutit avant de répondre :

- Non... Non, c'était... C'était un accident sur un chantier qu'il supervisait. Un stagiaire avait mal exécuté son travail, et une partie de la structure s'est effondrée sur lui, je crois.

L'homme déséquilibré hocha légèrement la tête, murmurant presque, comme pour manifester une compassion feinte :

- C'est moche, ça a dû être dur pour sa famille.

Tony garda le silence. Il réfléchissait intensément à un plan, élaborant des stratégies pour faire parler cet étrange individu. Devait-il utiliser la ruse, la menace, la force ou une combinaison des trois ? Il devait savoir pourquoi cet homme avait le bracelet de sa fille. Il voulait connaître la véritable raison de sa présence ici, et s'il savait où se trouvait Marine. S'il lui avait fait du mal.

-  Vivre seul au milieu de nulle part comme ça. Dit l'homme en jetant un regard sur la maison, les mains dans les poches de son pantalon, avec une allure confiante. Il faut du courage. Ce n'est pas rien.

- Euh... Je ne suis pas sûr, mais je crois que... Commença Tony, fronçant les sourcils, réfléchissant profondément. Oui... Oui, maintenant que j'y pense, je suis à peu près sûr qu'elle cache un double des clés dans un pot, là-bas. Dit-il en désignant un des pots au pied de la terrasse, avant de regarder de nouveau son interlocuteur, qui était plus petit que lui.

- Bien sûr. Ça facilite les choses.

- Ouais. Répliqua Tony, d'une voix légèrement excitée.

Il déglutit de nouveau, inconscient de son propre geste, tandis que l'autre le scrutait de la tête aux pieds, comme s'il sondait son âme, comme s'il pouvait voir à travers lui. Pourtant, Tony savait que s'ils devaient se battre, il aurait le dessus. Mais il savait aussi qu'il ne devait pas sous-estimer son adversaire. Cette intuition lui disait de ne pas précipiter les choses, de ne pas confondre vitesse et précipitation. Même s'il brûlait d'envie d'en finir pour retrouver sa fille, il devait rester prudent et ne pas commettre d'erreur.

Comme il l'avait envisagé plus tôt, il devait jouer finement, ne pas se croire plus malin que cet homme mystérieux. Chaque mouvement, chaque mot comptait.

Tandis que Tony rumina ses pensées, l'homme se doutait de quelque chose. Il avait saisi que le père était sur ses gardes, guettant chacun de ses mouvements. Tout cela semblait trop facile. Pourquoi le père n'avait-il pas posé plus de questions ? Pourquoi n'avait-il pas réagi lorsqu'il avait menti, prétendant avoir vu un homme à l'intérieur de la maison ? Pourquoi ne vérifiait-il pas s'il avait bien appelé la police ? Il n'y avait ni cris, ni panique. Cela ne ressemblait pas à un homme éploré, ni à quelqu'un de totalement crédible. Peut-être était-il simplement candide, mais cette option paraissait bien peu probable. Non, il était méfiant, tout comme lui.

Il savait très bien qu'en cas de confrontation physique, il n'aurait aucune chance contre un type aussi baraqué. Il devait attendre le moment propice pour frapper, pour planter sa lame et se débarrasser du père encombrant. Mais ce n'était pas ce qu'il préférait faire. Son truc à lui, c'étaient les jeunes femmes dans la fleur de l'âge, celles qui prenaient soin d'elles, qu'il trouvait pures. Pas les vieux types qui passaient leur temps à forniquer. Pourtant, il devait faire une exception. S'il voulait retrouver son "ange blessé", c'était un obstacle qu'il devait surmonter, un mauvais moment à passer. Se débarrasser de cet intrus, puis revenir à sa véritable obsession la chassant avec son arbalète qu'il avait laissé près de la fenêtre de la salle de bain.

Closer - Le réveil ( 1/5 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant