Golden □ Aegon II Targaryen

le balcon

La pénombre était bien installer dans tous le Donjon Rouge tandis que je regagnais ma chambre avec Ser Lyonel sur mes talons. Lya m'attendait dans ma chambre, prête à m'aider à me défaire de ma robe et me préparer pour la nuit, mais je ne voulais plus voir personne, je voulais être seule sans la présence de quelqu'un au-dessus de mon épaule. 

"Tu peux disposer Lya, je vais me débrouiller ce soir." 

La jeune femme quitta la chambre sans plus d'explications, sans doute avait-elle entendu dans ma voix ma fatigue. Je délaça le dos de ma robe et la laissa glisser au sol sans prendre la peine de la ramasser puis je détacha les deux tresses sur ma tête et brossa lentement mes cheveux noirs pour ensuite les laisser libre sur mes épaules. 

Je m'approcha de la fenêtre ouverte de ma chambre et resta un moment à observer le reflet de la lune montante sur la mer et qui venait faire refléter chaque vague puis je ferma la fenêtre et me glissa entre les draps. Le sommeil ne tarda pas à s'emparer de moi et je dû dormir plusieurs heures avant que des voix provenant du couloir me réveille difficilement. 

J'ouvris mes yeux avec l'impression que mes paupières pesaient une tonne et regarda dehors, la lune était encore haut dans le ciel et pas un rayon de soleil ne venait pas encore chasser la nuit. Je ne bougea pas de mon lit au début, pensant que ce n'était qu'une altercation dans le couloir, mais les voix semblaient venir du pas de ma porte et ne cessaient pas. Je finis par me résoudre à aller voir ce qu'il se passait, je me couvris d'une robe de nuit blanche que je noua autour de ma taille avant de me diriger vers la porte pour l'ouvrir.

Je tomba face Ser Lyonel qui retenait fermement Aegon par les deux bras et les deux se bataillaient comme deux boucs. Ser Lyonel semblait quand même avoir le dessus, retenant le prince sans mal, mais n'osant pas le repousser totalement par peur de le blesser tandis qu'Aegon avait l'air d'un chat sauvage. Les deux hommes cessèrent leur querelle en me voyant faire éruption, je les toisa l'un après l'autre.

"Je ne veux même pas savoir le pourquoi du comment, j'ai passée une journée exécrable et tout ce que je demandais c'était une nuit de sommeil dans le calme." Les deux garçons se lachèrent mutuellement et Lyonel fut le premier à se confondre en excuse.
"Pardonnez-moi princesse. Le prince Aegon me sommait de le laisser vous voir, mais j'étais bien conscient de votre désir de repos ce soir et-."
"Morgan, laisses-moi rentrer ." L'interrompit Aegon en faisant un pas vers moi.

Je soupira en le regardant, lui n'avait clairement pas fermer l'oeil de la nuit, il avait le teint cireux, les cheveux emmêlés et était vêtu d'une simple tunique noire et une cape de voyage. D'où venait-il ? Et pourquoi voulait-il absolument me voir au milieu de la nuit ? Ses yeux bleus étaient ternes, mais il me fixait avec une lueur d'espoir. Je finis par faire un pas de côté, acceptant qu'Aegon rentre dans mes appartements et rassura Lyonel d'un signe de la main avant de refermer silencieusement la porte.

Je regarda Aegon se diriger vers le balcon de ma chambre dont la vue plongeait sur la cité et je le rejoignis. 

"Tu empeste le mauvais vin." Aegon baissa la tête.
"Je sais" souffla-t-il. 
"Parle-moi Aegon." Dis-je après quelques secondes de silence, mais le prince ne répondit rien pendant un long moment. Il se redressa à un moment et pris délicatement mon bras dans sa main pour faire tourner mon corps vers le sien. Il évitait toujours mon regard.
"Danse avec moi... S'il te plaît."

Je sentis mon coeur s'effondré. Cet homme avait l'allure de quelqu'un à qui on avait tout pris, quelqu'un qui n'attendait plus rien de la vie, il ne pouvait pas être ici, à me demander de danser avec lui, seulement parce qu'il n'avait pas digérer mon refus durant le banquet. Je le laissa me guider, il passa un bras autour de ma taille et pris ma main dans la sienne pour les poser contre son torse. Je le vis fermer les yeux et se pencher légèrement pour poser son front contre le mien. Au loin, malgré que la nuit soit bien entamée, on entendait de nombreuses musiques et des voix s'élevés de la cité et Aegon nous fis lentement valser au son de cette ville qui ne dormait pas. 

Je le regardais et ma gorge se serra. Malgré ses yeux fermés, je le sentais revenir à la paix, comme un homme revenant d'un combat qui redevient lui-même mais encore prisonnier du corps du guerrier. Nous n'étions pas totalement coller l'un à l'autre, mais je sentais la chaleur de son corps frôler la mienne, je sentais son coeur battre dans sa main qui tenait la mienne et nos petits pas s'enchainaient sans que nous réfléchissions. Sa présence ne m'engloutissait pas, il me complétait, j'existais avec lui, comme les pièces d'un même puzzle qui se retrouvait enfin. J'aurais aimé passer la nuit à le regarder ainsi, mais arriva le moment où notre danse s'arrêta, mais Aegon ne me lâchait pas pour autant, il gardait encore les yeux fermés.

"Je ne suis personne... Je suis pas le fils héritier choisis par mon père. Je ne suis pas le fils préféré de ma mère. Mon grand-père me fait passer pour incapable et je suis la malédiction de ma demi-soeur." 

Il serrait les dents tandis que la carapace sous laquelle il cachait son mal-être se fissurait sous mes yeux. Cet enfant qui n'avait jamais vraiment été à sa place, qui était là mais dont on en voulait pas vraiment au final, à qui on ne savait pas vraiment quoi faire faire, trop important pour en faire un dragonnier, mais pas assez pour qu'on s'occupe de lui à sa juste valeur. Il avait été victime d'une famille qui avait eu des enfants par devoir et non par amour, affublé d'un père qui n'avait jamais vraiment posé les yeux sur lui, d'une mère qui n'avait pas vécu sa naissance comme une bénédiction, d'un grand-père assoiffé de pouvoir et d'une demi-soeur qui le voyait comme une menace alors qu'il n'avait rien demandé.

J'enleva doucement ma main de la mienne sur son coeur et je posa ma main sur sa joue. Une larme vint aussitôt couler entre mes doigts et je me retins de laisser mes propres émotions prendre le dessus.

"Tu peux juste être ... Aegon."
"Il n'y a qu'avec toi, que je peux juste être Aegon... Tu n'étais pas là."
"Je suis toujours là Aegon, il faut juste que tu arrête de t'enfuir."

Il ouvrit lentement ses yeux et se voûta encore plus, faisant disparaitre le peu d'espace qui nous séparait encore, il posa sa tête dans mon cou, passant son autre bras autour de ma taille pour me serrer contre lui. Sans réfléchir, je le serra contre moi à mon tour. C'était comme sauter des explosifs en espérant réussis à contrôler son explosion. Aegon se redressa légèrement, et avant que j'ai le temps de retirer mes bras de son cou, il posa ses lèvres contre les miennes. Il avait les lèvres sèches de quelqu'un qui avait bu toute la nuit, mais cela n'empêcha pas une décharge d'adrénaline de traverser mon corps, ses doigts se resserrèrent autour de ma taille tandis que les miens s'accrochaient à ses cheveux. Je reprise soudainement mes esprits et le lâcha, séparant nos corps, un grand froid sembla m'envahir dès que ses lèvres me quittèrent.

"Excuse-moi..." Souffla-t-il, évitant à nouveau mon regard, comme si notre danse, nos confessions et se baiser n'avait exister que dans mon imagination. Je me rapprocha et pris ses mains dans les miennes.
"Aegon, nous sommes tous les deux fatigués et tu es encore ivre... Allons nous reposer et nous nous reverrons demain, d'accord ?"

Le prince approuva du regard et nous retournâmes lentement vers la porte de ma chambre. Il posa sa main sur la poignée, mais se retourna vers moi avant de sortir.

"Je suis peut-être fatigué et ivre... Mais je sais très bien ce que je fais Morgan."